Plusieurs propriétaires qui se font installer une piscine creusée, cet été, n'apprécient pas le nouveau règlement qui les oblige à l'entourer d'une clôture. Alors qu'ils désirent créer un salon extérieur ouvert sur le jardin, ils doivent couper leur cour en deux.

«Ceux qui ont de jeunes enfants comprennent bien que cette mesure a été adoptée pour des raisons de sécurité, indique Geneviève Gosselin, architecte paysagiste chez Claude Daccord&Associés et vice-présidente de l'Association des paysagistes professionnels du Québec. Mais ils saisissent mal que la clôture doive rester quand leurs enfants auront 15 ou 18 ans. Elle n'aura alors plus de sens. Quant aux couples qui n'ont pas d'enfants ou dont les enfants sont plus âgés, ils sont déconcertés et frustrés, car ce sont eux qui paient les frais supplémentaires.»

Le règlement provincial, adopté en juillet 2010, vise à protéger l'accès aux piscines creusées, ainsi qu'aux piscines hors terre, semi-creusées et démontables (aux parois souples, gonflables ou non). Est visé: tout bassin artificiel extérieur destiné à la baignade d'une profondeur de 60 cm (environ 2 pi) ou plus. Afin d'isoler la piscine de la maison, la clôture doit mesurer 1,2 m (4 pi) de hauteur et empêcher le passage d'un objet rond de 10 cm de diamètre entre chaque poteau. Il ne faut pas, par ailleurs, qu'elle puisse être escaladée de l'extérieur. La porte, de plus, doit se refermer automatiquement. Une des exceptions: si la paroi rigide d'une piscine hors terre atteint 1,2 m et qu'on y accède par une porte qui se referme et se verrouille automatiquement, la clôture supplémentaire n'est pas obligatoire. Le Règlement sur la sécurité des piscines résidentielles s'applique aux piscines neuves et n'est pas rétroactif.

Ces nouvelles règles, qui s'ajoutent aux divers règlements municipaux, ont-elles un effet négatif sur les ventes? «Très peu, estime Nicolas Dussault, directeur adjoint de Club Piscine Longueuil. Il y a un certain ralentissement, mais au bout du compte, je vais en installer autant que l'an dernier. C'est une contrainte, car ce n'est plus temporaire, et ç'a un impact sur l'allure épurée, mais aucun client n'a dit que cela va lui faire changer d'idée.»

La clôture, installée pour les 20 ou 25 prochaines années, fait dorénavant partie du projet, précise-t-il. «L'emplacement de la piscine est choisi en conséquence. Elle ne se trouvera pas au milieu de la cour. Elle sera plutôt dans un coin, pour profiter des deux côtés de la clôture qui s'y trouve déjà et diminuer les coûts.»

Les clients s'ajustent, constate Alain Gravel, directeur du marketing chez Trévi. «C'est plus sûr et dans certains cas, la clôture rehausse la cour, fait-il remarquer. L'an dernier, j'ai fait installer une piscine creusée chez moi, au fond de la cour pour profiter de la clôture existante, et c'est très joli. Elle n'est pas vraiment nécessaire, car mes enfants ont 7 et 9 ans, mais si j'avais le choix, je ne l'enlèverais pas.»

Architectes paysagistes et paysagistes se creusent les méninges. «Les clôtures ont un impact sur l'emplacement de la piscine et peuvent réduire les formats possibles, indique Geneviève Gosselin. Elles ont aussi une incidence sur le coût du projet. Pour ne pas faire une trop grande séparation dans la cour, certains peuvent décider de mettre la terrasse avec la salle à manger dans le secteur de la piscine. Mais pour cela, il faut une grande cour. Sinon, pour habiller la clôture et oublier sa présence, on peut garnir sa base d'éléments végétaux. Une bonne planification, avant le début des travaux, devient encore plus importante!»

Le grand défi? Incorporer la clôture sans casser l'image idyllique que les clients ont en tête, souligne Danie Savoie, architecte paysagiste chez Hodgins&Associés. «La clôture peut avoir plusieurs angles et s'intégrer, par exemple, au cabanon, qui sert de structure, explique-t-elle. Au lieu de mettre la clôture au milieu d'un espace pavé, on l'intégrera dans des platebandes. La sélection des vivaces et des graminées est alors importante pour ne pas bloquer la vue sur la piscine!»

La clôture en verre attire les clients, mais à 150$ le pied linéaire, cela augmente les coûts, fait-elle remarquer. Tout comme Mme Gosselin, elle privilégie les clôtures en aluminium peint (souvent noir), qui ressemblent à du fer forgé, ont des tiges assez fines et un prix moins élevé. Autre élément à considérer? Le nombre de portes installées. «Celles-ci coûtent plus cher, car elles doivent se refermer automatiquement, note Mme Savoie. Des clients s'en font installer deux ou trois. De cette façon, la présence de la clôture ne les empêche pas de vivre et d'utiliser tout l'espace de la bonne façon.»