Lieu privilégié où l'on se retrouve en famille et entre amis, la cuisine s'ouvre sur les autres pièces de vie de la maison. Résultat? On y retrouve des matériaux de plus en plus originaux et raffinés.

Sois belle et  fonctionnelle

La cuisine se décloisonne, devenant bien plus qu'un endroit où l'on prépare les repas et entrepose des aliments. Située au coeur de la maison, elle lui donne son cachet particulier, grâce à l'entrée en jeu de produits innovateurs et l'utilisation originale de matériaux existants.

Dans un condo du centre-ville, l'agence Architem Wolff Shapiro Kuskowski architectes a fait preuve d'audace. Dans la cuisine, faite surtout pour recevoir, on a choisi d'installer des armoires texturées d'un rouge vif, réalisées à l'aide de parchemin teint et laqué. L'îlot, imposant, est fait de marbre, une matière délicate et très élégante, tandis que les plans de travail longeant deux des murs sont en quartz, un matériau plus résistant. Des armoires de verre, d'un blanc immaculé, et un dosseret également en verre surplombent un des plans de travail.

«La cuisine devait être fonctionnelle, mais il fallait aussi qu'elle serve de décor, explique Andrea Wolff, associée principale de l'agence. On voulait que l'espace soit chic.»

Avec les autres membres de son équipe, elle cherche constamment à innover.

«On explore, on essaie d'utiliser les matériaux de façon différente. On met beaucoup d'efforts pour faire de nouvelles choses et ne pas se répéter. Chaque cuisine est un nouveau défi.»

Concours international

Cette quête d'originalité sert bien Architem Wolff Shapiro Kuskowski architectes, ainsi qu'une autre agence montréalaise, Cuisines Steam, qui figurent toutes deux parmi les 25 finalistes du concours de conception de cuisine 2015-2016 organisé à l'échelle internationale par la multinationale Sub-Zero et Wolf. Plus de 1500 dossiers de candidature comportant certains électroménagers de l'entreprise, émanant de 24 pays, ont été soumis. Les 25 finalistes, provenant de six États américains et de six autres pays, assisteront au gala où seront dévoilés les gagnants, le 25 septembre, en Californie.

«J'effectue toujours une recherche de matériaux selon les goûts des clients et leurs images d'inspiration», explique la designer Patrizia Giacomini, de Cuisines Steam, qui a travaillé étroitement avec l'agence Thellend Fortin Architectes pour réaliser la cuisine qui a retenu l'attention du jury. Celle-ci a pris place dans l'agrandissement d'une maison à Outremont. À noter: de l'acier roulé à chaud a été privilégié pour marquer la transition entre l'ancienne et la nouvelle partie de l'habitation.

«Les clients voulaient que la cuisine soit assez épurée tout en étant conviviale, précise Mme Giacomini. Ils désiraient aussi du bois, pour qu'elle soit chaleureuse.

PHOTO PHOTO ALAIN LAFOREST, FOURNIE PAR ARCHITEM WOLFF SHAPIRO KUSKOWSKI ARCHITECTES

Le plancher est en chêne blanc naturel. Le contour de la zone de cuisson et l'îlot sont en noyer naturel. «Dans la façade de l'îlot, il n'y a pas d'interruption dans le motif du grain», fait-elle remarquer. Quant aux plans de travail, ils sont en pierre sintérisée Lapitec, choisie pour sa minceur et sa résistance à la chaleur et aux égratignures. Le dosseret, très facile d'entretien, est en verre extra clair. Le mur derrière a été peint en blanc pour lui donner sa blancheur.

Dans un coin de la cuisine, un petit bar avec un évier et une cafetière a été aménagé. Lorsque les portes blanches laquées sont refermées, tout disparaît de la vue pour mieux admirer le jardin.

Ouverture d'esprit

La cuisine que l'agence Architem Wolff Shapiro Kuskowski architectes a soumise au concours se trouve aussi dans une demeure d'Outremont. Décloisonnée dans le cadre de travaux d'agrandissement, celle-ci s'approprie l'espace occupé auparavant par la salle à manger. Ce faisant, elle a changé le reste de la maison, lui donnant son caractère, son esprit, indique l'architecte Eduardo Carrera.

Une partie de la pièce demeure presque cachée, précise-t-il. C'est là que jouent les deux enfants des propriétaires. Dans son prolongement se trouvent deux îlots, aux fonctions différentes. Le premier, en granit noir, renferme un évier peu profond et est fait pour être mouillé. Le second, destiné à la cuisson, est en bois afin qu'il soit agréable de se rassembler tout autour. Chaleureux, le noyer contraste avec les armoires en acier laminé à chaud, à l'arrière. Celles-ci rappellent le nouvel escalier, en acier et en bois, qui mène à l'étage.

«Dans cette partie de la cuisine, plus ouverte sur le rez-de-chaussée, on peut se permettre d'utiliser un matériau plus lourd, ajoute l'architecte Andrea Wolff. Dans la partie plus étroite et plus intime, se voulant plus calme pour les enfants, on a plutôt opté pour des armoires de verre, traité à l'acide, très résistant.»

Celles-ci se marient aux armoires en acier laminé à chaud grâce à la peinture gris bleu appliquée à l'arrière.

