C'est souvent à la fin mai que les dommages attribuables à l'hiver commencent vraiment à se manifester. Et cette année, ils sont plus nombreux que prévu, une situation provoquée sans doute par un aoûtement trop tardif ou déficient et par les grands froids que nous avons connus.

C'est souvent à la fin mai que les dommages attribuables à l'hiver commencent vraiment à se manifester. Et cette année, ils sont plus nombreux que prévu, une situation provoquée sans doute par un aoûtement trop tardif ou déficient et par les grands froids que nous avons connus.



In memoriam, mon sympathique bananier vivace, qui avait pourtant passé deux ou trois hivers sans encombre (c'est la seule plante qui était l'objet d'une protection hivernale sur le terrain) est donc passé de vie à trépas. Plus surprenant encore, un de mes deux fusains européens plantés il y a une dizaine d'années (son tronc atteignait 20 cm de diamètre) est raide mort après une existence sans tracas. Adieu aussi le paulownia, qui montrait toutefois des signes d'essoufflement ces dernières années (celui de mon ami Ricardo Larrivée à Chambly est toujours en pleine forme).

La plupart de mes vieux plants de lavande sont morts, même s'ils avaient résisté à des hivers, à mon avis, beaucoup plus difficiles. Le pommetier «Brandy Wine» se remet péniblement (aucune fleur) et plusieurs nouvelles échinacées n'ont pas survécu, notamment la belle «Tiki Torch». Sur mon toit vert où sont actuellement en fleurs ciboulettes et Iris setosa, les Lychnis alpina ,qui avaient été merveilleux l'an dernier, ont aussi rendu l'âme.

Les nouvelles sont toutefois excellentes du côté des jardins alpins, où la très grande majorité des plantes, souvent minuscules, ont résisté sans peine au gel. Même situation chez les crocosmias, toutes variétés confondues, qui sont pourtant considérés peu rustiques sous nos climats. Allez comprendre quelque chose. Voilà qui confirme une fois de plus que l'horticulture est une science inexacte.

La recette d'Alberto 

Le temps froid de mai n'a guère encouragé les amateurs de jardinage à s'amuser dans leurs platebandes, surtout à voir les annuelles qui donnaient l'impression de frissonner sous nos yeux. J'attends la première période de chaleur pour planter mes tomates. Les légumes qui aiment habituellement le froid (laitue, radis, pois, etc.) montrent des retards de croissance et certains arbustes fruitiers en fleurs ont manifestement manqué d'insectes pour leur pollinisation.

Par ailleurs, en dépit de leur nom, mes euphorbes annuelles «Diamond Frost» ont littéralement figé sous les froidures et même leur feuillage a été altéré. Je vais donc appliquer la recette d'Alberto Scardera, de la pépinière du même nom, à Longueuil, qui me racontait récemment comment il avait sauvé et ragaillardi des plantes éprouvées par le froid et parfois même un léger gel. À une certaine époque, il rentrait toutes ces plantes à l'intérieur dès qu'il y avait apparence de gel, mais les quantités étaient telles qu'il ne suffisait pas à la tâche. Certaines passaient donc la nuit à l'extérieur. Annuelles et potagères mal en point à cause du froid avaient ensuite droit à un bon cordial composé d'une cuillerée à thé de 20-20-20 par litre d'eau durant trois jours consécutifs. Attention, précise l'horticulteur: on ne dépasse pas la dose recommandée, on n'arrose pas si le sol est détrempé et on s'en tient seulement aux trois jours de traitement. Tout excès pourrait être nocif.