Nous avons tous notre endroit préféré dans la maison. Des gens nous font découvrir leur pièce de prédilection.

Deux refuges magiques flottaient depuis toujours dans l’imagination de Benoît Varin. Ces lieux de rêverie sont aujourd’hui bien réels.

Aujourd’hui à la retraite, cet ancien imprimeur lavallois se souvient avec délice des maisons en carton qu’il se bâtissait pendant son enfance. Il s’y créait de petits coins chaleureux, un peu à l’écart, des greniers aménagés comme dans les beaux films.

Dans le même esprit, les vérandas des chalets que ses parents louaient dans les Laurentides, chaque été, étaient pour lui des oasis de bonheur. « Le chalet loué devait avoir une véranda. C’était essentiel pour mes parents. Moi, j’y passais des journées entières », se remémore-t-il.

Ces souvenirs heureux seraient demeurés de doux fantasmes si ce dernier n’avait pas saisi la chance, un jour, de les transposer dans le monde réel.

Cette occasion providentielle est survenue au moment de la visite d’une maison-témoin d’un nouveau quartier à Sainte-Rose, en 1993. Le haut pignon de style Queen Ann, avec ses pentes de toit à 45 degrés, a aussitôt frappé l’imagination de l’enfant devenu grand.

« Je regardais la maison, debout dans la rue, et je me disais qu’il devait sûrement être possible de faire quelque chose de beau avec ça », se rappelle-t-il, encore excité par cette vision, 30 ans plus tard.

Une fois à l’intérieur, j’ai demandé à voir l’entretoit. Quand j’ai aperçu ce grand espace-là perdu, je me suis dit : « Non, non, non, non. Il faut faire quelque chose avec ça. » C’était impensable pour moi de construire la maison telle quelle.

Benoît Varin

Impensable, mais difficile à concrétiser. Les fermes de toit n’étaient pas conçues pour un grenier habité. Les divisions des pièces à l’étage ne permettaient pas non plus l’aménagement d’un escalier. Avec sa conjointe Louise Fortin, Benoît Varin s’est toutefois montré intraitable dans les négociations : pas de signature de contrat sans les modifications nécessaires.

PHOTO FOURNIE PAR BENOÎT VARIN

Les charpentiers ont dû installer des fermes de toit modifiées en vue de l’aménagement du grenier.

« Finalement, un ami architecte m’a fourni des solutions et les plans nécessaires. Le constructeur a accédé à mes demandes. Aujourd’hui, mes voisins se demandent pourquoi il n’a pas offert cette option à tout le monde », affirme M. Varin.

Le résultat valait, en effet, tous ces efforts. « Le perchoir à Benoît », comme l’appelle sa conjointe Louise, fait écarquiller bien des yeux. « Surtout ceux des enfants du voisinage », affirme l’homme avec bonheur.

  • La pièce étroite appelle à l’évasion.

    PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

    La pièce étroite appelle à l’évasion.

  • Le coin bureau, baigné de lumière naturelle

    PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

    Le coin bureau, baigné de lumière naturelle

  • Vue du bureau sur l’escalier pentu et le coin relaxation

    PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

    Vue du bureau sur l’escalier pentu et le coin relaxation

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Un endroit intrigant

Dès le départ, l’escalier, pentu comme une descente de bateau, annonce un endroit intrigant, quelque peu secret, en retrait du monde extérieur. L’ascension est emplie de promesses.

Tout en haut, la pièce étroite se fait à la fois déconcertante et réconfortante. Avec ses murs inclinés et ses lucarnes qui font entrer la lumière comme des hublots, elle appelle à l’évasion et à la douce solitude. Son exiguïté — « tout est calculé à l’épaisseur du cheveu », convient Benoît Varin — renforce son caractère monastique de tanière cachée.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Les propriétaires Louise Fortin et Benoît Varin

C’est un endroit, loin du stress, où l’on peut se retirer et méditer. Ailleurs dans la maison, il y a toujours une série de tâches à accomplir. En haut, on laisse tout ça derrière nous. C’est le repos, la relaxation, la lecture…

Louise Fortin

Derrière une porte se trouve un petit bureau où Benoît Varin travaille une grande partie de ses journées… comme à l’époque de ses maisons de carton.

PHOTO FOURNIE PAR BENOÎT VARIN

La véranda de Louise Fortin et de Benoît Varin s’inscrit dans la lignée des chalets des Laurentides.

Un chalet en ville

Le couple a aussi eu la prévoyance de faire couler des piliers de béton dès la mise en chantier en prévision de la véranda tant souhaitée. Il lui a fallu patienter cinq ans avant sa construction, mais l’attente ne fut pas vaine. Son identité champêtre, parfaitement réussie, est digne d’un camp de vacances.

Benoît Varin en donne tout le mérite à son ami architecte. « Je lui ai décrit tout ce que j’avais en tête, comme les poutres apparentes et les petits murs surmontés de moustiquaires, et il a poussé chaque idée à son maximum. Les détails qu’il a ajoutés, c’est ce qui fait tout le charme de la véranda », dit-il.

Des éléments architecturaux rendent en effet la pièce unique, comme une jolie fenêtre en demi-lune placée dans le pignon, des lisses blanches qui ceinturent le haut des murs, ou encore un faux palan qui orne la poutre centrale. Les meubles campagnards complètent le décor.

La vue de la véranda donne sur une arrière-cour tout à fait bucolique, d’une profondeur exceptionnelle, ornée de grands arbres matures, comme un magnifique tilleul d’Amérique. « Il ne manque que le lac, tout au fond, pour compléter le tableau », glisse Benoît Varin, toujours habité par ses images d’enfance.

« J’ai toujours dit que je ne voulais pas une maison avec une véranda. Je voulais une véranda avec une maison, poursuit-il. Ma maison n’est peut-être pas grande. Mais avec sa véranda et son grenier, cette maison est pour moi la plus belle du monde. »