Toute sa carrière, Chantal Bergeron a composé des décors pour les autres. Cet été, sur sa vaste terrasse aménagée sur le toit d’un immeuble qui lui appartient dans Hochelaga-Maisonneuve, à Montréal, elle s’est accordé le plaisir de créer deux univers distincts juste pour elle et ses proches.

La dernière année a été éprouvante. La conceptrice visuelle a pris la difficile décision de fermer l’entreprise BOvisuel, qu’elle avait fondée 27 ans auparavant. Pendant quatre mois éreintants, l’été passé, elle s’est départie d’une quantité ahurissante d’objets accumulés dans son entrepôt, en s’assurant d’en jeter le moins possible. Elle était épuisée lorsqu’elle a finalement tendu les clés aux nouveaux locataires, en octobre dernier. Demeurant à l’étage, dans son loft de 1700 pi2, elle a laissé le temps faire son œuvre. Elle a commencé à renaître au printemps.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

D’une part, Chantal Bergeron a ajouté des plantes sur sa terrasse pour élaborer un environnement qui s’approche de ce qu’on retrouve dans la nature. Elle a cherché à recréer un effet naturel en superposant des textures de plantes différentes et en mélangeant des feuillages.

« Comme tout le monde, la sève a monté, confie-t-elle. J’ai décidé de faire ce qui me tentait, et c’était de faire un jardin et un potager, même si j’avais juste un toit à ma disposition. Je l’ai fait lentement, à mon rythme, en apprenant à jouir de la vie, après des années à avoir été une machine à production. »

Le jardinage l’a aidée dans sa transition. « Cela m’a occupée, souligne-t-elle. J’ai toujours tiré parti des espaces. C’est dans mon ADN de créer. Je ne peux pas m’en empêcher. »

Créer des univers, c’est mon dada. La différence, c’est que je l’ai fait, cette fois-ci, pour mon plaisir personnel.

Chantal Bergeron

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Sur la terrasse, d’anciens panneaux de métal ayant appartenu à Holt Renfrew, dans les années 1970, ont changé de vocation et servent dorénavant de barrière.

Elle avait déjà une base intéressante lorsqu’elle a entamé son projet, à l’arrivée des beaux jours. Propriétaire de la bâtisse de deux étages depuis huit ans, elle avait aménagé sur le toit une terrasse originale, en se servant de matériaux hors de l’ordinaire récupérés dans le cadre de son travail. D’anciens panneaux de métal ayant appartenu à Holt Renfrew, dans les années 1970, avaient par exemple changé de vocation pour devenir une clôture.

Potager prolifique

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

D’autre part, Chantal Bergeron s’est approprié un nouvel espace sur le vaste toit, qu’elle a transformé en un spacieux potager. Elle s’est servie de bacs de rangement, qu’elle avait conservés, pour faire pousser divers légumes.

Mme Bergeron avait par ailleurs commencé à faire pousser des tomates dans des pots. La terrasse n’occupant qu’une infime partie des 2700 pi2 à sa portée, elle a décidé d’en tirer davantage profit.

Elle y est allée sur deux fronts. Elle a ainsi ajouté des plantes sur sa terrasse pour élaborer un environnement qui s’approche de ce qu’on retrouve dans la nature.

J’ai cherché à recréer un effet naturel en superposant des textures de plantes différentes et en mélangeant des feuillages.

Chantal Bergeron

Elle s’est aussi approprié un nouvel espace, transformé en un spacieux potager.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Elle a mis un plancher de bois temporaire sur le toit afin de marcher dessus sans l’abîmer.

« J’ai mis un plancher de bois temporaire pour marcher dessus sans abîmer le toit, précise-t-elle. J’ai commencé à faire ce qu’on appelle de la culture en lasagne en prenant différentes substances, comme des branches, en les recouvrant de vieille terre et d’engrais naturel, qui dans mon cas est du compost alimentaire, puis j’ai rajouté un peu de terre. Je n’ai jamais eu autant de tomates et d’aubergines. Cela a été très, très prolifique. »

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Chantal Bergeron s’est entourée de plantes de toutes sortes et s’est fait un environnement sur mesure.

Elle s’est servie de bacs de rangement, qu’elle avait conservés, pour également faire pousser des courges, des pois mange-tout, du fenouil, des poivrons. Et elle se délecte des fraises qu’elle cueille chaque matin.

« J’adore cultiver et j’aime manger frais et bio, souligne-t-elle. Je connais la provenance des aliments. Tous mes plants sont recouverts de paille, à cause de la chaleur, pour que la terre ne sèche pas trop vite. Cela fonctionne, parce que les plants sont dans des pots. Ça pousse, c’est hallucinant ! Je ne m’attendais pas à de tels résultats. »

Lorsqu’elle est assise sur sa terrasse, elle n’aperçoit pas le potager. « Je ne vois que le ciel, les arbres des voisins et les clairs de lune », dit-elle.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

La conceptrice visuelle a toujours tiré parti des espaces. Cette fois-ci, elle l’a fait pour son plaisir personnel.

Précisons qu’elle est alors entourée d’une profusion de plantes, dont un palmier et des cornes d’élan, ainsi que de branches singulières rescapées elles aussi de sa vie antérieure. L’atmosphère est à la fois tropicale et exotique. « Je me suis fait un environnement sur mesure, révèle-t-elle. J’ai mis quelques lanternes et de gros vases, mais c’est surtout très organique. J’aime la nature, mais pas trop propre, comme celle qu’on trouve dans les forêts. »

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Dans un coin de sa terrasse, Chantal Bergeron s’est entourée d’une profusion de plantes, dont un palmier et des cornes d’élan, ainsi que de branches singulières rescapées de sa vie antérieure. L’atmosphère est à la fois tropicale et exotique.

Voir ses légumes pousser et ses fleurs éclore, grâce aux soins qu’elle leur a apportés, a été très valorisant, constate-t-elle. Cela lui a fait le plus grand bien.

Merci à tous les amateurs de jardinage qui nous ont accueillis au cours de l’été. Que ceux et celles qui nous ont lancé une invitation se rassurent. Nous reprendrons notre tournée l’été prochain !