(Verchères) Dans leur studio avec vue sur le fleuve dans l’ancien magasin général de Verchères, Audrée Larose et Félix Guyon perfectionnent l’art de l’éclairage grâce à des luminaires élégants. Avec leur équipe soudée, ils portent le savoir-faire québécois aux nues, et enchantent petits et grands par-delà les frontières. Visite d’un lieu à la lisière du réel.

En cette chaude matinée d’été, le soleil caresse les globes d’un somptueux luminaire aux airs de collier de perles à l’entrée de la galerie Larose Guyon dans le village paisible de Verchères, à 40 minutes de Montréal. Le plancher de cet ancien magasin général, dont l’origine remonterait à 1860, porte les traces de la vie qu’il a vu défiler. « C’est l’endroit où tout le monde se croisait, où les potins s’échangeaient. Je venais ici déjà tout petit. J’achetais plein de trucs pour inventer des lampes », raconte Félix Guyon en montrant le livre des comptes légué à chaque propriétaire de ce bâtiment historique, tout comme une photo sépia avec un notable coiffé d’un haut-de-forme. Comme un peu partout au Québec, l’apparition des grandes surfaces a condamné ce commerce de proximité transformé en quincaillerie avant de disparaître. En quête d’un espace avec une âme pour accueillir ses clients, le couple, qui habite à quelques minutes de vélo de là, a décidé d’y déménager en 2019 le studio de design fondé quatre ans plus tôt.

PHOTO CHANEL SABOURIN, FOURNIE PAR LAROSE GUYON

Audrée Larose et Félix Guyon

Moment magique

L’espace d’exposition côté rue, accessible aux visiteurs sur rendez-vous, oscille entre la galerie d’art et le cabinet de curiosités. Félix y dispose ses précieuses trouvailles faites lors de balades ou de voyages : un nid, un coquillage, du bois pétrifié, du corail, une branche… « Je trouve cette branche poétique avec son contraste entre sa tige très droite, masculine, et ses feuilles courbées, féminines. Il y a une fragilité, une émotion… »

Cette attention aux détails nourrit la création du studio dont 90 % de la production est exportée à l’étranger.

Nous cherchons chaque fois la faille que nous n’avons jamais explorée à travers la forme et la matière.

Félix Guyon

Pour preuve, le studio connu pour ses luminaires glamour se penche actuellement sur des lampes inspirées de la mer, dont le traitement du laiton ou du cuivre permettra une oxydation un peu comme celle que l’on peut observer sur les trésors rapportés du fond des océans.

Plus que tout, le duo souhaite fasciner celles et ceux qui se retrouvent face à ses luminaires. « Nous voulons susciter l’émerveillement, voir une étincelle dans les yeux des gens comme celle que nous avions enfants », confie Félix. C’est d’ailleurs poussé par ce désir que le studio a développé l’an dernier une série limitée de luminaires en laiton et or plaqué tenant davantage de l’installation artistique que de l’objet utilitaire comme une pluie divine ou un balai féérique de feuilles.

Rayonnement international

Malgré le succès de leurs luminaires, les jeunes entrepreneurs mettent un point d’honneur à travailler exclusivement avec la communauté locale. En plus de leurs quatre employés, ils collaborent avec différents artisans de la région, notamment un souffleur de verre et un ébéniste qui fabrique les boîtes, belles comme des écrins, destinées aux heureux propriétaires de ces lampes dont le prix est à la hauteur de la qualité de la recherche, du savoir-faire et des matières premières qu’elles ont nécessités.

Cette production locale est vraiment importante pour nous. Nous avons même mis un frein à notre expansion pour cela. Au début, nous avons eu beaucoup de demandes de représentation aux États-Unis, mais nous avons préféré garder le contrôle sur notre échelle de fabrication.

Audrée Larose

Contrairement à d’autres enseignes québécoises, chaque luminaire Larose Guyon est fait à la demande au long d’un processus impliquant plusieurs métiers, ce qui en fait des pièces uniques dont l’attente nourrit le désir. Parmi les commandes à son agenda, l’équipe travaille à la création d’un luminaire Coco pour la salle à manger de la nouvelle maison en Estrie de l’actrice Karine Vanasse comme celui que l’on peut admirer dans la vitrine de la galerie près de l’ancienne chalouperie du grand-père de Félix. Une pièce hommage à la célèbre Gabrielle Chanel, créatrice éblouissante dont le talent ne cesse de briller aux quatre coins du monde.

Consultez le site de Larose Guyon