Construire une habitation exige une bonne dose de planification. Nous faisons découvrir le parcours de propriétaires, pour donner une idée de l’ampleur de la tâche.

Sharon Ogilvie et Stéphane Beauchamp pensaient à leurs vieux jours lorsqu’ils ont acheté un second terrain à Bolton-Est, en 2017. Tous deux dans le domaine de la construction, ils ont tiré profit de leurs forces respectives pour créer une maison de campagne à leur image, qui générera certains revenus de location. Viser la certification LEED Or a été l’un des défis qu’ils se sont lancés.

Ensemble depuis leurs études en technique d’architecture au cégep du Vieux Montréal, il y a 30 ans, ils ont emprunté divers chemins à l’université : elle a opté pour le design de l’environnement, tandis qu’il a choisi le génie de la construction. Ayant fondé leur entreprise Habitat-Fix il y a une quinzaine d’années, ils étaient mûrs pour se lancer dans un projet qu’ils ont mené de A à Z, se chargeant de la conception et de la gérance du chantier, effectuant une partie des travaux et presque toute la finition, allant jusqu’à fabriquer eux-mêmes les comptoirs de la cuisine en béton.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Sharon Ogilvie a mis son expérience à profit pour concevoir la maison de campagne qu’elle a contribué à bâtir avec son conjoint, Stéphane Beauchamp, et à lui donner une âme. Tous deux ont mis la main à la pâte, pour avoir une demeure à leur image.

« La préparation est la clé pour n’importe quel projet, petit ou grand, rappelle Sharon Ogilvie. Si les choses ne sont pas alignées, si on n’a pas de plan, on ne saura plus quoi faire quand arrivera un imprévu. Et il en arrive toujours. »

Maison écologique

Ils ont commencé à élaborer les plans de leur maison de campagne en 2017, y pensant jour et nuit et y apportant de multiples modifications, jusqu’au début de la construction, en 2021, en pleine pandémie. Entre-temps, ils ont suivi des cours offerts par Écohabitation, afin de viser une certification LEED Or (tout juste décernée).

« On voulait se faire plaisir, Sharon et moi, en construisant une maison écologique », indique Stéphane Beauchamp.

Comme il s’agit d’une autoconstruction, c’était important, aussi, d’avoir un sceau qui prouve que le bâtiment est bien fait. On a été guidés. On a eu une rencontre préconstruction pour s’assurer que le design incluait les différents critères LEED.

Stéphane Beauchamp, propriétaire

« Il y a eu une visite avant la pose du gypse pour vérifier les composantes mécaniques et faire un test d’infiltrométrie, ajoute-t-il. Et il y a eu une visite post-chantier pour s’assurer que tout avait été respecté. L’isolation, l’étanchéisation, le vitrage, tout cela fait qu’on a une construction de qualité, qui n’est pas énergivore. La consommation d’électricité est d’environ 100 $ par mois, sans compter la voiture électrique. »

Composer avec les exigences du système LEED n’a pas toujours été évident, reconnaît Sharon Ogilvie. Elle désespérait par exemple de trouver des toilettes à faible consommation d’eau homologuées WaterSense, au design épuré et faciles d’entretien, qui correspondaient à leur budget. « Heureusement, en cours de processus, l’entreprise Produits Neptune est allée chercher la certification, dit-elle. Les toilettes sont en plus fabriquées ici, à Saint-Hyacinthe. »

Exercer un suivi serré

Ils ont suivi de très près les commandes. Mais cela a valu la peine. « On n’a pas raté une minute par cause de manque de matériaux, souligne Stéphane Beauchamp. On avait tout à temps et avant. Écohabitation avait suggéré d’avoir un conteneur de chantier, de 20 pi de long, pour tout entreposer. La porte était barrée par un gros cadenas et cela a été très utile. On a eu les fenêtres et le mobilier IKEA dedans pendant un mois, on a eu les planchers de bois franc pendant quelques mois. Vous n’avez pas idée de tout ce qu’on a acheté chez Costco en cours de route, parce qu’en plus de le bâtir, il a fallu l’équiper, ce chalet-là. On prenait ce dont on avait besoin au fur et à mesure. »

  • Pour les propriétaires, il était important d’utiliser tout ce qui provenait des arbres qui ont été abattus. Deux scieurs sont venus couper des planches de 1 po et de 2 po. Celles-ci ont servi entre autres à faire les marches des escaliers, du mobilier, une partie de la galerie et des luminaires.

