Agnès Gilbert façonne son jardin depuis 46 ans et n’est pas près de s’arrêter. Sa passion pour les arts a aiguisé son regard et guidé sa façon de juxtaposer les fleurs, les arbustes et les arbres. Elle laisse aussi libre cours à sa créativité, réalisant diverses sculptures originales, mises en valeur au milieu d’une oasis, à Saint-Bruno-de-Montarville.

Elle l’avoue d’emblée : elle aurait gardé son jardin secret si ce n’était de l’invitation lancée à La Presse par l’une de ses deux filles. Sincèrement touchée, elle a levé le voile sur le virus du jardinage, attrapé lorsqu’elle a quitté le Saguenay, à 20 ans, pour s’installer à Montréal.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

La plate-bande aménagée à l’avant a pris une envergure imprévue. Agnès Gilbert a choisi les vivaces de façon à admirer l’épanouissement de nouvelles fleurs toutes les deux semaines.

« Comme j’étais enseignante, j’avais des vacances l’été, raconte-t-elle. Alors j’allais très souvent au Jardin botanique. Expo 67 a ensuite été une ouverture sur le monde. Je me souviens du pavillon thaïlandais, qui avait une pagode, et de la sphère de l’architecte Fuller. Mes voyages à l’étranger m’ont beaucoup inspirée, mais je n’ai rien copié. Mon jardin est plutôt à la québécoise. Il a avancé à force de travailler, de planter, et de transplanter à nouveau. »

Son mari et elle se sont installés en 1975 dans une maison toute neuve, à proximité du mont Saint-Bruno. Une soixantaine d’arbres, qui n’ont pas tous survécu au passage du temps, se trouvaient sur la propriété d’environ 7500 pi2. « On en a perdu, pour plein de raisons, mais j’en ai acheté aussi, dont un lilas, précise-t-elle. Il est très gros et la forme qu’il a prise est vraiment superbe. »

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Le lilas a pris de l’ampleur au cours des 46 dernières années. Il s’est taillé une place spéciale grâce à sa forme particulière.

La plate-bande aménagée à l’avant a pris une envergure imprévue. La présence de conifères empêchait le gazon de pousser, explique-t-elle. Elle s’est mise à planter des vivaces qui allaient à l’ombre et à la mi-ombre. Elle s’est employée, autant à l’avant qu’à l’arrière de la maison, à sélectionner des plants qui fleuriraient à tour de rôle, toutes les deux semaines. « J’ai fait des essais. Cela donne qu’on a tout le temps quelque chose qui fleurit à partir du mois de mai. »

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À l’entrée du jardin, à l'arrière, une statue de Bouddha entourée de conifères invite à la méditation. Elle rappelle les voyages faits en Asie par les propriétaires, mais n’a pas été rapportée d’un pays lointain.

Sens de la beauté

Mme Gilbert, qui a enseigné au primaire, a fait un baccalauréat en histoire de l’art pour mieux comprendre la peinture, la sculpture et l’architecture. Cette formation l’a servie lors de ses nombreux voyages en Asie et en Europe, qu’elle a faits avec son mari, ainsi que dans l’aménagement de son jardin.

L’histoire de l’art m’a apporté le sens de la beauté, le sens de la composition, des couleurs, des formes qui se répondent. Je recherche à ma façon l’harmonie que j’ai vue ailleurs dans le monde. Je n’aime pas suivre nécessairement les règles de l’horticulture, je fais ce que j’aime. Je crée cette harmonie avec les couleurs, les lignes et le mouvement.

Agnès Gilbert

Ce sens des proportions a guidé l’aménagement de la zone englobant la piscine, qui occupe le quart de la cour. « Je trouvais que son volume était un peu trop présent, précise-t-elle. J’ai voulu modifier sa grandeur en mettant une plate-bande. Il y avait des rosiers de différentes variétés à l’origine, mais c’était très difficile à conserver. Alors là, c’est plus simple. Cela adoucit la piscine, qui a l’air moins massive. »

Elle se plaît à réaliser des sculptures en métal ou en se servant de divers éléments récupérés. « C’est vraiment juste pour m’amuser, souligne-t-elle. Je fais ça pour agrémenter le jardin. C’est une passion. J’ai d’abord fait un mobile rouge fait de feuilles de métal très minces, aux formes géométriques, parce que j’aime beaucoup Alexander Calder. Je trouvais que ce point rouge, avec le vert tout autour et le mouvement, était très beau. La lumière arrive dessus à différentes heures de la journée, c’est magnifique. On l’a installé à l’arrière avec des fils de fer, à une branche d’épinette.

  • Pour que la piscine occupe moins de place visuellement, Agnès Gilbert a aménagé une plate-bande.

    PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

    Pour que la piscine occupe moins de place visuellement, Agnès Gilbert a aménagé une plate-bande.

  • Agnès Gilbert a confectionné ce mobile rouge fait de feuilles de métal très minces, aux formes géométriques. L’œuvre écarlate contraste avec le vert environnant.

    PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

    Agnès Gilbert a confectionné ce mobile rouge fait de feuilles de métal très minces, aux formes géométriques. L’œuvre écarlate contraste avec le vert environnant.

  • Cette sculpture fait de la musique dans le jardin, parfois trop, quand le vent la fait bouger, fait remarquer l’artiste.

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    Cette sculpture fait de la musique dans le jardin, parfois trop, quand le vent la fait bouger, fait remarquer l’artiste.

  • Agnès Gilbert aime se servir d’éléments récupérés. La texture de ce fil de fer enfoui depuis 50 ans a inspiré l’artiste. La sculpture est déposée sur deux socles en bois (une ancienne poutre).

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    Agnès Gilbert aime se servir d’éléments récupérés. La texture de ce fil de fer enfoui depuis 50 ans a inspiré l’artiste. La sculpture est déposée sur deux socles en bois (une ancienne poutre).

  • Une autre section d’une poutre récupérée sert à mettre en valeur de vieux clous.

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    Une autre section d’une poutre récupérée sert à mettre en valeur de vieux clous.

  • Composé de pierres plates, ce chemin est l’un de ceux qui donnent du mouvement au jardin et conduisent à différents endroits.

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    Composé de pierres plates, ce chemin est l’un de ceux qui donnent du mouvement au jardin et conduisent à différents endroits.

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« J’ai aussi fait une sculpture avec un rouleau de tôle en aluminium acheté par hasard, poursuit l’artiste. J’ai fait différentes formes avec cela. Cette sculpture fait de la musique dans le jardin, parfois trop. Il y a le vent, aussi, qui fait tout bouger. »

Divers éléments que lui rapportent ses filles lui inspirent aussi la création de différents genres de sculptures, que ce soit du bois de grève ramassé en Gaspésie, un imposant fil de fer, une poutre, des clous, etc.

Elle aime s’asseoir près de la piscine, car de cette position privilégiée, elle peut voir le jardin en entier, devenu un lieu où ses proches se sentent bien. Elle se nourrit d’ailleurs des encouragements des membres de sa famille, qui trouvent ses créations belles. Cela lui permet de montrer que peu importe son âge, on peut avoir des passions et les entretenir.