Un curieux magasin s'est ajouté dans le parcours déco de Griffintown: Design Zola. Sareka Sehgal, la propriétaire d'origine finlandaise et indienne, y déploie les splendeurs de l'Inde, sans faire de compromis sur ses valeurs de commerce durable.

Fauteuil recouvert de saris d'occasion, bibliothèques bâties à partir de cadres de porte sculptés, tables à café façonnées avec de vieux planchers, figurines artisanales en bois recyclé. Quelques meubles sont de style industriel, mais on se faufile surtout dans un univers somptueux et ornementé chez Design Zola. «On n'a pas d'objets antiques d'avant 1900, mais tout est vintage dans la mesure où les matériaux sont anciens. On ne coupe pas d'arbres, le mobilier est fabriqué à partir de bois récupéré», dit Sareka Sehgal.

Certains morceaux proviennent d'innombrables résidences rasées pour faire place à de nouvelles infrastructures routières et la propriétaire se rend régulièrement en Inde pour dégoter les pièces qui serviront ensuite à la création de l'ameublement. «Il y a un boom économique là-bas et la classe moyenne s'enrichit. Ceux qui avaient l'habitude du vélo ou du scooter ont maintenant des voitures. Malheureusement, des maisons ancestrales, des villas et même des palais sont démolis pour permettre la construction des routes», explique-t-elle.

En plus de donner une seconde vie à des trésors laissés à l'abandon, la jeune femme s'assure de faire affaire avec des petits fournisseurs qui adoptent des méthodes de production durable, qui offrent une paie équitable et des conditions de travail décentes aux artisans. «Je n'achète rien dont je n'ai pas vu la fabrication ou qui soit fait en usine, car je veux connaître les gens qui font le produit», dit celle qui préfère établir des relations de confiance plutôt que de choisir des certifications.

Elle connaît certains de ses collaborateurs depuis l'enfance. Sareka a fait appel au réseau de contacts de ses parents (importateurs de mobilier indien pour le marché scandinave depuis 30 ans), et à celui qu'elle a développé au cours des années, notamment lorsqu'elle était acheteuse pour l'entreprise familiale.

«Ma mère, qui est designer et artiste, est une véritable source d'inspiration. Elle réussit à donner un engagement social à tout ce qu'elle entreprend», ajoute-t-elle. Suivant ce modèle, la propriétaire investit dans l'éducation des femmes indiennes à travers divers projets d'artisanat. À titre d'exemple, la collection Kantha (broderie traditionnelle indienne) comprend des poufs, des fauteuils et des coussins cousus à la main par des femmes du Rajasthan. «C'est important pour moi de m'impliquer auprès des femmes, parce que je pense que tout commence par elles. Ce sont elles qui transmettent les connaissances aux enfants. Le rôle de l'homme est très différent.»

Par ailleurs, qu'on ne s'étonne pas si quelques figurines en forme d'animaux ont un petit quelque chose de finnois, comme les chevaux à bascule. Confectionnés en Inde, ils ont été dessinés par la mère de la proprio, qui est d'origine finlandaise. «Celui-là était un succès en Scandinavie et je voulais absolument l'avoir ici», dit Sareka Sehgal, une amoureuse de l'équitation.

Ayant vécu une partie de sa jeunesse dans la région de Goa, puis tout près de la capitale finlandaise, elle a quitté sa campagne helsinkienne en janvier pour s'installer à Montréal et rejoindre son conjoint québécois devenu également son partenaire d'affaires.

1055, rue Wellington, Montréal

designzola.com

Photo Simon Giroux, La Presse

Sareka Sehgal