Découvrir une nouvelle plante dans son jardin en raison d'une hybridation ou d'une mutation naturelle est toujours captivant.

Découvrir une nouvelle plante dans son jardin en raison d'une hybridation ou d'une mutation naturelle est toujours captivant.

 Je me souviens de cette hémérocalle qui présentait une ligne blanchâtre sur la bordure de chaque feuille, ou, mieux encore, ce trille blanc qui avait des feuilles marbrées comme son voisin, un trille jaune (T. luteum). Je suis persuadé que plusieurs d'entre vous ont vécu semblable aventure, la plupart du temps sans lendemain. Tout simplement parce que le nouveau caractère génétique de l'hybride ou du mutant était éphémère ou instable. Et dans la plupart des cas, en dehors de la curiosité qu'elle suscite, la nouveauté reste de peu d'intérêt.

Mais ce n'est pas toujours le cas. De nombreuses compagnies de mise en marché comme Terra Nova, Ball, Darwin, Tesselaar ou encore Proven Winner dont le chiffre de ventes au détail dépasse les 500 millions $ US par année, mettent régulièrement des plantes en vente qui ont été hybridées ou découvertes par un jardinier amateur. Il existe même des «chasseurs» de nouveautés dans le domaine des vivaces.

Mais si vous avez entre les mains une plante d'un intérêt commercial certain, vous ne venez pas de gagner pour autant le gros lot. Il faudra investir temps et argent avant que votre découverte ne se retrouve à l'étal de votre pépinière. Et le succès de l'entreprise n'est jamais assuré. «C'est comme la loterie, insiste André Poliquin. Au pire, je n'aurai pas perdu trop d'argent pour mener une expérience agréable, au mieux, je me retrouverai avec un fonds de retraite intéressant», lance-t-il.

Car après l'aventure horticole, c'est l'expérience financière qui commence.

Vous devez d'abord enregistrer officiellement votre plante, ce que vous pouvez faire auprès du Canadian Ornemental Plant Foundation, ou COPF, acronyme l'on découvre souvent sur les étiquettes identifiant les plantes. L'opération ne coûte rien, mais l'organisation prélèvera 10% sur vos droits, droits qui auront été établis de concert avec le COPF. Par contre, elle fait des inspections dans le réseau de producteurs afin de vérifier les stocks. C'est son financement qui est en jeu.

Vous pouvez également obtenir un enregistrement commercial (trademark) pour votre plante avec l'aide d'un avocat, d'un notaire ou d'un spécialiste en brevet. Cette démarche pourra se faire à la fois aux États-Unis, au Canada ou ailleurs dans le monde, selon le marché visé. Coût: de 1500$US à 5000$US par pays. Comme dans le premier cas, vous devrez aussi assumer les frais de marketing. La facture peut être élevée. La troisième avenue consiste à confier votre petite merveille à une firme spécialisée de mise en marché. Mais c'est elle qui s'occupera de toutes les démarches commerciale et légales.

Évidemment vos droits seront moins élevés. Ils varient habituellement de quelques cents à quelques dizaines de cents, rarement plus d'un dollar, pour chaque plante vendue. Ce sont vos partenaires d'affaires qui détermineront le nombre de plantes vendues. C'est une question de confiance.