Les amateurs de jardinage deviennent fébriles à l’approche des beaux jours. Au point qu’ils oublient parfois que les végétaux, notamment les plantes potagères, exigent un minimum d’attentions avant d’être mises en terre. Sinon elles ne pourront donner leur plein rendement. Voici quelques conseils.

La chaleur du sol

Les plantes qui sortent directement de serre ou encore de la maison doivent être acclimatées, insiste Yves Gagnon, un des pionniers en culture potagère écologique et copropriétaire des Jardins du Grand Portage à Saint-Didace, dans Lanaudière. Un immense jardin potager ouvert au public qui fête ses 40 ans cette année. « Poivrons, tomates, aubergines sont des plantes populaires qui aiment la chaleur. Il faut les transplanter quand le sol est chaud et qu’on annonce des nuits chaudes. Et, si possible, par temps sombre pour éviter que les plants ne brûlent au soleil », dit-il.

Réduire le choc de la transplantation

Nos plantes potagères aiment se faire chouchouter avant le grand saut au jardin. Délaisser la vie tranquille d’une serre pour être soumis brutalement au vent, à la fraîcheur de l’air, à la froidure du sol et aux rayons brûlants du soleil peut causer un choc violent. Rien ne presse. Il est donc conseillé d’acclimater ses plants en les sortant dehors progressivement chaque jour durant une bonne semaine. Le potager n’en sera que plus productif.

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Un plant de tomates soumis à des nuits trop fraîches 
(13 °C et moins) risque de perdre ses feuilles.

Danger

Transplanter sous un soleil vif est garant d’un bon coup de soleil pour vos potagères. Le feuillage en souffrira, et les racines risquent la déshydratation. Un sol trop froid retardera la croissance des racines et pourra affecter la vigueur du plant durant un bon moment. Sans acclimatation, le vent pourra déchirer les feuilles et rompre la tige principale. Poivrons, tomates, aubergines, melons soumis à des nuits trop fraîches (13 °C et moins) risquent de perdre leurs feuilles. Il faudra les protéger avec un abri, un seau, par exemple.

Le temps des semis

Soyez patient. Exception faite des radis, laitues, pois, choux qui aiment la fraîcheur, si vous visez une germination optimale, mieux vaut attendre que le terreau dépasse les 15 °C (ou mieux autour de 20 °C) pour procéder aux semis en pleine terre, soit fin mai ou début juin dans la grande région métropolitaine. Pour les cucurbitacées (concombres, melons, courges, etc.), la douce chaleur de la deuxième semaine de juin convient mieux. Par ailleurs, les semences de carottes et de laitues enrobées d’argile facilitent la plantation et réduisent le travail d’éclaircissement incontournable quand la densité des plantules est trop grande.

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La chrysomèle rayée du concombre

Un voile pour contrer la chrysomèle

La chrysomèle rayée du concombre a provoqué bien des déceptions ces dernières années. L’insecte jaune rayé de noir a ruiné plus d’une récolte. Les adultes mangent fleurs, feuilles et fruits, et les larves se délectent des racines et des tiges. Les uns et les autres sont vecteurs de maladies fatales. Ils s’en prennent aussi aux courges, courgettes, melons d’eau et melons brodés. L’une des meilleures façons de régler la situation est d’utiliser une toile flottante, un géotextile léger qui laisse passer la lumière, maintient une chaleur plus élevée au sol la nuit et fait barrière au ravageur. On le pose sur les semis ou sur les plants et on l’enlève quand les fleurs commencent à faire leur apparition, lorsque le cycle de l’insecte s’achève. Il serait impossible de produire des concombres sans ces toiles en production bio, précise Yves Gagnon. Elles se vendent autour de 25 $ et on peut maintenant se les procurer un peu partout.