Construire une habitation exige une bonne dose de planification. Nous faisons découvrir le parcours de propriétaires, pour donner une idée de l’ampleur du défi.

Quand Isabelle Quinn a eu un petit-fils, elle a ressenti le besoin d’avoir une place à la campagne. Elle a acheté un vaste terrain à Shefford, puis s’est tournée vers son partenaire d’affaires et grand ami Michel Richard pour lui proposer de construire ensemble une maison écologique. Le duo d’investisseurs est devenu un quatuor, lorsque les parents du bébé (qui a depuis eu un petit frère) se sont joints au projet, adapté pour répondre aux besoins diversifiés de chacun.

« J’étais à la recherche d’une fermette depuis 2017, mais je n’avais rien trouvé dans mon budget, explique M. Richard. Quand Isabelle a acheté un terrain, en 2019, j’avais déjà l’intention de suivre la formation sur les maisons écologiques offerte par Solution ERA. On a commencé tous les deux, en octobre 2019. »

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Michel Richard et Isabelle Quinn sont partenaires en affaires et amis depuis longtemps. Ils étaient sur la même longueur d’onde lorsqu’ils ont fait construire leur maison écologique.

Concilier deux objectifs

Leurs objectifs n’étaient pas les mêmes. M. Richard avait l’intention de s’établir dans ce qui deviendrait sa résidence principale. Isabelle Quinn était quant à elle consciente qu’elle n’irait probablement pas à la campagne toutes les fins de semaine. Est ainsi née l’idée de créer deux logements distincts superposés et de mettre des chambres à la disposition de voyageurs, lorsqu’elles seraient libres.

Au rez-de-jardin, où habite Michel Richard, le logis compte deux chambres. Au-dessus, l’appartement, plus spacieux, est réparti sur deux niveaux. Il compte notamment une grande cuisine, trois chambres, deux salles de bains et une salle d’eau.

« Je crois beaucoup à la décroissance, indique M. Richard. Mettre en commun nos ressources, dans l’esprit du cohabitat, et avoir un gros jardin, dont on est plusieurs à s’occuper, c’est une façon écologique de voir les choses. »

Ils se sont fixé deux buts : construire une maison saine, avec des matériaux ne dégageant pas de composés organiques volatils (COV) et une maison performante, à double ossature, dont la coquille serait très bien isolée grâce à une combinaison de produits n’émettant pas de COV (laine de roche, chanvre, cellulose).

  • Les souches arrachées pendant l’excavation ont été conservées afin de créer une butte de permaculture (type Hugelkultur), où poussent aujourd’hui les arbres fruitiers. 

    PHOTO FOURNIE PAR MICHEL RICHARD

    Les souches arrachées pendant l’excavation ont été conservées afin de créer une butte de permaculture (type Hugelkultur), où poussent aujourd’hui les arbres fruitiers. 

  • La charpente, à double ossature, a été effectuée par l’équipe d’Éconovation. 

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    La charpente, à double ossature, a été effectuée par l’équipe d’Éconovation. 

  • Les murs extérieurs à double ossature ont été construits avec un système de poutrelles de type Larsen. Les cavités ont été comblées avec de la laine de roche. 

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    Les murs extérieurs à double ossature ont été construits avec un système de poutrelles de type Larsen. Les cavités ont été comblées avec de la laine de roche. 

  • De la laine de chanvre, produite à Asbestos, a été mise à l’intérieur des murs, entre les pièces, en raison de ses propriétés d’isolation acoustique. Le chanvre sert aussi de régulateur d’humidité dans la maison. Il absorbe l’humidité ou la relâche, selon le niveau d’humidité dans l’air, même à travers le gypse.  

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    De la laine de chanvre, produite à Asbestos, a été mise à l’intérieur des murs, entre les pièces, en raison de ses propriétés d’isolation acoustique. Le chanvre sert aussi de régulateur d’humidité dans la maison. Il absorbe l’humidité ou la relâche, selon le niveau d’humidité dans l’air, même à travers le gypse.  

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Lorsque la pandémie a forcé l’arrêt des activités, en mars 2020, leurs plans étaient avancés. Leur réflexion aussi. Leur boutique de cupcakes et de biscuits sablés Sweet Isabelle étant fermée, ils ont mis le pied sur l’accélérateur, mettant à profit le temps dont ils disposaient.

« Le but de l’exercice, pour moi, c’est de léguer un héritage à mes petits-enfants et à mes enfants, précise Isabelle Quinn. Tous les choix ont été faits en fonction de ça. On ne voulait pas léguer quelque chose où tout devrait être à refaire dans 40 ans, si on n’est plus là. Pour la toiture, par exemple, on a choisi de la tôle de la meilleure qualité. Ce n’est pas le luxe que j’ai recherché, mais ce qui était le plus durable. »

Certains choix ont été difficiles à faire.

