En pleine saison de l'ail des bois, il est fort possible que des marchands malhonnêtes tentent de vous en vendre. De grâce, ne succombez pas à la tentation! Le commerce de l'ail des bois est interdit depuis 1995 au Québec.

En pleine saison de l'ail des bois, il est fort possible que des marchands malhonnêtes tentent de vous en vendre. De grâce, ne succombez pas à la tentation! Le commerce de l'ail des bois est interdit depuis 1995 au Québec.

 Il faut se rappeler que dans les années 90, la commercialisation de cette plante avait entraîné la disparition de milliers de colonies au Québec et menaçait même la survie de l'espèce, du moins dans certaines régions, comme la Montérégie, l'Outaouais et les Basses-Laurentides. En 1993, par exemple, la défunte chaîne d'alimentation Steinberg avait même lancé une publicité incitant ses clients à acheter des bulbes d'ail des bois... avant que la plante ne disparaisse.

Comme plusieurs autres espèces sauvages, le processus de reproduction de cette liliacée est extrêmement lent. La période de dormance des graines peut s'étaler sur un à trois ans. Dans son excellent ouvrage Flore printanière (Ed. Fleurbec), l'auteure Gisèle Lamoureux indique qu'en milieu naturel, à peine 33% des graines germent au bout d'un an et 15% après deux ans.

 Le programme de réintroduction de l'ail des bois mis de l'avant par le Biodôme de Montréal démontre aussi la lenteur de cette reproduction. En 2000 et aux cours de trois autres années, l'institution a distribué des dizaines de milliers de semences afin qu'elles soient plantées en pleine nature, dans des habitats appropriés. Environ 1100 personnes ont planté ces graines et assuré un suivi de l'évolution des plantations. Même si les semis ont donné de bons résultats, les plants de l'année 2000 n'avaient toujours pas donné de fleurs l'an dernier - huit ans plus tard - et n'avaient donc pu se reproduire. Les résultats du printemps en cours ne sont pas encore connus.

Si la loi permet toujours de cueillir 50 bulbes par année, (Mme Lamoureux, elle, s'oppose à toute cueillette), la récolte illégale, hélas! reprend de plus belle chaque printemps. L'an dernier, les agents de conservation ont saisi 37 400 bulbes, ce qui ne représente vraisemblablement que la pointe de l'iceberg, le personnel du Service de protection de la faune ayant beaucoup d'autres chats à fouetter. Il est assez difficile d'ailleurs de se fier aux saisies pour déterminer si la vente illégale est en progression ou si elle ddiminue. Bon an mal an, un pe plus de 100 contrevenants sont arrêtés.

Si vous êtes arrêté avec plus de 50 bulbes en votre possession, l'amende minimale sera de 500$. Les cueilleurs illégaux sont habituellement condamnés à une amende supplémentaire équivalant à 1$ pour chaque plant cueilli en trop.

Facile à transplanter

Par ailleurs, la possibilité de cueillir quelques bulbes par année peut vous permettre, si le coeur vous en dit, d'avoir votre propre plantation chez vous.

Les bulbes saisis par les agents de conservation sont d'ailleurs normalement remis, le plus rapidement possible, à des participants au programme du Biodôme. Ceux-ci se chargent de les planter à nouveau pour tenter de les sauver. Jusqu'à maintenant, les résultats sont encourageants puisque les bulbes transplantés survivent dans une proportion de 50%. Évidemment, impossible de redonner vie à de l'ail qui a séjourné quelques jours... dans un pot de vinaigre.

Il est assez facile de transplanter l'ail des bois, ce qui est permis évidemment jusqu'à concurrence de 50 plants par année. Il faut d'abord procéder à l'extraction avec délicatesse, puis transplanter le bulbe dans un terreau riche retenant bien l'humidité, richement pourvu en compost, en position mi-ombragée, sous des arbres feuillus, par exemple. Je vous conseille de commencer avec un minimum de bulbes, histoire de vérifier si la plante pousse bien à l'endroit choisi.

 Autre recommandation: il est préférable de faire votre cueillette dans des colonies importantes (plus de 1000 plants) et de ne jamais prélever plus de 5% des plants d'une population donnée au risque de perturber sa régénération. Attention! Récolter de l'ail des bois sur une propriété privée sans obtenir la permission du propriétaire est un vol. Le goût du bulbe et de ses feuilles, qui rappellent celles du muguet, a un attrait indéniable. Mais Allium tricoccum , de son nom scientifique, n'est guère décoratif. Ses feuilles disparaissent au bout de quelques semaines après la feuillaison des érables, indique Gisèle Lamoureux dans son volume. Quant aux fleurs, qui apparaissent en juillet, elles sont plutôt discrètes.

L'ail des bois se reproduit aussi végétativement comme la plupart des plantes bulbeuses. Dans ce cas toutefois, ce sont les gros bulbes seulement qui produisent un rejeton, habituellement entre l'âge de 7 à 10 ans.