Assurément, il n'y a qu'un mot pour qualifier le jardinier Ken Taylor: innovateur. Dans sa ferme, à L'Île-Perrot, il cultive depuis des années une vingtaine de variétés de poiriers asiatiques - un arbre qui n'est pas assez rustique pour pousser au Québec, soutiennent encore aujourd'hui de nombreux pomiculteurs. Il est aussi à l'origine de la renaissance du melon «Montréal», jadis en vogue chez les gens riches de New York, et il en a sélectionné un hybride de petite taille, le «Mini-Montréal».

Assurément, il n'y a qu'un mot pour qualifier le jardinier Ken Taylor: innovateur. Dans sa ferme, à L'Île-Perrot, il cultive depuis des années une vingtaine de variétés de poiriers asiatiques - un arbre qui n'est pas assez rustique pour pousser au Québec, soutiennent encore aujourd'hui de nombreux pomiculteurs. Il est aussi à l'origine de la renaissance du melon «Montréal», jadis en vogue chez les gens riches de New York, et il en a sélectionné un hybride de petite taille, le «Mini-Montréal».

 Le hardi jardinier a aussi obtenu des châtaigniers qui résistent sans traitement particulier à la terrible maladie qui a décimé le châtaignier d'Amérique partout sur le continent, il y a une centaine d'années (on parle de quatre milliards d'arbres qui faisaient vivre toute une industrie forestière aux États-Unis).

 Producteur bio, il est également de ceux qui font la promotion du raisin de table québécois: plus de 100 variétés de vignes sont à l'essai chez lui. Il possède plusieurs espèces d'arbres à noix qu'il dorlote amoureusement, dont le pacanier. Ken Taylor s'amuse aussi à créer de nouvelles lignées de melon. Par exemple, il y a quelques années, l'ex-professeur a réussi à obtenir ce magnifique melon d'eau à peau jaune vif et à chair jaunâtre, sucrée, exquise. Baptisé «Lorraine», du nom de sa tendre moitié, son melon donne parfois une chair entièrement rose, tout aussi délicieuse. Un caprice de la nature que le jardinier n'est pas encore parvenu à maîtriser complètement.

 «C'est un pur hasard, dit-il. Un jour, parmi des dizaines de plants provenant de graines trouvées chez un collectionneur américain, voilà que l'un d'eux s'est mis à produire des melons à peau jaune en forme de ballon de football. Plutôt original, n'est-ce pas? Et il était délicieux. Mais la sélection n'est pas encore parfaite puisque certaines graines produisent étrangement des melons jaunes à chair rouge. Mais ça viendra.»

 Après avoir enseigné la biochimie durant 35 ans au collège John Abbot, à Sainte-Anne-de-Bellevue, Ken Taylor, 63 ans, est à la retraite depuis trois ans, moment divin où il peut prendre enfin tout le temps voulu pour s'occuper de sa ferme bio avec sa douce, dit-il. La ferme est ouverte au public les samedis seulement, si bien qu'il peut mener ses expériences sans contrainte tout le reste de la semaine.

Aucun impact

 Pourtant, malgré l'originalité de ses trouvailles, elles n'ont eu jusqu'à maintenant aucun impact sur le monde agricole québécois. Il estime, par exemple, que le melon Lorraine pourrait avoir un bel avenir commercial, même pour l'exportation. «Il n'y a aucune redevance à verser pour obtenir des graines, fait-il valoir. Il suffit d'acheter un melon et de planter les semences l'année suivante. La plante est facile à cultiver et hâtive.»

 Mais si l'avenir de «Lorraine» est à bâtir, le retraité-jardinier s'explique mal pourquoi tous ses efforts pour promouvoir la culture de la poire asiatique n'ont donné aucun résultat. «Nos pomiculteurs ont probablement une occasion en or entre leurs mains, mais ils n'en profitent pas. Et on importe des fruits qui nous viennent de la Californie et de l'État de Washington alors que plusieurs variétés tout aussi intéressantes pourraient pousser chez nous.»

 La semaine dernière, ces fruits croquants et très juteux se vendaient 1,25$ pièce à l'épicerie. À l'heure actuelle, un producteur de pommes obtient de 10 à 12$ pour un minot de fruits (19 kg). Le Québec serait d'ailleurs l'endroit où la culture de la pomme s'avérerait la moins rentable sur le continent.

 Pourtant, explique Ken Taylor, plusieurs variétés de poires asiatiques poussent sans problème en zones relativement froides. «Ici, nos arbres sont cultivés depuis 20 ans sans engrais, sans pesticide, sans irrigation, sans taille. Et ils ont résisté à des -35°C, même s'ils sont situés dans des couloirs de grands vents. Ces poiriers n'ont jamais été atteints par la maladie, les fruits sont impeccables, délicieux. Difficiles de demander plus à un arbre fruitier.» Le plus étonnant, c'est qu'au moins deux variétés se vendent assez couramment dans les centres de jardin (Shinseiki et Chojuro) et qu'elles sont très productives. Comme quoi nul n'est prophète en son pays!

 La ferme biologique Pointe-du-moulin, 2103, boul. Perrot ou www.windmillpointfarm.ca .

 

Photo Rémi Lemée, La Presse

Ken Taylor s'amuse aussi à créer de nouvelles lignées de melon. Il y a quelques années, l'ex-professeur a réussi à obtenir ce magnifique melon d'eau à peau jaune vif et à chair jaunâtre, sucrée, exquise.