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Michel Richard et Isabelle Quinn se trouvent dans la serre, où poussent entre autres des fines herbes.

On est habitués de choisir le beau et pas toujours le pratique et le durable. C’est tentant de mettre d’immenses fenêtres parce que l’effet est magnifique. Sauf que si l’intérieur est trop ensoleillé, l’été, tu vas devoir mettre de la climatisation. On a choisi de respecter un certain ratio de fenêtres et de gérer à l’ancienne avec des toiles et des rideaux, plutôt que de climatiser.

Isabelle Quinn

Un très grand jardin

La qualité de l’environnement dans lequel ils vivraient était aussi au cœur de leurs préoccupations. Rêvant de s’installer à la campagne, Michel Richard s’était beaucoup renseigné sur la permaculture avant d’entamer le projet. N’ayant jamais fait pousser une carotte, il avait aussi fait du volontariat agrobio (wwoofing) dans des fermes écologiques, travaillant cinq heures par jour, cinq jours par semaine, en échange des repas et du logement, pour voir s’il aimait le contact avec la terre.

Son expérience a servi puisque l’aménagement d’un vaste potager en permaculture, avec des arbres fruitiers et une grande variété de petits fruits, a été réalisé parallèlement à la construction de l’habitation.

  • Deux amies françaises qui font du volontariat agrobio ont travaillé dans le jardin, l’été dernier.

    PHOTO FOURNIE PAR MICHEL RICHARD

    Deux amies françaises qui font du volontariat agrobio ont travaillé dans le jardin, l’été dernier.

  • Une des filles d’Isabelle Quinn, Marie-Hélène, qui est partenaire dans l’aventure, se trouve dans le potager avec son fils Camille. La courgette est presque aussi grande que lui.

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    Une des filles d’Isabelle Quinn, Marie-Hélène, qui est partenaire dans l’aventure, se trouve dans le potager avec son fils Camille. La courgette est presque aussi grande que lui.

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« De mai à novembre, les deux dernières années, on a mis en veille la finition de la maison pour travailler à l’extérieur, révèle Isabelle Quinn. C’était important pour nous de pouvoir nous nourrir de notre terre. Michel a accueilli beaucoup de wwoofers venus de France, d’Allemagne, de Belgique pour travailler sur le projet extérieur. »

Ce goût d’être avec des personnes aux horizons diversifiés a donné une nouvelle orientation au projet de maison de campagne, dorénavant appelé Le Camp Caché. « Michel voulait être aubergiste, constate Mme Quinn. Nous, on s’est dit qu’on pouvait partager cet espace et que les petits-enfants en profiteraient. »

En bref

  • Au rez-de-chaussée, le vaste espace englobant une cuisine, un salon et une salle à manger est abondamment éclairé. Un certain ratio de fenêtres a été respecté afin de ne pas avoir recours à la climatisation.

    PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

    Au rez-de-chaussée, le vaste espace englobant une cuisine, un salon et une salle à manger est abondamment éclairé. Un certain ratio de fenêtres a été respecté afin de ne pas avoir recours à la climatisation.

  • Le logement réparti sur deux étages est mis à la disposition de voyageurs lorsque les propriétaires ne prévoient pas d’en profiter.

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    Le logement réparti sur deux étages est mis à la disposition de voyageurs lorsque les propriétaires ne prévoient pas d’en profiter.

  • Michel Richard habite au rez-de-jardin dans un spacieux logis doté de deux chambres, avec de belles vues sur la nature environnante.

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    Michel Richard habite au rez-de-jardin dans un spacieux logis doté de deux chambres, avec de belles vues sur la nature environnante.

  • Voici une des trois chambres situées à l’étage supérieur

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    Voici une des trois chambres situées à l’étage supérieur

  • Une petite ouverture pratiquée dans le mur permet de voir et de toucher le chanvre, dissimulé derrière le gypse. Ce produit naturel a été privilégié pour isoler les murs à l’intérieur, entre les pièces.

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    Une petite ouverture pratiquée dans le mur permet de voir et de toucher le chanvre, dissimulé derrière le gypse. Ce produit naturel a été privilégié pour isoler les murs à l’intérieur, entre les pièces.

  • Michel Richard rêvait d’une fermette. Il s’est découvert une passion pour la permaculture. Il aime bien s’occuper des trois poules, dans le poulailler.

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    Michel Richard rêvait d’une fermette. Il s’est découvert une passion pour la permaculture. Il aime bien s’occuper des trois poules, dans le poulailler.

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Budget : environ 1 million

Durée de la préparation : 9 mois

Durée de la construction : 2 ans (de novembre 2020 à novembre 2022)

Incontournable : viser une certaine autonomie alimentaire en aménageant un vaste potager en permaculture et une serre

Autre incontournable : construire une habitation écologique saine et performante