Acquise par deux couples au lendemain de Noël 2020, l’auberge Au Clos Rolland, Couette & Café plonge le visiteur dans une autre époque au cœur du village de Sainte-Adèle. Histoire d’une profonde amitié, d’un lieu chargé d’histoire et d’un principe de gestion atypique et inspirant.

Claude Ménard et Geneviève Robert ont rencontré Jean-François Lapalme et Alexandre Girard il y a une dizaine d’années. « Ç’a été une espèce de coup de foudre amical ; on a partagé différents moments ensemble, que ce soit à travers des voyages ou des intérêts communs, comme la randonnée. On aime aussi bien manger, et c’est une des raisons qui nous a donné le goût d’avoir une auberge ensemble », relate Claude.

Claude et Geneviève caressaient depuis longtemps le rêve d’exploiter un gîte, puis l’idée de concrétiser ce projet avec leurs grands amis a germé. « On aimait le concept de vivre ensemble, de se projeter à long terme. On forme une famille et on trouvait intéressant de mettre en commun nos actifs et nos énergies », dit la mère de deux jeunes adultes. « On a habité longtemps à Montréal, puis à un moment donné, on était un peu essoufflés de vivre en ville avec Claude et les enfants, alors on s’est installés à Sainte-Adèle il y a huit ou neuf ans. »

Amoureux des maisons anciennes, le couple connaît bien les enjeux qu’implique une vieille demeure. Jean-François et Alexandre aussi. Le premier est infirmier et se voyait bien recevoir des gens dans un gîte : « C’est une façon différente de communiquer que dans le cadre de mon travail, mais c’est aussi un autre contexte que celui d’inviter des amis chez soi. »

Quand ils ont vu que l’auberge Au Clos Rolland était en vente, ils se sont tous dit « C’est très gros ! », mais la visite les a conquis. « Je n’en ai pas dormi de la nuit », se souvient Claude. La maison pouvait les loger tous les quatre dans des appartements distincts, un point essentiel pour préserver l’intimité de chacun, en plus d’offrir cinq chambres et cinq salles de bains pour les hôtes.

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Jean-François Lapalme, Alexandre Girard, Geneviève Robert et Claude Ménard, copropriétaires du Clos Rolland

On a mis toutes nos billes dans le même sac, parce qu’on s’est dit que cet établissement était fait pour nous.

Claude Ménard, copropriétaire de l’auberge Au Clos Rolland

Un patrimoine classé

  • L’auberge est nichée sur un terrain tranquille planté d’arbres matures à quelques minutes du centre-ville. Les propriétaires ont aménagé un garage pour que les cyclistes puissent y mettre leurs vélos.

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    L’auberge est nichée sur un terrain tranquille planté d’arbres matures à quelques minutes du centre-ville. Les propriétaires ont aménagé un garage pour que les cyclistes puissent y mettre leurs vélos.

  • L’avancée de l’entrée principale se distingue par des ornements de fleur de lys. Des travaux de rénovation, notamment la peinture, sont en cours pour revaloriser la propriété.

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    L’avancée de l’entrée principale se distingue par des ornements de fleur de lys. Des travaux de rénovation, notamment la peinture, sont en cours pour revaloriser la propriété.

  • Un bassin agrémente l’un des côtés du jardin. Le nouveau projet est d’intégrer une piscine.

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    Un bassin agrémente l’un des côtés du jardin. Le nouveau projet est d’intégrer une piscine.

  • La grande galerie est propice à la détente.

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    La grande galerie est propice à la détente.

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Le quartier Mont-Rolland était une ville avant les fusions municipales. Il a été fondé par Jean-Baptiste Rolland qui, d’apprenti typographe, est devenu un homme d’affaires important au milieu du XIXe siècle. « Il a eu l’idée d’y créer sa propre imprimerie plutôt que d’importer du papier et s’est inscrit dans la relance des Pays-d’en-Haut », raconte Geneviève.

En achetant des terres à Mont-Rolland qui appartenaient aux Américains, il a agrandi l’usine et a vendu des terrains à ses employés, contribuant ainsi au développement local. La maison a été construite en 1902 et agrandie vers 1912. « Elle est ornée de lambrequins à l’effigie de la fleur de lys, car c’était important pour M. Rolland de montrer qu’il s’agissait d’une maison canadienne-française », souligne Claude. La propriété est restée dans la famille jusqu’en 1995. Elle a alors été vendue et transformée en auberge sans altérer son volet historique.

