Vous aimeriez cultiver des légumes avec les voisins, dans le petit lopin de terre inutilisé au coin de la rue? Installer des plants d'aubergine en sacs sur une placette bétonnée? Planter des choux sur le terre-plein d'une avenue? Aménager des fossés dignes de Carrot City (l'exposition)? Estimez-vous que la Ville devrait subventionner de tels projets?

Désireux de provoquer une réflexion collective et une vision cohérente de l'agriculture en ville, le Groupe de travail en agriculture urbaine (GTAU) et l'un de ses membres, le Centre d'écologie urbaine de Montréal, ont lancé, mercredi, une semaine de mobilisation intensive en faveur d'une consultation publique. Jusqu'au 4 octobre, les citoyens seront invités à signer une pétition dans certains marchés publics et certaines stations de métro.

Les organisateurs ont déjà recueilli 8000 signatures en sept semaines, et visent un total de 15 000 d'ici le 8 novembre. «Si 15 000 citoyens signent avant cette date, la Ville de Montréal sera dans l'obligation de tenir une consultation, en vertu du droit d'initiative», explique Pierre Chevalier, de la Ville de Montréal, faisant référence à ce nouvel outil à la portée des citoyens de Montréal depuis janvier 2010.

«Beaucoup de groupes ont développé l'agriculture urbaine à Montréal, mais nous souffrons d'une absence de vision politique, explique Marie-Ève Voghel Robert, porte-parole du GTAU. Nous n'avons pas d'interlocuteur à la Ville de Montréal. Pour obtenir des autorisations ou des subventions, les gens rebondissent d'une division à l'autre: développement durable, développement social, verdissement, service des parcs, etc.»

Le GTAU réunit huit organismes et en a rallié à sa cause 35 autres, qui participeront à la collecte de signatures. Ces militants voudraient que les bienfaits de l'agriculture urbaine soient reconnus: création d'îlots de fraîcheur, amélioration du milieu de vie et de la santé, production de légumes frais et sains, cultivés sans pesticide et disponibles sans transport, sécurité alimentaire, création de lieux de rencontre sociale, développement d'un esprit de quartier, etc.

Abeilles: pour ou contre?

Tim Murphy cultive des légumes en ville depuis des années sur le toit vert de l'édifice du Santropol Roulant, Plateau-Mont-Royal. Pour la première fois cet été, il a installé deux ruches sur cette surface de 1500 pi2. «Avoir des abeilles permet de fabriquer son propre miel et de favoriser la pollinisation, sans laquelle aucune plante ne peut donner de fruits», explique-t-il.

L'installation d'un rucher relève d'une loi provinciale, qui s'applique à la campagne comme à la ville. Tim Murphy affirme n'avoir eu aucun problème d'obtention de permis, car l'arrondissement du Plateau est déjà gagné à l'apiculture, menant lui-même son propre projet pilote. «Mais d'autres arrondissements considèrent les abeilles comme des insectes nuisibles, à éradiquer au même titre que les guêpes», ajoute-t-il. Selon lui, le défi en est un d'éducation. «On sait que de 1% à 2% de la population doit savoir se protéger contre une forte réaction d'allergie. On sait aussi que les abeilles piquent rarement.»

Que faire si un voisin refuse les abeilles? «On se trouve dans un vide législatif, comme c'est souvent le cas en agriculture urbaine! Je suppose qu'à la longue, les municipalités vont élaborer une réglementation», conclut M. Murphy.

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