Eduardo Carrera et Andrea Wolff sont fiers des matériaux utilisés et de l'impression d'espace créée. De la part de leurs clients, font-ils toutefois remarquer, il fallait une ouverture d'esprit.

PHOTO CUISINES STEAM FOURNIE PAR MAROLINE (SUB-ZERO ET WOLF)

L'embarras du choix

Pas toujours facile d'y voir clair lorsque vient le temps de choisir des plans de travail. Veut-on une pierre naturelle comme le granit ou une pierre d'ingénierie comme le quartz, ou un matériau encore plus innovateur et résistant? Tout est question de goût et de budget.

Une évolution rapide

En devenant le coeur de la maison, la cuisine évolue rapidement, constate Santiago Alfonso Rodriguez, directeur du marketing du Groupe Cosentino, l'un des chefs de file dans la production de surfaces en quartz (de marque Silestone). La cuisine occupe davantage d'espace et profite à la fois de la popularité des émissions de télé culinaires et des avancées technologiques, note M. Rodriguez. Résultat? Le budget alloué pour la mettre à jour augmente sans cesse. Et les efforts pour innover s'accentuent. En voulant optimiser le quartz, les chercheurs de l'entreprise ont d'ailleurs créé un tout autre matériau ultracompact et résistant, le Dekton.

Combien ça coûte?

Comparons certains prix (installation incluse) chez Home Depot. Les plans de travail en stratifié, les plus populaires, sont offerts à partir de 22 $ le pied carré. «Ces produits se sont beaucoup améliorés», souligne Jean-Michel Martin, directeur du commerce dans Saint-Henri. Le Corian se vend à partir de 49 $ le pied carré et le granit, de 49 $ à 89 $ le pied carré. Le quartz (marque Silestone) coûte entre 59 $ et 89 $ le pied carré, et le Dekton (mat ou lustré), de 89 $ à 128 $ le pied carré. Quant aux surfaces de verre recyclé Géos, leur prix oscille entre 79 $ et 109 $ le pied carré. Selon la superficie, la différence de prix peut être appréciable.

Le bois

Un plan de travail en bois dans la cuisine? On peut se le permettre dans l'îlot, dans une section servant de comptoir pour le déjeuner, estime Marie Chantal Villeneuve, directrice régionale de la salle d'exposition d'Électroménagers BSH. Le besoin d'être résistant à l'eau est alors moins criant. Dans ce cas-ci, le placage de bois, d'une bonne épaisseur, contraste avec le plan de travail en inox, beaucoup plus mince. Certains choisissent aussi d'intégrer un bloc de boucher dans leur îlot, sur lequel ils peuvent couper directement les aliments. Ce dernier exige un minimum d'entretien.

Le quartz

La multinationale Électroménagers BSH a voulu créer de vraies cuisines et servir de source d'inspiration lorsqu'elle a mis une salle de démonstration à la disposition des consommateurs, pour leur permettre d'essayer ses appareils de marques Bosch, Thermador et Gaggenau. Dans l'immense espace aménagé à Anjou, on trouve donc différents types de plans de travail. Certains, en quartz, ont été privilégiés pour mettre en valeur les appareils Gaggenau au design épuré, indique Marie Chantal Villeneuve, directrice régionale de la salle d'exposition. Le quartz convient bien à la cuisine, précise-t-elle, puisqu'il est un matériau hygiénique, durable et relativement abordable (entre 40 $ et 75 $ le pied carré).

Le Dekton

«On est dans une période où il y a beaucoup de nouveaux produits, constate Jean-François Aubry, directeur général du Groupe 3R, qui conçoit et réalise des cuisines et des salles de bains. Comme on ne sait pas comment certains vieilliront, on est très prudents.» Il a effectué quelques projets avec le Dekton, séduit par le fait que rien ne peut l'abîmer et rassuré par la garantie offerte par le manufacturier espagnol. Le matériau tient la vedette dans la cuisine de la designer Manon Leblanc, dans la salle d'exposition de l'entreprise. Son prix est toutefois élevé: 20 % plus élevé que le plus cher des quartz.

Le Geoluxe

Après le Lapitec et le Dekton, voici le Geoluxe, lui aussi mis au point après des années de recherche. Comme les deux autres, il cherche à se distinguer par sa durabilité et sa résistance aux produits chimiques, aux rayures, à la chaleur et au gel, et peut être installé à l'intérieur comme à l'extérieur, indique-t-on chez Ciot. S'inspirant du marbre, le revêtement a attiré l'attention, en janvier, lors de son lancement en Amérique du Nord dans le cadre du Kitchen & Bath Industry Show 2017, à Orlando. Il a remporté deux des cinq plus grands honneurs (Best in Show Award et Best of Kitchen, Gold).

PHOTO DREW HADLEY POUR ARCHITEM, FOURNIE PAR MAROLINE (SUB-ZERO ET WOLF)

Décloisonnée dans le cadre de travaux d'agrandissement, cette cuisine donne son caractère à cette maison d'Outremont. Les armoires en acier laminé à chaud, à l'arrière de l'îlot en bois, rappellent le nouvel escalier en acier et en bois, qui mène à l'étage.