    PHOTO FOURNIE PAR STÉPHANE BEAUCHAMP

    Pour les propriétaires, il était important d’utiliser tout ce qui provenait des arbres qui ont été abattus. Deux scieurs sont venus couper des planches de 1 po et de 2 po. Celles-ci ont servi entre autres à faire les marches des escaliers, du mobilier, une partie de la galerie et des luminaires.

  • Stéphane Beauchamp (au centre de la photo) a fabriqué la charpente du toit avec l’entrepreneur Christian Ledoux et son fils André Ledoux (que l’on aperçoit à droite). Un manque de matériaux les a forcés à construire à l’ancienne.

    PHOTO FOURNIE PAR STÉPHANE BEAUCHAMP

    Stéphane Beauchamp (au centre de la photo) a fabriqué la charpente du toit avec l’entrepreneur Christian Ledoux et son fils André Ledoux (que l’on aperçoit à droite). Un manque de matériaux les a forcés à construire à l’ancienne.

  • Une partie du bois provenant des arbres est devenue du bois de chauffage.

    PHOTO FOURNIE PAR STÉPHANE BEAUCHAMP

    Une partie du bois provenant des arbres est devenue du bois de chauffage.

  • Les propriétaires ont eux-mêmes fabriqué les plans de travail, en béton. Ils ont coulé dans des moules les cinq sections dont ils avaient besoin, dans la cuisine.

    PHOTO FOURNIE PAR STÉPHANE BEAUCHAMP

    Les propriétaires ont eux-mêmes fabriqué les plans de travail, en béton. Ils ont coulé dans des moules les cinq sections dont ils avaient besoin, dans la cuisine.

  • Stéphane Beauchamp a beaucoup travaillé sur le chantier. Son expérience l’a servi à toutes les étapes de la construction de la maison.

    PHOTO FOURNIE PAR STÉPHANE BEAUCHAMP

    Stéphane Beauchamp a beaucoup travaillé sur le chantier. Son expérience l’a servi à toutes les étapes de la construction de la maison.

  • Stéphane Beauchamp a coulé l’acier avec lequel il a façonné la structure des lits superposés, installés dans la mezzanine.

    PHOTO FOURNIE PAR STÉPHANE BEAUCHAMP

    Stéphane Beauchamp a coulé l’acier avec lequel il a façonné la structure des lits superposés, installés dans la mezzanine.

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Il leur importait d’utiliser tout ce qui provenait des arbres qui ont été abattus. « Rien n’est sorti du chantier, révèle Stéphane Beauchamp fièrement. Deux scieurs sont venus couper des planches de 1 po et 2 po. On s’en est servi pour faire les marches de nos escaliers, du mobilier, une partie de la galerie, des luminaires. C’était hyper important pour nous d’utiliser le bois pour rappeler l’existence du terrain boisé. »

Ils se sont engagés à fond, s’installant dans leur roulotte près du chantier du vendredi soir au mardi soir pour y travailler. Ils saluent la compétence et l’ouverture d’esprit de l’entrepreneur Christian Ledoux, qui a trouvé des solutions avec eux, lorsque des pépins sont survenus.

« Malgré toutes les surprises qu’on a eues et les extras COVID, on a un dépassement des coûts de 10 % par rapport au budget initial de 2018, constate avec satisfaction Sharon Ogilvie. Cela a pris beaucoup de recherches, de négociations et de gymnastique économique de la part de l’entrepreneur. »

Ils se souviennent en riant de la laine isolante qu’ils ont installée dans les murs pour respecter leur budget. Ils ont beaucoup appris de cette première expérience. Ils pensent déjà à la prochaine demeure, qu’ils comptent construire non loin.

En bref

  • Le lambris d’épinette qui recouvre un très grand mur et le plafond cathédrale donne beaucoup de chaleur à l’étage, où se trouvent le salon et la cuisine. Le lambris d’épinette provient d’une scierie à Ayer’s Cliff. La même essence a été utilisée comme revêtement extérieur.

    PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    Le lambris d’épinette qui recouvre un très grand mur et le plafond cathédrale donne beaucoup de chaleur à l’étage, où se trouvent le salon et la cuisine. Le lambris d’épinette provient d’une scierie à Ayer’s Cliff. La même essence a été utilisée comme revêtement extérieur.

  • Les fenêtres rondes donnent une touche d’originalité à la maison de campagne, surnommée BulleTon. Sharon Ogilvie a effectué d’innombrables essais à l’aide d’un programme sur ordinateur pour obtenir l’effet de bulles recherché.

    PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    Les fenêtres rondes donnent une touche d’originalité à la maison de campagne, surnommée BulleTon. Sharon Ogilvie a effectué d’innombrables essais à l’aide d’un programme sur ordinateur pour obtenir l’effet de bulles recherché.

  • La cuisine se trouve sous la mezzanine. Stéphane Beauchamp a notamment assemblé et installé les caissons et les armoires de cuisine de marque IKEA. Les propriétaires se sont rendus jusqu’à l’église de Sainte-Lucie-des-Laurentides pour chercher quelques bancs et leur donner une nouvelle vie dans leur salle à manger.

    PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    La cuisine se trouve sous la mezzanine. Stéphane Beauchamp a notamment assemblé et installé les caissons et les armoires de cuisine de marque IKEA. Les propriétaires se sont rendus jusqu’à l’église de Sainte-Lucie-des-Laurentides pour chercher quelques bancs et leur donner une nouvelle vie dans leur salle à manger.

  • La cuisine est ouverte sur le salon. Le plan de travail de l’îlot, d’un noir profond, est en béton. Les propriétaires en sont très fiers, puisqu’ils l’ont fabriqué eux-mêmes.

    PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    La cuisine est ouverte sur le salon. Le plan de travail de l’îlot, d’un noir profond, est en béton. Les propriétaires en sont très fiers, puisqu’ils l’ont fabriqué eux-mêmes.

  • Le plan de travail en béton est composé de deux morceaux, qui pèsent chacun 250 lb (113 kg). Le poids a influencé la décision de couler le béton dans deux moules identiques, plutôt qu’un seul.

    PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    Le plan de travail en béton est composé de deux morceaux, qui pèsent chacun 250 lb (113 kg). Le poids a influencé la décision de couler le béton dans deux moules identiques, plutôt qu’un seul.

  • Sur la mezzanine, une cloison sépare deux pièces ouvertes, qui comportent chacune deux lits superposés (un grand lit au-dessous et un lit à une place au-dessus). Stéphane Beauchamp a coulé l’acier avec lequel il a façonné la structure des lits.

    PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    Sur la mezzanine, une cloison sépare deux pièces ouvertes, qui comportent chacune deux lits superposés (un grand lit au-dessous et un lit à une place au-dessus). Stéphane Beauchamp a coulé l’acier avec lequel il a façonné la structure des lits.

  • La chambre principale se trouve au rez-de-jardin. Stéphane Beauchamp a confectionné le banc, sous le téléviseur à écran plat. Il a soudé l’acier. Le bois utilisé provient d’un arbre coupé sur place.

    PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    La chambre principale se trouve au rez-de-jardin. Stéphane Beauchamp a confectionné le banc, sous le téléviseur à écran plat. Il a soudé l’acier. Le bois utilisé provient d’un arbre coupé sur place.

  • Cette salle de bains dotée d’une baignoire est située dans la mezzanine. On y trouve une toilette à faible consommation d’eau homologuée WaterSense, au design épuré et facile d’entretien, de la société québécoise Produits Neptune.

    PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    Cette salle de bains dotée d’une baignoire est située dans la mezzanine. On y trouve une toilette à faible consommation d’eau homologuée WaterSense, au design épuré et facile d’entretien, de la société québécoise Produits Neptune.

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Coût (terrain inclus) : 500 000 $

Heures non comptées consacrées au projet : valeur inestimable

Début de la conception : 2017

Durée des travaux : 15 mois (de mai 2021 à la fin d’août 2022)

Incontournables : parquets de bois franc huilé, lambris de bois sur un mur et le plafond cathédrale (à l’intérieur), revêtement extérieur en épinette de la région, grande galerie couverte pour admirer la nature à l’abri de la pluie, toilettes à jupe (au design épuré), maison intelligente

Autre incontournable : utiliser sur place le bois provenant des arbres abattus sur le terrain