Mal aimé et souvent couvert d'un crépi, le béton extérieur laissé à l'état brut commence toutefois à gagner certains Québécois. Des propriétaires ont même opté pour du béton brut de décoffrage texturé dans l'entrée de leur habitation. Démonstration.

Un couple a fait appel à l'architecte Paul Bernier pour la conception de sa résidence secondaire, à Bromont. L'aspect rustique du parement en pierre de silice (1) travaillée à la main produit un contraste saisissant avec le béton brut et très texturé des deux murs qui bordent l'escalier de l'entrée. En observant la surface du matériau, on découvre l'empreinte quasi parfaite du grain et des veines du bois (2) qui tapissait le coffrage dans lequel le béton a été coulé. D'où la tentation de palper ces traces en relief.

L'obtention d'un tel béton exige toutefois plus de temps que la réalisation d'un béton dans un coffrage standard, c'est-à-dire en contreplaqué, fait remarquer Paul Bernier. Dans ce cas-ci, l'entrepreneur a dû choisir un ouvrier assez mince (!), capable de travailler à l'intérieur des deux coffrages, dont le plus étroit qui a une largeur d'environ 30 cm (3). Le but de l'opération? Couvrir le contreplaqué de planches de bois brut. «Il était capital que cet assemblage soit minutieusement réalisé afin de réussir la texture recherchée», explique l'architecte.

«J'aime aussi l'idée que des marques issues du mode de construction puissent être admirées, une fois le bâtiment terminé», poursuit-il. Outre leur aspect unique, les deux murs possèdent des fonctions précises. Le plus élevé, qui fait 4,3 m, évite l'accumulation de neige provenant de la toiture d'acier à pente unique (4) et sert de garde-corps. L'autre (5), de 2,4 m de hauteur, sert également de balustrade et délimite l'accès au garage. Quant à l'escalier (6), il est en béton lisse, puisqu'il a été coulé dans un coffrage ordinaire.

«Les deux murs massifs procurent un effet de forteresse. La personne qui emprunte l'escalier ressent une sorte de compression avant d'atteindre la porte principale qui s'ouvre sur une vue élargie», conclut Paul Bernier.