Un aménagement de chambre d’hôtel est un équilibre délicat entre le confort, la facilité d’entretien et la qualité du design. Comment s’en inspirer à la maison ? Voici quelques idées.

Une micromaison

PHOTO FOURNIE PAR LEMAY ESCOBAR

Situé au cœur de Manhattan, l’hôtel Concorde offre une expérience new-yorkaise authentique à proximité de Central Park.

Dans une chambre d’hôtel de 200 à 350 pi2 se concentrent plusieurs activités normalement réparties dans différentes pièces de la maison — l’espace de repos, de travail, de vie, la salle de bains minutieusement réfléchie et le coin repas ou bar –, auxquels s’ajoute de plus en plus un espace dégagé pour la remise en forme et le bien-être. Tout y est facilitant. Cette tendance à reproduire les commodités d’une chambre d’hôtel s’exprime de plus en plus dans le résidentiel avec des espaces vastes comprenant une salle de bains privée, une chaise longue ou un canapé pour lire, un bureau et un coin prévu pour l’exercice.

La qualité avant tout

PHOTO STÉPHANE BRÜGGER, FOURNIE PAR SID LEE

La suite royale du Fairmount Le Reine Élizabeth, par Sid Lee, où la qualité s’exprime dans chaque élément du décor

Le lit est évidemment au cœur du décor et le sommeil, la priorité. Son environnement doit être d’une qualité et d’une ergonomie irréprochables. On ne lésine pas sur le matelas, les oreillers et les draps, en privilégiant la plume au synthétique, à moins d’être allergique, et des fibres naturelles avec un nombre élevé de fils au pouce carré. Le poids de la couette participe à l’effet réconfortant. L’accès facile aux interrupteurs, situés de chaque côté du lit, et à des prises permettant de recharger les appareils est le genre d’attention qui ajoute au confort. On prévoit aussi plusieurs oreillers qu’on peut combiner ou non pour lire, travailler, dormir : « Un signe de générosité et un gage d’attention », selon Martin Leblanc, architecte et associé principal chez Sid Lee Architecture.

La magie est dans l’éclairage

PHOTO RAPHAËL THIBODEAU, FOURNIE PAR LEMAY MICHAUD

Au Germain, le lit est sans fioriture et immaculé, reflétant ainsi une propreté irréprochable. Autour du lit, différentes sources d’éclairage, des prises électriques et des interrupteurs sont situés à portée de main.

L’éclairage est crucial d’un point de vue fonctionnel, mais aussi, et peut-être même surtout, pour l’ambiance qu’il a le pouvoir de créer. Les concepteurs le traitent comme une matière en soi. « L’éclairage est une bête complexe et ça l’est devenu davantage avec l’avènement du DEL, moins énergivore, qui rend ça plus merveilleux du point de vue des possibilités », affirme la designer Louise Dupont, de la firme Lemay Michaud. Les concepteurs l’utilisent en éclairage indirect, camouflé derrière un meuble, une tête de lit ou dans une alcôve. « C’est ce qui donne un côté magique et feutré au décor, ajoute-t-elle. Pour moi, ça prend ces deux composantes : un éclairage de fonction — qui comprend des lampes de lecture et de travail ou un miroir de salle de bains antibuée rétroéclairé — et un éclairage d’ambiance. Et c’est souvent ce qui manque dans les maisons. » Également incontournables : les gradateurs qui permettent de calibrer selon les situations et ses goûts.

Clair-obscur

PHOTO ALEXI HOBBS, FOURNIE PAR CAMDI

Des superpositions de voilage et de rideaux opaques permettent de moduler l’éclairage à l’hôtel Place d’Armes, conçu par Camdi.

La fenestration permet de mettre en valeur des vues imprenables sur l’environnement et de faire profiter les lieux d’une lumière naturelle abondante qui se doit toutefois d’être contenue ou enrayée au besoin. Pour arriver à moduler la luminosité, des toiles, des stores ou des rideaux de qualité permettent une obscurité totale, tandis que des voilages créent une intimité partielle le jour.

L’acoustique

Dans un hôtel haut de gamme, le visiteur doit pouvoir se retrouver dans un environnement clos une fois la porte fermée. « Il y a plein de façons de s’assurer d’avoir une tranquillité d’un point de vue sonore. Chez soi, on peut s’isoler avec un seuil tombant pour se couper du bruit du reste de la maison », conseille Louise Dupont.

Travailler les accents et la superposition

PHOTO FOURNIE PAR LEMAY ESCOBAR

Les textures et les superpositions réchauffent des chambres de style loft autrement industrielles dans ce concept de Lemay Escobar pour l’Hotel 42, de New York.

« Trop d’une couleur, c’est trop. Trop de tons neutres aussi. C’est une question de dosage, explique Martin Leblanc. On s’assure d’offrir une variété de tons, de textures, de couches qui, une fois superposées, créent un ensemble invitant. »

PHOTO FOURNIE PAR SID LEE

Au W de Toronto, le décor réalisé par Sid Lee mise sur la connexion de la ville avec le cinéma et son côté international. La chambre se présente comme un studio.

Les éléments de base restent habituellement relativement neutres dans le décor de l’hôtel, selon le designer et directeur de Camdi, Pierre Brousseau, ce qui permet de changer le décor facilement. On jouera essentiellement avec les accessoires, l’art et les accents pour y injecter du caractère et asseoir le narratif.

« Un décor d’hôtel a son histoire à conter. À la maison, le décor raconte l’histoire de ses résidants. Il faut peut-être oser davantage y mettre sa personnalité », dit Andrès Escobar.