Pieter Sijpkes vit dans une ancienne succursale de la Banque de Montréal, dans le quartier Pointe-Saint-Charles. Il s'y trouve depuis 12 ans et n'a pas encore fini de rénover le bâtiment, qui date de 1901. «C'est funky ici», dit-il en me faisant entrer dans le séjour surélevé d'une coupole de 10,7 mètres de haut.

Pieter Sijpkes vit dans une ancienne succursale de la Banque de Montréal, dans le quartier Pointe-Saint-Charles. Il s'y trouve depuis 12 ans et n'a pas encore fini de rénover le bâtiment, qui date de 1901. «C'est funky ici», dit-il en me faisant entrer dans le séjour surélevé d'une coupole de 10,7 mètres de haut.

 L'intérieur aux allures de loft est saisissant. L'espace est rempli de moulures, d'arches en plâtre et de colonnes corinthiennes. On se croirait presque dans une église, non? «Cette banque est dotée d'une coupole sur pendentifs et elle a été construite comme une église byzantine, très répandue à Istanbul», répond le professeur agrégé à l'École d'architecture de l'Université McGill.

Il rappelle aussi qu'au 19e siècle, les architectes puisaient allégrement dans une multitude de styles anciens, grec, romain, gothique ou byzantin.

Autre exemple rétro: dès l'entrée, la mosaïque originale du plancher rappelle celle des anciennes villas romaines.

N'empêche, cet édifice de plus de 100 ans possède une structure d'acier typique de l'architecture moderne. Mais il faut descendre au sous-sol pour la découvrir. Raison? Au rez-de-chaussée, la structure d'acier est camouflée dans des colonnes et des voûtes de plâtre. «Cette banque est une femme moderne dans un vêtement ancien, résume Pieter Sijpkes. À l'époque, les ingénieurs possédaient la technologie pour réaliser de grandes portées en acier, mais le public désirait une atmosphère historique, donc rassurante. Ça correspondait totalement au vocabulaire de l'époque victorienne.»

Plusieurs films, dont Mademoiselle C, ont été tournés dans cette succursale qui, de l'extérieur, affiche de la peinture qui cloque. Pourquoi? «J'entends bien décaper toute la brique pour mieux montrer une rareté: le motif de la brique rouge et noir avoisinant la pierre», répond le propriétaire. Quant à la chambre forte - indépendante de la structure du bâtiment -, elle a été détruite au marteau piqueur. L'espace est maintenant occupé par la cuisine. Cette rénovation a également permis de percer le mur d'une large fenêtre. Tout ce qui reste de la chambre forte est son plafond de 20 tonnes composé de 60 cm de béton! «J'ai dû choisir une structure en bois très solide (récupéré d'une grange) afin de supporter ce plafond sur lequel se trouve une chambre d'invités», précise Pieter Sijpkes.

Véritable création évolutive, l'habitat du professeur, connu pour son engagement dans le quartier, sert à présenter des pièces de théâtre communautaire. «Pourquoi se hâter de terminer les travaux, dit-il. Tel un bernard-l'ermite, je considère l'architecture comme un acte d'habitation.» Résidant dans le quartier depuis 1976, le professeur vivait auparavant dans un ancien dépanneur. «Après une banque, il ne me reste plus qu'à occuper une station-service», termine-t-il en éclatant de rire.

 

Photo André Tremblay, La Presse

L'ancienne succursale est surmontée d'une coupole sur pendentifs trouée par un puits de lumière. Résultat: le plafond du logement atteint la hauteur vertigineuse de 10 mètres.