L'agrile du frêne s'est-il installé chez vous?

De plus en plus de propriétaires sont inquiets, du moins si je me fie aux nombreux courriels reçus à ce sujet au cours de l'été.

Heureusement, la chose semble peu probable, du moins à première vue, surtout si vous résidez en dehors de la zone de quarantaine décrétée l'an dernier par l'Agence canadienne d'inspection des aliments, un territoire qui regroupe Saint-Basile-le-Grand, Saint-Mathias-sur-Richelieu, Richelieu, Chambly et évidemment Carignan, l'endroit où l'on a localisé la bestiole verte en 2008.

D'ailleurs, comme c'est le cas pour plusieurs autres insectes perceurs, la présence de cet agrile chez un frêne n'est pas évidente. Les symptômes peuvent mettre plusieurs années à se manifester. Le tiers supérieur de l'arbre va se dégarnir progressivement, quelques branches mourront faute d'une alimentation suffisante en sève (la même chose se produit chez le bouleau envahi par l'agrile du bouleau), le feuillage devient moins dense et trait caractéristique dans le cas du frêne, de nouvelles pousses font habituellement leur apparition sur le tronc.

 

Sur l'écorce, on découvre quelques petits trous en forme de D, alors que sous l'écorce morte, on peut voir des galeries en forme de S.

Attention! La défoliation accélérée des frênes provoquée actuellement par la sécheresse de septembre n'a rien à voir avec les méfaits de l'agrile.

L'agrile du frêne est un petit insecte verdâtre d'environ 1,5 cm de longueur. Il pond ses oeufs dans les anfractuosités de l'écorce des frênes, toutes espèces confondues (on en compte quatre espèces au Canada, dont la plus répandue, le frêne de Pennsylvanie). La larve se développe entre le bois et l'écorce. Elle creuse des tunnels qui empêchent la sève de circuler librement, provoquant la mort lente mais certaine de l'arbre. Le végétal commence à se défolier et petit à petit il meurt, habituellement après une agonie qui s'échelonne sur deux à quatre ans. (Rappelons que l'agrile du bouleau fait exactement la même chose chez son hôte.) Quand la larve termine son cycle pour former l'insecte adulte, elle émerge du tronc en forant un trou en D.

Déjà des dizaines de millions de victimes

Originaire d'Asie, l'agrile du frêne est arrivé en terre d'Amérique vraisemblablement à la fin des années 90, dans le bois des caisses servant à transporter du matériel. Mais c'est en juillet 2002 que la bête a été signalée pour la première fois à Detroit, dans le Michigan, où déjà quelques arbres montraient des signes importants de défoliation. La ville de Windsor, de l'autre côté de la frontière, vivait le même drame.

L'insecte est en constante progression depuis. Il est installé dans une douzaine d'États américains où on estime qu'il a déjà tué des dizaines de millions de frênes, eh oui, des dizaines de millions, une espèce prédominante dans le nord-est du continent. Les pertes vont se compter en centaines de millions de dollars et on avance même le chiffre de 25 milliards au cours des deux prochaines décennies. Au Canada, le coléoptère est maintenant présent dans plusieurs villes ontariennes (Sault-Ste.-Marie, Toronto, Hamilton, et Ottawa). La situation est parfois considérée comme hors de contrôle. À Windsor, 95% des frênes sont actuellement affectés. D'ailleurs, on estime que la bête est déjà présente dans le tiers de l'aire de distribution du frêne dans l'est du continent. Dans tout l'État du Michigan, cette proportion est de l'ordre de 90%.

Comme c'est le cas sur la Rive-Sud, les autorités gouvernementales ont décrété des zones de quarantaine là où l'agrile est signalé pour éviter, par exemple qu'on transporte du bois de chauffage ou du bois d'oeuvre d'un endroit infesté à un autre, une façon pour la bête de voyager.

Au Québec, certains experts consultés estiment toutefois que l'agrile est déjà présent à l'extérieur de la zone de quarantaine et que ce n'est probablement qu'une question de temps pour que l'invasion se manifeste à grande échelle. À Montréal, 20 % de la forêt urbaine est constituée de frênes, soit autour de 40 000 arbres. Or, non seulement, les autorités municipales estiment-elles que tôt ou tard, l'insecte y fera des ravages mais depuis deux où trois ans, on ne plante plus de frêne le long des rues, une situation qu'on a déjà connue avec l'orme d'Amérique.

D'ailleurs, on imagine mal l'allure que pourront avoir les forêts du sud du Québec et le couvert végétal de nos banlieues dans 10 ou 20 ans. Surtout qu'en milieu naturel, le frêne de Pennsylvanie occupe une bonne partie du couvert végétal et qu'il a une longévité impressionnante de plus de 100 ans. En 2004, La Presse avait même publié la photo d'un spécimen de plus de 250 ans.

