De plus en plus nombreuses, les initiatives communautaires de jardinage aident les cultivateurs urbains à s'entraider. Au programme: partage de plantes, de récoltes, de semences, d'astuces et même (ou surtout?) de bons moments. Tour du jardin.

L'«agriculture urbaine», ce concept qui semble nouveau aux oreilles de bien des gens, n'est certes pas un phénomène récent: de tout temps, des citadins ont aménagé de petits potagers dans leur bout de cour. Quant aux jardins communautaires, ils existent à Montréal depuis 1975! 

«On sait que, à Montréal, environ 42% des gens pratiquent ce qu'on appelle l'agriculture urbaine, et on croit que ce pourcentage n'a pas beaucoup changé au cours des années», confirme Éric Duchemin, directeur du laboratoire sur l'agriculture urbaine de l'UQAM, lui-même jardinier, apiculteur et citadin.

«Ce qui est différent, poursuit-il, c'est qu'on observe depuis une dizaine d'années un mouvement citoyen qui va en augmentant. Les gens ne cultivent pas plus, ils cultivent autrement. Il y a un phénomène de réappropriation de la ville, qui fait que les gens aménagent des jardins sur les saillies de trottoir, les terrains vagues, les bords d'autoroute...» 

Est-ce ceci qui a créé cela ou vice versa? Toujours est-il qu'une pléthore d'organismes se donnent aujourd'hui pour mission de promouvoir non seulement le jardinage, mais aussi la mise en commun de ressources et d'efforts. Grâce à eux, de plus en plus de gens qui ne se seraient autrement jamais adressé la parole se concertent et travaillent ensemble pour jardiner le bitume au bénéfice de la collectivité. 

JARDIN DE RUE

Le mouvement Jardin de rue fait partie de ce genre d'initiative qui fait boule de neige en plein été. Tout a commencé en 2010, quand le Rosemontois Laurent Richer a entrepris de mobiliser quelques voisins pour végétaliser un bout d'asphalte qui bordait le trottoir dans son quartier, rue des Écores. Ce qui n'était au départ qu'un projet scolaire a pris des proportions inattendues: l'organisme Jardin de rue chapeaute maintenant des dizaines projets semblables lancés par des citoyens du quartier. 

Chaque année, ils sont des centaines à se mobiliser pour retirer l'asphalte des terre-pleins de Rosemont et le remplacer par des plantes. Le résultat, luxuriant, rafraîchissant, apaisant, laisse bouche bée. Et ça ne fait que commencer. «Cette année, dit Laurent Richer, nous visons le verdissement de 16 tronçons de rue. Nous commencerons les 23 et 24 mai prochains avec la 4e, la 5e et la 9e Avenue, entre l'avenue Laurier et le boulevard Rosemont.» 

La Ville fournit le compost et des conteneurs pour le vieil asphalte. Les citoyens, quant à eux, fournissent les outils - pelles, pioches, bras, etc. - et des végétaux. Le reste provient de divers partenaires, explique Laurent Richer, toujours président du conseil de Jardin de rue (où tout le monde est bénévole).

L'ÉCHANGE ET LE PARTAGE DE VÉGÉTAUX

Vous voilà envahi par la menthe, le muguet, les hostas? Au moment des récoltes, vous croulez sous les tomates? Au lieu de mettre les surnuméraires au compost, le réseau PlantCatching, qui prend racine un peu partout dans le monde, vous permet de les offrir à tout venant par l'entremise d'une plateforme web. On peut aussi y échanger des outils, des semences, etc., et y trouver l'emplacement des jardins en libre-service du mouvement Incroyables comestibles. 

Le réseau québécois Troc ton jardin, qui offre également des ateliers de jardinage et un tas de ressources sur l'horticulture durable, propose sensiblement le même service. 

PARTAGER SON POTAGER

C'est une idée mise de l'avant par un collectif de Québec joliment baptisé Craque-Bitume, de même que par Agriculture urbaine Montréal. Il s'agit tout simplement de partager son terrain avec une ou des personnes qui n'ont pas d'endroit où jardiner. Un mini-jardin communautaire privé, en quelque sorte ! 

La chose semble bien fonctionner en France et en Belgique, mais elle est encore embryonnaire ici. Le site d'Agriculture urbaine Montréal propose une application fort bien faite pour mettre en contact ceux qui souhaiteraient tenter l'expérience, mais elle n'a pas été utilisée jusqu'ici. Selon Éric Duchemin, c'est que les gens s'arrangent en privé, avec des amis ou des parents. Quoi qu'il en soit, l'appli reste en fonction, avis aux intéressés...

LES URBAINCULTEURS

Né à Québec, ce groupe se spécialise dans l'aménagement de potagers urbains en pots, en pleine terre, hors sol, sur les toits - si ça se peut, il le fait. Le magnifique potager qui prospère devant le parlement, à Québec, est l'une des réalisations des Urbainculteurs. 

Ils ont installé des jardins pour des entreprises (heureux moyen de consolider l'esprit d'équipe des employés), des résidences pour personnes âgées, des coopératives d'habitation, etc. Jusqu'ici, leurs services s'adressaient aux collectivités, mais ils les offrent désormais aussi aux particuliers qui souhaiteraient, par exemple, se débarrasser de leur gazon pour passer au tout-potager. 

Les coûts vont de 1000 à 1500$ pour un jardin clé en main qui répond aux besoins de deux personnes (compter environ le double pour une famille de quatre). Cela comprend les plans, l'aménagement, les végétaux, un système d'arrosage automatique et une formation de deux heures sur l'entretien et le soin du jardin. 

Les Urbainculteurs vendent aussi, en ligne et en boutique, des jardinières en géotextile assez géniales de même que des systèmes d'arrosage automatique et d'autres accessoires de jardinage.

Les boutiques servent également de point de chute pour des paniers bios, et on y offre des services-conseils en conception et aménagement de potagers. Que demander de plus?

Allons, plus d'excuse: à vos bêches!

Photo fournie par Les Urbainculteurs

Les Urbainculteurs vendent aussi, en ligne et en boutique, des jardinières en géotextile assez géniales de même que des systèmes d’arrosage automatique et d’autres accessoires de jardinage.

Photo fournie par Les Urbainculteurs