Des propriétaires nous ouvrent les portes de leur demeure d’exception, offerte sur le marché de la revente.

L’imaginaire du loft s’accompagne souvent d’idées de grandeur, de plafonds hauts et de vastes espaces. Mais on peut aussi s’y sentir dans une bulle, hors du temps, dans un lieu pourtant riche en histoire. C’est le sentiment qui habite les propriétaires de ce loft du quartier Saint-Henri à Montréal.

Il est rare que la visite d’une propriété commence au sous-sol. Mais pour Jonathan Robert et Denis Gratton, c’est en quelque sorte là que se trouve la pièce de résistance. En tout cas, c’est là que la magie de la firme de design et d’architecture CARTA a opéré de la façon la plus frappante. D’une grande pièce brute, sur plancher de béton avec colonnes de briques, l’espace est devenu une chambre à coucher invitante, doublée d’une petite pièce-penderie et d’une salle d’eau. Avec les lumières tamisées et les murs de la fondation en moellons exposés, on a l’impression d’être dans une grotte à l’abri des dangers. « J’ai toujours l’impression quand je descends dans ma chambre qu’il n’y a rien qui peut m’atteindre. On est caché, protégé », souligne Jonathan Robert. Pour celui dont le travail l’amène à rencontrer un grand nombre de personnes chaque jour, trouver refuge dans cet espace est une façon salutaire de se couper du monde. « Quand on va partir, je redoute que ce soit une des choses qui vont me manquer, dit-il. Quand je descends ici, tout va bien. »

Si la chambre au sous-sol a l’effet d’éloigner certains acheteurs potentiels, elle permet néanmoins aux occupants de bénéficier d’un espace fermé, à l’écart du reste du logement où l’esprit loft prédomine.

C’est cet esprit qui manquait au couple lorsqu’il a décidé de vendre la maison qu’il avait rénovée dans le quartier Pointe-Saint-Charles pour s’installer dans cet appartement avec son chien Bertrand, au début de la pandémie. Avant cela, Jonathan et Denis avaient vécu pendant 10 ans dans un loft dont ils avaient apprécié les volumes et l’aspect industriel.

Dans un loft, on n’est pas dans une boîte très carrée. Cette boîte-là est organique, il y a la brique, les poutres, le plafond, il y a une richesse et une histoire qui n’est pas conventionnelle et qui s’est un peu perdue. Ils sont quand même assez rares, ces endroits-là.

Jonathan Robert, copropriétaire

Encore plus rare, un loft avec une cour et une entrée indépendante, un critère devenu important pour ces propriétaires de chien. « C’est un peu comme une maison de ville-loft », résume M. Robert. Avec le canal de Lachine comme cour arrière. « Avec le chien, je suis sur le canal trois, quatre fois par jour, indique Denis Gratton. C’est tellement un bel environnement. »

On ne peut cependant faire abstraction du chemin de fer qui longe l’édifice. Les passages de train sont fréquents, de jour comme de nuit. Mais pas au point de troubler le sommeil des occupants, assurent les propriétaires qui furent eux-mêmes préoccupés par cette proximité du train au moment de leur achat. À l’intérieur, lorsque les fenêtres sont fermées, le bruit est étonnamment sourd. « C’est sûr que l’été, sur la terrasse, le train est là. Souvent, on recevait des amis et quand le train passait, on disait : “prenez deux, trois minutes pour prendre vos messages et on reprend ça après !” », raconte M. Robert. Son conjoint qualifie pour sa part le chemin de fer de plutôt « bon voisin qui nous laisse beaucoup d’espace et une vue dégagée sur le canal ».

Une ancienne tannerie

Établie rue Saint-Ambroise, près du canal de Lachine, la copropriété est située dans l’ancienne tannerie Moseley, la première tannerie industrielle de Saint-Henri. Ouverte en 1859, elle se spécialisait dans la production de cuir verni pour les chaussures et les harnais. Détruite par un incendie puis reconstruite en 1900, la tannerie a fermé en 1909 et plusieurs entreprises ont occupé successivement le bâtiment par la suite. Des munitions pour la Première Guerre mondiale y ont même été fabriquées. Le bâtiment a finalement été converti en lofts résidentiels en 2004. Le Clos Saint-Ambroise compte 29 logements en copropriété divise.

L’histoire du bâtiment est visible partout dans le loft : des murs de briques aux poutres, tuyaux et ventilation apparente, plafonds hauts de 3,7 mètres, en passant par le mur en moellons au sous-sol qui nécessite un minimum d’entretien.

Avant d’emménager, Jonathan Robert et Denis Gratton ont mandaté CARTA pour redessiner entièrement l’intérieur de l’appartement, à l’exception de la cuisine. Dans la vaste aire de vie principale, de petits îlots modulables ont été créés de façon à aménager différentes zones : un vestibule, un salon, une salle à manger, un bureau et une chambre d’invités au besoin qui peut être isolée du reste au moyen d’un rideau acoustique. Entre la salle à manger et le bureau se dresse une bibliothèque sur roues qui fait office de cloison, mais qui peut être déplacée au besoin au fond de la pièce pour s’harmoniser avec l’autre bibliothèque.

À l’aube de la retraite pour l’un d’eux, ils ont pris la décision de quitter la ville pour bénéficier d’une meilleure marge de manœuvre financière. « On retourne dans une maison, indique M. Robert. Je vais utiliser le mot deuil. C’est un certain deuil, parce que j’ai dit combien on aime les lofts et on s’en retourne dans une boîte blanche. Mais c’est une décision sage. »

Consultez la fiche de la propriété

La propriété en bref

Prix demandé : 999 000 $

Évaluation municipale (2023) : 819 200 $

Superficie habitable : 1494 pi⁠2 (138,8 m⁠2)

Frais de copropriété annuels : 7176 $

Impôt foncier (2023) : 5174 $

Taxe scolaire (2023) : 657 $

Description : Loft résidentiel situé dans Le Clos Saint-Ambroise, une copropriété de 29 logements. Il comprend une pièce de rangement, une terrasse privée de 16 m⁠2, un stationnement extérieur clôturé et une borne de recharge électrique.

Courtier : Maxime Tardif, Royal LePage Altitude