UN REMÈDE HORS DE PRIX

Il existe un remède pour empêcher l'agrile du frêne de tuer son hôte, mais il est malheureusement hors de prix, même pour une ville comme Montréal, estime un représentant de la municipalité. En réalité, le coût est tellement prohibitif qu'on songerait à utiliser la potion miracle seulement pour sauver quelques arbres, ceux qui ont une grande valeur patrimoniale, par exemple.

Il s'agit de TreeAzin, un produit à base de graines de margousier, l'arbre qui produit l'huile de neem. Mis au point par Service canadien des forêts et commercialisé au Canada par BioForest grâce à une procédure d'homologation d'urgence, le produit est injecté dans l'arbre à petites doses selon une technique complexe. Seul un professionnel peut faire le travail et la potion magique doit être renouvelée habituellement aux deux ans. Coût du traitement : autour de 150$ par arbre; si le spécimen est relativement gros, il faudra dépenser vraisemblablement quelque 500$, parfois même jusqu'à 1000$... probablement à tous les deux ans. Une fortune.

Heureusement, il y a une lueur d'espoir, explique Louis-Philippe Vaillancourt, porte-parole de l'Agence canadienne d'inspection des aliments. Les États-Unis font des tests actuellement avec un ennemi naturel de l'agrile du frêne, une espèce de guêpe asiatique, et les résultats semblent prometteurs. Mieux encore, on a constaté récemment que nos propres guêpes indigènes semblent avoir découvert que cet ennemi du frêne offrait un potentiel intéressant pour sa propre survie. En effet, l'hyménoptère peut atteindre les larves maléfiques sous l'écorce pour y pondre ses oeufs et finalement tuer l'insecte perceur. L'avenir dira si nos frênes pourront être sauvés.

LE TOUR DU JARDIN

Nature assoiffée

Espérons que la récente pluie atténuera les effets de la sécheresse qui perdure depuis de nombreuses semaines. Terre craquelée et feuilles séchées qui tombent prématurément sont des signes qui ne trompent pas. Vivaces et arbres, particulièrement les conifères, ont soif, terriblement soif. Il faut donc arroser abondamment. Arroser pour que les vivaces puissent passer l'hiver sans trop de problèmes ; arroser pour que les arbustes comme les hortensias et les azalées puissent survivre;arroser pour que les conifères comme les thuyas ne jaunissent pas trop à la suite des vents desséchants sibériens.

Des poires asiatiques exceptionnelles

En dépit de la sécheresse, les poiriers asiatiques donnent une fois de plus une récolte exceptionnelle: fruits sucrés, juteux et croquants. Le temps pluvieux du début de l'été et le soleil des dernières semaines ont sûrement contribué à la situation.

Ces poiriers ne nécessitent presque pas d'entretien, si ce n'est une légère taille au printemps. Ils n'ont jamais eu besoin de traitements. Je vous rappelle leur nom : «Chojuro» a la peau brune, très croquante, sucrée à souhait et «Shinseiki» à la peau jaune, légèrement verdâtre, croquante, elle aussi, et extrêmement juteuse. Il est préférable de planter les deux variétés l'une près de l'autre pour assurer une pollinisation maximale.

Woodsia alpina, une fougère alpine résistante

Le jardin alpin est un monde fascinant. La beauté délicate des fleurs m'a séduit depuis un bon moment, mais la dimension de plusieurs de ces plantes reste souvent le grand sujet d'étonnement. Je pense notamment au lupin nain qui a fleuri durant des semaines, mais aussi à Woodsia alpina, une fougère minuscule qui ne dépasse guère les 8 cm chez moi et qui a résisté sans trop souffrir à la période de sécheresse du début septembre.

La woodsie alpine, de son nom en français, est une plante rare au Québec. On la retrouve parfois sur la côte sud et en Gaspésie. Répandue un peu partout dans l'hémisphère boréal, notamment en montagne et sur les côtes de la Nouvelle-Angleterre, elle peut atteindre la taille considérable de... 15 cm. Mignonne comme tout, elle convient particulièrement bien aux rocailles de petites dimensions, dans les anfractuosités de pierres par exemple. Ici, elle est vendue par au moins un grossiste spécialisé, les Fougères boréales. Le terme woodsia a été créé pour souligner la mémoire de l'architecte anglais Joseph Woods (1776-1864), qui avait une grande passion pour la botanique au point de signer un ouvrage sur le genre rosa.