La météo fait la vie dure à nos végétaux ces temps-ci. Qu'en est-il précisément? Impacts et portrait de la situation cet été.

Les bouleaux ont commencé à perdre leurs feuilles, certains arbres comme les peupliers faux-trembles le long du Saint-Laurent, en face de Longueuil, sont passés du vert au jaune, les fraises sont plus petites, une foule de plantes du jardin fanent plusieurs heures par jour sous l'effet de la chaleur intense et les gazons ont perdu leur éclat. Dans les sous-bois, le feuillage de plusieurs jeunes arbres est complètement sec. Résultat de la récente canicule, doublée d'une sécheresse. Et d'ici à la fin de l'automne, des périodes semblables, il y en aura d'autres.

La neige est disparue dans le temps de le dire en mars. Cette fonte très rapide a laissé peu d'eau dans le sol, la grande majorité ayant ruisselé à la surface.

Du 16 juin au 16 juillet, les précipitations ont totalisé 35,6 mm à la station météorologique de Saint-Hubert. La normale est de 96,3 mm.

Selon le météorologue André Cantin d'Environnement Canada, amateur de jardinage également, au cours des trois derniers mois, nous avons connu un déficit en eau de 50% par rapport à la normale. Il faudrait donc qu'il pleuve deux fois plus que d'habitude, et cela, durant les trois prochains mois, pour que le niveau de nos cours d'eau, par exemple, redevienne normal.

La pluie providentielle de lundi et mardi (43,7 mm) a revigoré les platebandes, mais là où il n'y avait pas eu d'arrosage, l'eau a pénétré dans le sol seulement sur 10 à 15 cm selon les tests réalisés sur mon terrain.

Des plantes plus résistantes

Même si les étés semblent plus chauds et plus secs depuis quelques années, vous ne referez pas votre jardin en plein coeur de juillet. Mais c'est le temps de planifier les achats de la prochaine saison en vue d'y introduire des plantes vivaces plus résistantes à la sécheresse. Il en existe de nombreuses espèces.

Chez les graminées : fétuques, deschampsies, stipas, phalaris, helictotrichons, sans oublier la plus résistante, Calamagrostis «Karl Foerster», d'une hauteur de 1,5 m, d'où sa grande popularité dans les parcs municipaux.

Du côté des arbustes, lilas, cotonaesters et potentilles frutescentes ont aussi la couenne dure.

Plusieurs autres plantes sont faites pour la sécheresse : le cactus Opuntia humifusa, les yuccas ainsi que les innombrables euphorbes, sédums et joubarbes.

Chez les vivaces, hémérocalles achillées, baptisias, gaillardes, perovskias, lavandes, échinacées, anaphalis, anthemis, asclépiades, centaurées et bien d'autres font partie de la liste.

Si vous cherchez «végétaux adaptés aux conditions de sécheresse» sur Google, vous pourrez accéder automatiquement à la liste exhaustive de la ville de Sainte-Thérèse.

La canicule

Les données de température sont prises dans des conditions particulières, notamment dans un endroit ventilé, souligne André Cantin. Ainsi, si Environnement Canada annonce 30°C, la température réelle à la surface d'une feuille exposée au soleil sera encore plus élevée. Dans la platebande, la température au niveau du sol pourra facilement atteindre les 40°C, du moins aux endroits qui ne sont pas ombragés, ce qui ajoutera au microclimat torride où poussent vos plantes. Elles sont donc plus assoiffées que l'on ne peut l'imaginer.

Mais sécheresse et canicule sont deux choses différentes. Les plantes sont sensibles aux grandes chaleurs même quand l'apport d'eau est normal.

Au jardin, les feuillages peuvent devenir plus pâles et même brûler, comme c'est parfois le cas chez les hostas. Habituellement, si les températures caniculaires se prolongent comme cet été, la floraison est plus hâtive, mais les fleurs durent moins longtemps et sont souvent moins belles, parfois décolorées. Dans certains cas, notamment chez certaines hémérocalles à longue floraison telles « Stella De Oro» ou «Black Eyed Stella «, les fleurs peuvent disparaître durant des semaines. Par contre, chez certaines variétés, une floraison hâtive pourrait entraîner exceptionnellement une seconde production de fleurs en fin d'été.

La situation est plus problématique chez les espèces qui exigent un sol humide. Les azalées et autres rhododendrons ou encore les ligulaires soumis à une température élevée pourront rendre l'âme s'ils manquent d'eau. Par contre, les fougères vont sécher et tomber en dormance. Elles n'ont pas survécu des millions d'années d'évolution pour rien.

Au potager, les grandes chaleurs font monter les radis et de nombreuses laitues en graines. Plusieurs plantes vont réduire aussi leur production de fleurs ou de fruits, toute l'énergie étant consacrée à la transpiration.

Le cas des arbres est différent et souvent moins dramatique qu'il n'y paraît même si l'effet des grandes chaleurs combiné à une sécheresse peut avoir un impact esthétique considérable. Au lieu d'utiliser toutes les réserves d'eau à sa portée dans le sol, ce qui équivaudrait à une forme de suicide, l'arbre limite sa transpiration. Ses feuilles peuvent se recroqueviller, offrant ainsi moins de surface au soleil. Il se délestera d'une partie de son feuillage ou se dépouillera complètement si nécessaire.

Dans le cas des arbres fruitiers, les fruits seront moins gros, moins abondants et tomberont au besoin. Ce stress rend toutefois le végétal plus sensible aux maladies et aux insectes.



L'arrosage en période de canicule

- Très tôt le matin ou en début de soirée afin de réduire les pertes par évaporation.

- Toujours après avoir biné le sol.

- Toujours au pied de la plante en évitant si possible de mouiller le feuillage.

- Arroser longtemps pour obliger les racines à puiser l'eau à plus grande profondeur, de 15 à 20 cm, ce qui les rend moins sensibles aux futures sécheresses.

- Arroser le pied des arbres et des arbustes fraîchement plantés au moins une fois par semaine.

- Au potager, tomates, melons, concombres, laitues et aubergines sont parmi les plantes qui exigent le plus d'eau.

- Quand le gazon jauni, il entre en dormance et ne meurt pas. Ne vous inquiétez pas.

- Attention! Ne vous laissez pas berner par les orages. La plus grande partie de l'eau ruisselle alors jusqu'aux égouts, car la capacité du sol à l'absorber est évidemment limitée dans le temps.

Photo archives La Presse

Évitez de vaporiser le feuillage comme le font trop d'amateurs de jardinage.