Réjean Rousseau et Jacques Duquette se sont aménagé un petit paradis à Bury, petit village des Cantons-de-l’Est, à mi-chemin entre Sherbrooke et Lac-Mégantic. Leur propriété est située dans un coude de la rivière Saint-François. Un site splendide qu’ils ont mis en valeur depuis leur achat en 2012. La Presse a visité les lieux.
Dès la fonte des neiges, quand les températures s’adoucissent, Réjean Rousseau troque sa chambre du deuxième étage pour la véranda du rez-de-chaussée, entourée de moustiquaires. Pour dormir au plus près de la rivière. Pour sentir l’air frais de l’extérieur et assister, le matin, au lever du soleil, chaque jour différent.
La rivière Saint-François est le joyau de la propriété de Réjean Rousseau et Jacques Duquette. Quand on passe derrière leur maison et qu’on découvre la rivière pour la première fois, on a le souffle coupé. La vue est spectaculaire et l’atmosphère, empreinte d’une grande tranquillité.
Tous deux retraités — mais donnant actuellement un coup de main dans un centre de santé pour contribuer à adoucir les effets de la pandémie —, ils ont acheté la propriété de deux acres à une famille qui descend de ceux qui ont construit le premier bâtiment en 1914.
« On a rencontré les anciens propriétaires lors d’un voyage en Chine, raconte Jacques Duquette. Plus tard, on est allés les saluer. Ils nous ont raconté comment leurs ancêtres avaient apporté, en train et à cheval, les matériaux de construction pour créer ce qui était au départ un chalet. On a eu un coup de foudre pour le site. Ils nous ont dit que ce serait bientôt à vendre. Et voilà, on s’est retrouvés ici ! »
Vidéo d’Hugo Grenier, fournie par les propriétaires
Ils ont adoré ce tournant de la Saint-François, confluence de la rivière et d’un large ruisseau. Légèrement surélevée, leur pointe de terre (où ils installent deux chaises l’été) offre une perspective à 180 degrés qui donne l’impression d’être au bord d’un lac. La rivière, navigable sur 15 km dans ce secteur non inondable, y coule très lentement, à cause d’un barrage en aval. Les propriétaires profitent pleinement de la rivière l’été. Ils s’y baignent, prennent l’apéritif sur un ponton au milieu de la rivière, font du kayak et du canot dans le plus grand des silences, disent-ils, les maisons voisines étant surtout des résidences secondaires.
« L’hiver, on voit passer les motoneiges sur la rivière, mais aussi des chevreuils, des orignaux et des renards, dit Jacques Duquette. Et on fait de la raquette en longeant la rivière et en empruntant des sentiers forestiers. »
Le couple a entrepris des travaux majeurs dès l’acquisition pour en faire une résidence bien isolée, confortable et simple, en immersion avec la rivière. « De l’électricité à la plomberie, les planchers, les plafonds, on a tout refait, dit Réjean Rousseau. On a agrandi la pièce principale pour en faire une aire ouverte sur la rivière, avec une enfilade de fenêtres. On a un foyer au bois et un autre au propane, ce qui donne une chaleur constante très agréable. »
Le revêtement de la maison principale et du garage est fait de planches de cèdre non équarries, avec leur forme ondulée, pour tenir compte du cachet de l’ancien chalet.
Dès le départ, on a voulu respecter les lieux, car les anciens propriétaires étaient très fiers de leur histoire.
Réjean Rousseau, copropriétaire de la demeure
Les propriétaires ont restauré le soubassement de la maison pour en faire une grande cave en béton, ce qui contribue à donner des assises encore plus solides au bâtiment. La chambre située à l’étage est dotée d’une large fenestration qui donne une vue immanquable sur la rivière.
Un appartement très mignon a également été aménagé par Réjean Rousseau, « à temps perdu », à l’étage du garage, avec une chambre, un salon et une salle de bains. Près du potager, la remise a belle allure. C’était auparavant une écurie pour chevaux située près de l’ancienne voie de chemin de fer qui passait autrefois non loin de la propriété. Elle a été transportée sur leur terrain et restaurée.
L’été, ce secteur du potager est splendide avec des fleurs partout, l’entretien des plates-bandes et des parterres étant la spécialité de Jacques Duquette. « Un vrai plaisir, dit-il. Quand on a acheté, on a drainé le terrain avec 450 pi de drains pour pouvoir exploiter le potager, car c’était un marécage. »
La propriété comprend un sous-bois dans lequel Réjean Rousseau a éparpillé les sculptures qu’il crée à partir de racines d’arbres et de matériaux recyclés.
« L’avantage de la propriété, c’est la tranquillité », dit Réjean Rousseau.
On est à seulement 25 minutes du centre-ville de Sherbrooke. Et on vit avec des animaux sauvages tout près. On a vu un gros orignal dans la cour il n’y a pas longtemps.
Réjean Rousseau, copropriétaire de la demeure
Ils ont beau être retirés du bruit urbain, ils ont quand même réussi à obtenir la fibre optique ! « On a été très chanceux, car Bell l’a installée à notre grande surprise, dit Réjean Rousseau. L’internet fonctionne très bien. »
Un jour, le couple vendra ce petit paradis. « On est de grands voyageurs et la vie avance très vite, dit Réjean Rousseau. Ça fait 20 ans qu’on se connaît, mais bientôt, on ne pourra plus faire tout ce qu’on a entrepris pour améliorer et entretenir la propriété. On prévoit de s’acheter un véhicule récréatif et de voyager au Canada et aux États-Unis. Pour pouvoir partir des séjours de six à huit semaines, ce qui n’est pas possible actuellement compte tenu du potager et des fleurs à entretenir. »
Pour l’instant, ils savourent totalement leur propriété, idéale pour supporter un confinement. « Mais l’idée de quitter un jour cet endroit nous fait de la peine, ajoute Jacques Duquette. Ce sera un gros choc, mais il faudra l’assumer. »