Montréalaise d’origine, Maude Carmel ne pensait pas se tourner vers la banlieue pour acheter sa première propriété avec son conjoint. Les logements avec une cour dans la métropole se trouvant hors de sa portée, le couple s’est finalement tourné vers Chambly.

« Jamais de ma vie je n’aurais pensé acheter en banlieue », admet la créatrice de contenu, animatrice et chroniqueuse. Son premier rêve : acquérir un bas de duplex dans Villeray. Mais après avoir fait l’état de ses finances, le couple comprend qu’il devra s’éloigner de la métropole pour avoir accès à un bout de verdure.

Maude et son conjoint, Gabriel, ont d’abord lorgné des propriétés du côté du Vieux-Longueuil pour la proximité avec le métro. « Quand on a été prêts à acheter à l’automne 2020, les maisons qui étaient [il y a un an] à 400 000 $ étaient maintenant à 600 000 $ », dit-elle. Après quelques visites, ils font des offres d’achat sur des maisons finalement plus éloignées que souhaité du métro. Celles-ci sont refusées. « Même en mettant 50 000 $ de plus, on n’y arrivait pas. »

Le conjoint de Maude a grandi à Chambly et l’idée de s’établir dans cette ville s’est peu à peu imposée. La possibilité d’avoir une maison avec une cour, de se déplacer à Montréal en transport en commun et de faire des emplettes à pied ou à vélo a charmé les jeunes parents qui souhaitaient conserver leur mode de vie écolo.

Ils ont finalement acheté leur maison en février 2021. « On a une vision de banlieue très péjorative, mais il y a moyen de vivre la banlieue en étant plus minimaliste et d’avoir le meilleur des deux mondes et non le pire, surtout avec le télétravail », expose Maude Carmel, qui se voit encore à Chambly pour une dizaine d’années.

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Maude Carmel avec son bébé

Ils vont avoir le réflexe de retourner en banlieue où ils ont été élevés et si ce n’est pas possible, ils vont regarder les villes autour.

Roxanne Jodoin, courtière, à propos des premiers acheteurs

« Si leur situation professionnelle leur demande d’aller à Montréal, ils regardent pour voir si la ville est bien desservie par le transport en commun, mais en étant de plus en plus loin pour être capables de s’offrir une propriété qui a du bon sens », note-t-elle.

Victor Silvestrin-Racine a lui aussi fait un retour aux sources pour sa première propriété, acquise en mars dernier à Saint-Lambert. Le consultant en stratégie cherchait un condo dans le sud-ouest de Montréal avec sa conjointe, Katheryne. « Puis, on s’est dit : pourquoi ne pas faire un saut d’un pont ? Et on a trouvé où j’ai grandi », explique le jeune trentenaire.

Ils ont pu dénicher un condo avec du cachet « moins cher qu’à Montréal et avec plus de superficie ». Ils ont aussi retrouvé un cadre de vie agréable « similaire à Montréal », tout en restant proche de leurs lieux de travail.

Un récent sondage de Royal LePage publié en août rapportait que 82 % des millénariaux du Grand Montréal qui ne sont pas propriétaires croient qu’ils le seront un jour. Mais c’est plus de la moitié d’entre eux qui pensent devoir déménager pour accéder à la propriété.

Pourtant, 75 % des jeunes Montréalais sondés resteraient dans leur ville si le coût de la vie n’était pas un enjeu.

« Plus l’accès à la propriété est difficile, plus les premiers acheteurs vont reculer sur la carte », croit la courtière immobilière Roxanne Jodoin, qui travaille sur la Rive-Sud.

Un conte de fées montréalais

Maude Nepveu-Villeneuve et son conjoint, Maxime, ont pour leur part usé de patience avant d’acquérir leur condo dans Rosemont en mars dernier.

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Maude Nepveu-Villeneuve

« On était un peu résignés, on se disait que ça ne se pouvait pas, que Montréal était trop cher », dit l’autrice, éditrice et professeure de littérature au cégep.

Le hasard a bien fait les choses. Une annonce partagée par des amis d’un condo dans le Vieux-Rosemont a allumé une étincelle. « L’annonce a été mise le mercredi, on a visité le dimanche, on a fait une offre d’achat le lundi, et le mardi, on l’avait ! », relate Maude.

Quand on a visité, on a réalisé qu’on regardait en banlieue, mais on n’était pas vraiment excités. On s’est rendu compte qu’on voulait vraiment rester à Montréal.

Maude Nepveu-Villeneuve

Le couple dans la fin trentaine et avec enfants habitait depuis 13 ans un appartement « pas cher » dans Villeray, ce qui a permis de « mettre beaucoup d’argent de côté ».

« Je pense que si on avait vraiment voulu être propriétaires, on l’aurait fait avant et on aurait été en banlieue, mais on était corrects comme locataires, on a été vraiment patients. C’est ce qui a joué en notre faveur. »

Leur mode de vie n’a pas changé. Ils n’ont toujours pas d’auto, l’école de la cadette est au coin de la rue et l’aînée qui entre au secondaire l’année prochaine ira à l’école du quartier. « C’est comme un conte de fées », s’enthousiasme Maude Nepveu-Villeneuve.