Quels sont les problèmes le plus souvent évoqués par les amateurs de jardinage au sujet des semis intérieurs ? J’ai posé la question à des semenciers qui doivent répondre chaque année à des clients déçus par leur expérience. L’étiolement des plants et la mort prématurée des plantules sont les revers les plus courants. Conseils pour éviter des déceptions lors de vos semailles.

PHOTO FOURNIE PAR LES JARDINS DE L’ÉCOUMÈNE

Il est rare que les semences elles-mêmes soient en cause lorsque les semis ne donnent pas les résultats attendus.

Contrôlez la fièvre printanière

Jean-François Lévesque produit des semences depuis des années. Copropriétaire de la maison réputée Jardins de l’écoumène, à Saint-Damien, dans la région de Lanaudière, il énumère les principaux facteurs d’échec des semis : manque de luminosité, période et méthode de plantation, aération. Lisa Birri tient le même langage. Membre de la célèbre famille de maraîchers du Marché Jean-Talon, elle offre des semences patrimoniales sur l’internet. « Il est très rare que les semences soient en cause, dit-elle. Si bien que lorsqu’un client me dit que ses semis n’ont pas donné le résultat attendu, qu’ils se sont étiolés, par exemple, j’essaie de trouver l’origine du problème. Malheureusement, la fièvre du printemps en amène plusieurs à agir avec précipitation et à faire des erreurs. »

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

On peut procéder au repiquage dès que les plantules présentent deux feuilles.

Semis trop hâtifs et manque d’éclairage

L’étiolement est d’abord attribuable à une luminosité insuffisante, expliquent nos experts. Allongé et chétif, le plant est souvent voué à une mort prématurée. Et s’il survit aux soins intensifs, la reprise au potager sera très difficile et ne vaudra souvent pas l’énergie consacrée.

La règle d’or : vaut mieux semer plus tard que tôt. Plus vous semez tardivement (début d’avril pour bon nombre de variétés qui devront être transplantées), plus les jours seront longs et plus vos plants en profiteront. On recommande 14 heures d’éclairage par jour, ce qui démontre à quel point les plantules sont exigeantes. Plus elles sont longtemps à l’intérieur, plus les risques d’étiolement sont grands. Les conditions de culture à la maison ne vaudront jamais celles qui prévalent en serre.

Pour optimiser vos chances de succès, il est toujours préférable et souvent essentiel d’utiliser un système d’éclairage artificiel.

La méthode de plantation a aussi son importance. Trop dense, elle favorise aussi l’étiolement. Par ailleurs, une semence enfouie trop profondément mettra beaucoup d’énergie à émerger, ce qui hypothèquera son avenir. Suivez donc à la lettre les indications sur le sachet de graines.

PHOTO PIERRE GINGRAS, ARCHIVES LA PRESSE

Les mini-serres que sont les barquettes de fruits ou de légumes conviennent parfaitement à une foule de semis.

Une question d’aération

La fonte des semis est toujours dramatique. La maladie d’origine fongique détruit les plantules dès qu’elles sortent de terre. Il faut tout recommencer.

Quelques conseils de base : toujours utiliser un terreau vendu à cette fin. Jamais la terre du jardin. Désinfectez tout contenant qui a déjà été utilisé, même les barquettes de fruits et légumes qui peuvent servir à cette fin.

Ouvrez le dôme de vos barquettes ou de votre kit de semences dès l’apparition des premières feuilles et assurez-vous que l’aération est adéquate. Selon Jean-François Lévesque, une bonne circulation de l’air ambiant s’impose ; à défaut, vaudrait mieux utiliser un ventilateur. Une fois les plantules bien dressées, attendez que la surface du terreau soit sèche avant d’arroser à nouveau, toujours délicatement, ou encore en vaporisant.

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Évitez les capsules de tourbe, car leur revêtement en plastique ne se dégrade jamais et est une nuisance dans le compost.

Un terreau humidifié

Il est toujours préférable de bien humidifier le terreau avant de procéder au semis. Pressez légèrement la surface une fois les semences en terre pour vous assurer que le contact avec le substrat est parfait. Vaporisez ensuite légèrement la surface de la plantation. Si les terreaux à semis permettent aux plantules d’atteindre la taille voulue, le repiquage exige un substrat plus riche, soit par l’ajout de mycorhizes ou d’un activateur de sol afin d’aider la plante à bien se développer avant sa mise en terre au potager. Attention : les cucurbitacées (concombres, melons, courgettes, courges, etc.) supportent difficilement le repiquage. Il est donc préférable d’utiliser un pot de bonne grosseur biodégradable que l’on pourra mettre directement en terre à la fin de mai ou au début de juin.

Enfin, ne réduisez pas tous vos efforts à néant en transplantant vos plantes trop tôt au jardin ou encore en omettant de prendre une bonne semaine pour les acclimater à leur nouvel environnement, souligne Lisa Birri. Sortez vos pots à l’extérieur progressivement, évitez le soleil direct, les endroits venteux et, au besoin, rentrez vos plants à l’abri si la température l’exige.

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