Le nouvel édifice public de Péribonka, construit non loin du lac Saint-Jean, conjugue avec élégance le passé et l’avenir de ce village de 500 âmes. Ses pare-soleil torsadés originaux, créés à Montréal, sont des joyaux d’ingénierie et d’architecture textile.
Le nom de Péribonka incarne deux éléments importants de la culture populaire québécoise : ses campagnes servent de décor au roman de Louis Hémon Maria Chapdelaine, et son quai fait office de fil de départ de la Traversée internationale du lac Saint-Jean depuis ses débuts en 1955.
Fière de cet héritage, cette communauté a uni ses efforts ces dernières années pour se doter d’un bâtiment à l’architecture à la fois unique et fidèle à son identité. « Elle voulait une signature visuelle qui ferait le pont entre ses origines et sa vision pour l’avenir », résume Alexandre Simard, architecte principal chez MDO Maîtres d’Œuvre Architectes de Chicoutimi.
Comment une si petite municipalité a-t-elle pu parvenir à se payer un édifice de 17 millions de dollars ? En fondant tous ses besoins en un seul projet : un nouvel hôtel de ville, une caserne de pompiers, une bibliothèque municipale, des salles polyvalentes pour ses organismes communautaires et l’intégration de l’église du village, convertie pour y loger le musée Louis-Hémon.
Ce n’est pas tout. L’ensemble architectural, construit sur le site d’une ancienne école, abandonnée depuis de nombreuses années, inclut aussi une maison classée patrimoniale, considérée comme le symbole des premiers établissements coloniaux de la région.
Lieu de pèlerinage
Le résultat ? Un édifice à la fois sobre et somptueux, en forme d’enceinte de bois, de pierre et de verre, au cœur de laquelle trône la demeure ancestrale. Ce choix est une petite révolution en soi. « Il a fallu se montrer convaincant », admet Carl Hovington, architecte et chargé de projet chez MDO.
La maison, habitée par Hémon à l’époque où il a écrit son œuvre, est considérée depuis longtemps comme un lieu de pèlerinage populaire, malgré son relatif éloignement du village. Le plan initial prévoyait son déménagement tout près du musée, où aurait été reconstitué son environnement campagnard pour respecter son contexte historique, selon les normes du ministère de la Culture.
« Même dans un champ, la maison aurait été décontextualisée, car elle aurait été déplacée près de la route provinciale. Elle aurait subi les dommages de la pollution automobile, en plus des intempéries causées par la proximité du lac Saint-Jean. De plus, le bruit de la circulation n’aurait pas été propice à l’immersion du visiteur », souligne M. Hovington.
« Nous avons donc convaincu le ministère de la Culture de la placer plutôt au cœur du projet, à titre de principale pièce muséale, et de positionner les autres parties du projet tout autour d’elle comme un écrin protecteur. Elle devient ainsi le bijou du musée », explique Alexandre Simard.
Des pare-soleil innovants
Concevoir une bibliothèque inspirante était également un élément incontournable pour cette communauté associée à la littérature. Autrefois coincée dans l’ancien presbytère, la bibliothèque occupe désormais une vaste partie de l’édifice. Son plafond cathédrale crée un équilibre avec l’ancienne église adjacente.
« La bibliothèque est destinée à devenir un lieu de rassemblement comme était l’église autrefois », glisse M. Simard.
Ses grands espaces propices à la lecture sont inondés de lumière naturelle grâce à sa façade sud complètement vitrée. Cet immense fenestrage permet également aux visiteurs de jouir de la magnifique vue sur la rivière Péribonka qui afflue vers le lac Saint-Jean.
« Un plein ensoleillement comporte tout de même des désavantages, concède Alexandre Simard. La chaleur peut devenir inconfortable en été et le soleil détériore les livres. Il nous fallait atténuer ces deux éléments. »
La solution ? Une série de longs pare-soleil verticaux à la forme torsadée. Créées par la firme montréalaise Sollertia, spécialisée dans l’architecture textile, ces longues bandes de polyester et de PVC permettent de jouir d’une vue exceptionnelle sur le paysage tout en bloquant les rayons du soleil.
Ce projet a nécessité beaucoup de recherche et de développement pour créer les formes inusitées, recherchées par les architectes, reconnaît Claude Le Bel, président et fondateur de Sollertia.
« Une bande de tissu, comme un foulard, va plier à son milieu quand on veut la tordre. À Péribonka, il nous fallait créer des formes de vague qui allaient à l’encontre du mouvement naturel de la membrane. Pour y parvenir, nous avons dû créer une structure unique à chaque pare-soleil », explique cet ancien directeur technique et chef monteur au Cirque du Soleil.
L’équipe de Sollertia a dû aussi relever le défi de fixer ses pare-soleil à la façade vitrée où les points d’ancrage sont limités. « Avec les architectes et les ingénieurs, nous avons inventé de nouveaux ancrages capables de supporter la forte charge des vents à cet endroit », indique M. Le Bel.
L’ensemble est aussi résistant, sinon plus, que son équivalent en acier ou en aluminium, assure-t-il. De plus, il offre l’avantage d’être translucide, donc de ne pas bloquer complètement la lumière du soleil tout en réduisant sa chaleur.
L’effet voulu est atteint, se réjouissent les architectes. « Les pare-soleil donnent l’impression de pages ouvertes, ou encore de voiles sur le lac. Dans les deux cas, la symbolique est en accord avec la nature de l’édifice et son environnement », concluent-ils.
Consultez le site de l’Espace Péribonka Consultez notre article sur Sollertia-
- 1700 m2
- Superficie de l’Espace Péribonka