(New York) Si les nouveautés de la célèbre New York Design Week restent inaccessibles pour la plupart d’entre nous, elles donnent en revanche le ton des tendances à venir. Grand constat ce printemps : la déco conventionnelle cède le pas à l’authentique et à l’imparfait, et confirme le retour en force de la matière brute. La preuve en cinq temps.

Pierre de taille

PHOTO FOURNIE PAR BAILEY FONTAINE

Table Plane en ciment de Bailey Fontaine

À la Casa Perfect, nouvelle demeure de prestige de la galerie new-yorkaise The Future Perfect, une table au plateau de pierres taillées des designers Chen Chen et Kai Williams enracinait la tendance de la déco brute et minérale.

Le tandem a poussé l’exploit jusqu’à créer un miroir serti de cailloux et une lampe en forme de rose grâce à des lamelles de roche transparentes.

L’âge de pierre est de retour, du moins en matière de design d’intérieur. Lorsque la roche ne dicte pas la forme d’un meuble ou d’une lampe, comme chez le Québécois Simon Johns, elle inspire indubitablement la création.

La table en ciment de l’Américain Bailey Fontaine reproduit ainsi la nature avec justesse grâce à un travail par couches.

Comme d’autres, la marque danoise Ferm Living a prévu des accessoires en marbre pour apporter calme et sérénité à la maisonnée. Un retour à la source.

Teintes de terre

PHOTO FOURNIE PAR LADIES & GENTLEMEN

Luminaire Iso Swing, Ladies & Gentlemen

Nuance de prédilection de la mode en 2018, la couleur terracotta est encore bien présente cette année du côté du mobilier de jardin, mais aussi de la maison.

Dans son studio d’exposition de Chinatown, la designer Anna Karlin présentait des tables d’appoint sculpturales en terre de Sienne inspirées des statuettes africaines.

La boutique de la marque américaine Matter avait, quant à elle, consacré un coin à cette couleur chaude, mariée à des teintes sable ou argile grâce aux tapis du fabricant italien cc-tapis et au canapé Julep du designer Jonas Wagell pour Tacchini.

De nombreux éditeurs proposaient papiers peints, meubles et petits objets aux teintes de terre pour apporter une touche naturelle au décor.

Certains, comme le tandem de Brooklyn Ladies & Gentlemen, avec son luminaire Iso Swing, sont allés jusqu’à reproduire le grain de la matière minérale dans la peinture de leurs pièces métalliques.

Céramiques organiques

PHOTO NICO SCHINCO, FOURNIE PAR YUKO NISHIKAWA

Suspension en céramique de Yuko Nishikawa

Matière délicate, symbole des créations faites main, la céramique se glisse dans les intérieurs, du vase sculptural à la lampe en passant par le meuble.

La designer de Brooklyn Eny Lee Parker n’a pas hésité à jouer sur tous ces tableaux avec, notamment, une table en céramique et en verre au pied central plantureux et irrégulier, allusion aux multiples beautés du corps humain.

L’artiste américano-japonaise Yuko Nishikawa a, elle, donné libre cours à son imagination avec des lampes en argile qui sont autant de créatures singulières et sympathiques.

La quête d’authenticité par l’entremise de la forme se percevait aussi chez Simone Bodmer-Turner, qui a exploré les pleins et les creux des os dans ses sculptures, prolongement des vases organiques de sa collection permanente.

Moult marques, sans doute influencées par le wabi-sabi, style japonais qui célèbre les objets marqués par le temps et qui imprègne la déco ces dernières années, proposaient par ailleurs des poteries vieillies en atelier.

Patine vert-de-gris

PHOTO FOURNIE PAR ALLIED MAKER

Applique Cathedral vert-de-gris d’Allied Maker

En 2018 déjà, la designer de luminaires Lindsey Adelman, qui inaugurait ce mois de mai un nouvel espace d’exposition à Manhattan, avait osé un fini vert-de-gris sur ses modèles élancés Drop.

Ce dépôt bleu-vert se forme normalement au fil des ans, notamment sur le cuivre, avec l’humidité — on peut d’ailleurs l’observer sur le toit des églises et sur la statue de la Liberté.

La jeune marque Allied Maker, installée depuis l’an dernier dans le quartier TriBeCa, lui a emboîté le pas avec les luminaires Cathedral Sconce et Dome Pendant, au style à la fois industriel et romantique.

C’est aussi une lampe de table rétro vert-de-gris (signée Ron Rezek) que le studio de design d’intérieur new-yorkais Giancarlo Valle a choisie pour le décor de la boutique temporaire Viso, qui proposait des pièces artisanales pour la maison, dans une combinaison efficace de bois et de céramique.

Fibres naturelles

PHOTO FOURNIE PAR AMULETTE

Lustres Raw en corde de jute d’Amulette

Les tapisseries murales, de préférence brutes, intègrent tous les intérieurs, même les plus raffinés.

La collection Wellbeing de la designer londonienne Ilse Crawford, pour la marque Nanimarquina, en propose d’ailleurs une, aux côtés de tapis, de coussins, de jetés et même d’un hamac d’intérieur !

L’accent est mis sur la matière (laine, jute, lin, coton, soie…) dans une palette de beige. La corde de jute sert également à fabriquer des lampes, comme l’a fait la marque québécoise Amulette, qui exposait à New York les gigantesques abat-jour Raw reproduisant la forme des lustres de cristal.

Toujours à l’avant-garde, la coopérative de designers Colony mettait en lumière cette année des articles faits main grâce à des collaborations entre designers et artistes.

On y retrouvait, entre autres, les créations textiles d’Hiroko Takeda, dont un fauteuil du Torontois Paolo Ferrari au dos cousu de franges pour une silhouette presque incarnée.