Rénover dans les règles de l’art

  • Les couloirs et les montées d’escalier habillés de papier peint romantique plongent le visiteur dans une autre époque.

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    Les couloirs et les montées d’escalier habillés de papier peint romantique plongent le visiteur dans une autre époque.

  • Cinq chambres sont destinées aux clients. « On peut accueillir jusqu’à 15 personnes, car on a trois lits supplémentaires, dont deux divans-lits », souligne Geneviève Robert.

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    Cinq chambres sont destinées aux clients. « On peut accueillir jusqu’à 15 personnes, car on a trois lits supplémentaires, dont deux divans-lits », souligne Geneviève Robert.

  • Dans cette salle de bains fraîchement refaite, la baignoire sur pattes et la céramique sont d’origine.

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    Dans cette salle de bains fraîchement refaite, la baignoire sur pattes et la céramique sont d’origine.

  • Claude Ménard montre ici le travail de boiserie sur l’une des portes. On y voit deux soleils identiques à ceux qui se trouvent sur les pignons de la galerie et sur d’autres maisons du quartier.

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    Claude Ménard montre ici le travail de boiserie sur l’une des portes. On y voit deux soleils identiques à ceux qui se trouvent sur les pignons de la galerie et sur d’autres maisons du quartier.

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Acquérir un domaine d’une telle envergure nécessite un entretien constant et la charge est lourde. Le quatuor était bien conscient du travail à faire et a planifié des travaux afin qu’elle retrouve son lustre d’antan. « On fait beaucoup de peinture et on cherche des pièces de bois pour remplacer celles qui sont abîmées. Ce n’est pas évident, et on peine également à trouver des artisans spécialisés », constate M. Ménard.

« C’est sûr qu’elle a besoin d’amour, mais les boiseries, les escaliers sont extraordinaires. C’est extrêmement important pour nous de revaloriser les choses en respectant l’existant », s’enthousiasme Jean-François. Autre défi relevé avec brio : mettre la plomberie et l’électricité aux normes.

On veut que notre clientèle bénéficie du confort moderne, mais en gardant l’identité de la propriété.

Jean-François Lapalme, copropriétaire de l’auberge

Des équipements de pointe

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La cuisine a été repensée pour plus d’efficacité à l’heure des repas des clients, mais les propriétaires ont fait des choix éclairés pour qu’elle corresponde au cachet d’origine de la maison.

Les quatre amis étaient bien fébriles quand ils ont ouvert, en mai 2021. Au fil du temps, ils ont trouvé des solutions à différentes problématiques. « On offre des soupers quatre services à nos clients de l’auberge. Il arrive donc qu’on ait 14 personnes à table. On s’est vite rendu compte que les soirées à faire la vaisselle étaient très longues et que c’était du temps en moins pour discuter avec les gens, alors que c’est souvent le contact qu’ils recherchent en séjournant dans un gîte », explique Claude.

Jean-François réplique alors sur le ton de la plaisanterie que ç’a été la folie de Claude : investir dans des équipements industriels pour gagner du temps. Ils ont donc acheté des électroménagers de pro, dont un lave-vaisselle qui fait le travail en 140 secondes ! Tous s’entendent pour dire que le jeu en valait la chandelle sur tous les plans. Les améliorations technologiques passent aussi par le nouveau système de réservation qu’ils viennent d’acheter, car les anciens propriétaires les prenaient sur papier.

Une organisation idéale

Bien outillée, l’équipe est mieux organisée, mais c’est aussi son fonctionnement d’exploitation du gîte qui fait sa force. « On a la chance d’avoir des emplois qui nous donnent la possibilité d’obtenir des congés sans solde ou à traitement différé. Alors, on s’occupe du gîte chacun à notre tour », explique Geneviève.

C’est donc Jean-François qui prendra la relève de Claude, actuellement responsable jusqu’à la fin de 2022. « C’est clair qu’on s’entraide naturellement. C’est vraiment un équilibre pour ne pas s’épuiser et même si ce n’est pas pour tout de suite, c’est aussi notre beau projet de retraite », conclut-elle.

Consultez le site de l’auberge Au Clos Rolland