Les mordus de jardinage, dans la région de Québec, sont fatigués de la pluie. Mais ils ne maugréent pas contre elle. Ils font contre mauvaise fortune, bon coeur. Ils gardent le moral et ne cessent de s'occuper de leur jardin. Et ils le font sérieusement.

«Les gens ne pestent pas contre le mauvais temps», constate Sébastien Mercier, directeur de service au Centre jardin Paradis, boulevard Bastien. Car, qu'il pleuve ou fasse beau, ils aiment remuer la terre. C'est la «loi» du jardinier. En revanche, ceux qui ne tolèrent pas l'averse ou le crachin mettent les bouchées doubles lorsque le temps se répare.

 

Les jardiniers, plus nombreux que jamais, s'affairent. De plus, continue M. Mercier, certains veulent que leur cour s'accorde, en beauté et en finesse, avec l'intérieur de leur maison. En cela, ils sont déterminés à protéger leur investissement.

Actuellement, plusieurs de leurs plantes sont malades. Souvent leurs feuilles sont couvertes de «taches nécrosées». Parfois elles sont infestées de pucerons ou de chenilles. «Les gens viennent à notre rencontre en quête d'un conseil, d'une approche ou d'un produit pour combattre les maux de leurs végétaux. Ils le font d'une façon réfléchie», reprend M. Mercier.

Déception

Des citadins partent dans le sud, las de ce deuxième été pluvieux en autant d'années. Mais les jardiniers tiennent bon. Ils espèrent les beaux jours. «Les débutants, eux, n'y voient rien d'enthousiasmant. Cela les contrarie. Au point de se décourager, éventuellement», appréhende Marcel Lamontagne, gestionnaire et conseiller au Centre Jardin Hamel.

Mais ce qui déçoit sans doute le plus les jardiniers, ce sont leurs annuelles. Elles ne sont pas particulièrement belles et florissantes, cette année.

«La raison est simple, il manque de soleil. Hélas! on ne peut ni le remplacer ni en trouver dans les centres jardins», regrette Mario Moraldo, pdg de Pépinière Moraldo, boulevard Bastien et Route 138.

Il note, d'un autre côté, que la «température», depuis mars, est un grand sujet de conversation dans les jardineries. Le printemps a été froid, on en a jasé, mais on n'en a pas moins fait son jardin avec soin. L'été est mouilleux, on le déplore, mais sans amertume.

Cependant, les jardiniers restent confiants, croit M. Moraldo. Puisque nos étés se prolongent désormais jusqu'en octobre. Les annuelles et vivaces n'ont pas dit leur dernier mot.

Deux côtés de la médaille

Mais la pluie n'a pas que des inconvénients. «Après tout, à toute médaille, il y a deux côtés», ajoute-t-il. Nul besoin d'abord d'arroser le gazon - qui, au reste, est bien portant spécialement s'il est bien fourni - , le jardin ou le potager. Ils se suffisent à eux-mêmes. Les arbres et arbustes, quant à eux, filent le parfait bonheur. À moins que le sol dans lequel ils se trouvent ne soit pas bien drainé. «Dans ce cas, les racines risquent de pourrir», craint le pépiniériste.

Et s'il y a des travailleurs qui se félicitent de la pluie, ce sont les paysagistes», pense Gaëtane Dupéré, chef pépiniériste au Centre Jardin Bourbeau de Charlesbourg. La terre est meuble, ils n'ont pas chaud et s'habillent en conséquence. Autrement, quand il fait beau, ils suent à grosses gouttes.

Chez Floralies Jouvence de Sainte-Foy, chez le Pépiniériste Moraldo, dans les centres jardin Hamel, Paradis et Boubeau, la pluie ne met pas le négoce en péril. Au contraire. «Il y a autant de monde que l'an passé», jure Gaëtane Dupéré.

La demande d'insecticides est importante, relate Daniel Breton, au service à la clientèle chez Floralies Jouvence. Pour combattre, par exemple, le criocère du lis. Mais, fait particulier, les pluies ont été si fréquentes qu'elles rendaient parfois les produits sans effet. Puisqu'il faut en épandre localement et espérer qu'il ne pleuve durant 12 à 24 heures. Or, il pleut entre-temps.