Il n’y a pas que les tours du centre-ville de Montréal qui doivent composer avec le travail hybride et la pénurie de main-d’œuvre. À l’Institut Pacifique, un organisme communautaire du nord de Montréal, des locaux fraîchement rénovés cherchent preneur.

« On est conscients qu’on a un lieu d’exception, donc le but serait de l’offrir à d’autres organisations pour qu’elles puissent aussi en bénéficier », explique Isabelle Boissé, directrice générale de l’Institut Pacifique. « Ce sont des locaux de qualité pour la jeunesse, et il y en a peu dans Ahuntsic ou Montréal-Nord », ajoute-t-elle.

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Isabelle Boissé est directrice générale de l’Institut Pacifique depuis un an.

L’Institut Pacifique se trouve sur le boulevard Gouin, dans le nord de l’île de Montréal, à côté du parc-nature de l’Île-de-la-Visitation. Un lieu à la jonction des arrondissements d’Ahuntsic-Cartierville et de Montréal-Nord.

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L’Institut Pacifique se situe à la jonction entre les arrondissements d’Ahuntsic-Cartierville et de Montréal-Nord.

En 2016, l’organisme qui a pour mission de favoriser la résolution de conflit pacifique chez les jeunes a lancé une grande campagne de financement pour rénover et agrandir l’immeuble patrimonial où il est installé depuis 1976.

Les travaux étaient inévitables, l’immeuble ne satisfaisait plus à certaines normes et ne permettait plus de répondre à la mission de l’organisme. La campagne de financement a été un franc succès, et l’organisme a réussi à amasser 4,5 millions de dollars. Les travaux ont débuté en 2018. Le nouvel immeuble a été inauguré en novembre 2019, quelques mois avant le début de la pandémie.

  • Local de l’Institut Pacifique avant les rénovations majeures de 2018

    PHOTO FOURNIE PAR L’INSTITUT PACIFIQUE

    Local de l’Institut Pacifique avant les rénovations majeures de 2018

  • Local de l’Institut Pacifique avant les rénovations majeures de 2018

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    Local de l’Institut Pacifique avant les rénovations majeures de 2018

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Les photos avant-après ces rénovations montrent des locaux petits et sombres, par comparaison avec un immeuble désormais lumineux et aéré.

Trois ans plus tard, l’Institut Pacifique a mis en vente son immeuble, près de 5 millions de dollars.

  • Une fillette joue dans les locaux de l’Institut Pacifique qui ont été rénovés peu de temps avant la pandémie.

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    Une fillette joue dans les locaux de l’Institut Pacifique qui ont été rénovés peu de temps avant la pandémie.

  • L’Institut Pacifique a décidé de vendre l’immeuble pour devenir locataire et espère pouvoir partager les lieux avec d’autres organismes communautaires.

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    L’Institut Pacifique a décidé de vendre l’immeuble pour devenir locataire et espère pouvoir partager les lieux avec d’autres organismes communautaires.

  • Au passage de La Presse, un après-midi de la fin mars, plusieurs enfants jouaient dans un gymnase lumineux.

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    Au passage de La Presse, un après-midi de la fin mars, plusieurs enfants jouaient dans un gymnase lumineux.

  • D’autres dessinaient ou jouaient au baby-foot.

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    D’autres dessinaient ou jouaient au baby-foot.

  • Cuisines, ateliers d’art : pour des enfants de 5 à 12 ans issus de milieux modestes, il s’agit d’un lieu d’accueil et de plaisir, explique Geneviève Dumais, directrice des communications de l’Institut Pacifique.

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    Cuisines, ateliers d’art : pour des enfants de 5 à 12 ans issus de milieux modestes, il s’agit d’un lieu d’accueil et de plaisir, explique Geneviève Dumais, directrice des communications de l’Institut Pacifique.

  • De vastes espaces, décorés au goût du jour, sont toutefois désertés, en partie en raison du télétravail et de la pénurie de main-d’œuvre dans le milieu communautaire.

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    De vastes espaces, décorés au goût du jour, sont toutefois désertés, en partie en raison du télétravail et de la pénurie de main-d’œuvre dans le milieu communautaire.

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Le grand bouleversement

L’organisme n’avait pas prévu les bouleversements que la COVID-19 allait entraîner, lance Geneviève Dumais, directrice des communications. « Juste pour ce qui est des employés, on est passé de 40 à 25 », illustre-t-elle.

La pandémie a d’abord déclenché une réflexion au sein de l’équipe, qui a décidé de resserrer ses activités autour de sa mission première de soutien à la jeunesse.

Puis la pénurie de main-d’œuvre, criante dans le milieu communautaire, s’est ajoutée. Le télétravail a achevé de vider les bureaux.

Résultat : de vastes espaces, décorés au goût du jour, mais désertés. D’où la décision de tenter de vendre ou de louer l’immeuble. « On s’est demandé : est-ce que notre objectif, c’est de bâtir un patrimoine ou de mettre les sous dans notre mission ? », souligne Mme Dumais.

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Geneviève Dumais, directrice des communications de l’Institut Pacifique

« On voit qu’il y a un mouvement qui s’opère pour beaucoup d’organismes, il y en a qui logeaient dans certains édifices et qui doivent déménager. Nous, on essaie de voir – si un propriétaire l’achetait – peut-être qu’on pourrait rester locataires en cohabitant avec d’autres. Il y a vraiment plein de possibilités, parce que cet espace-là est magnifique, mais on l’habite juste en petite proportion en ce moment. »

Sans compter le stress qui vient avec le fait d’être propriétaire. « On est une petite équipe réduite, avec un profil de gens de sciences sociales. On n’est pas gestionnaires d’immeubles », résume Mme Dumais.

Les grands donateurs du projet initial ont tous été avisés du projet de vente, assure Mme Dumais, et ils ont bien réagi à l’annonce.

Une mission au goût du jour

Avec la flambée de la violence par arme à feu dans la métropole, la mission de l’Institut Pacifique n’a jamais été aussi actuelle, estime Mme Dumais.

Chaque après-midi, les locaux accueillent des dizaines d’enfants du quartier qui viennent s’y amuser sous l’œil d’éducateurs, dont la mission est l’enseignement des habiletés sociales et la résolution de conflits par le jeu.

Au passage de La Presse, un après-midi de la fin mars, plusieurs enfants jouent au ballon-chasseur dans un gymnase lumineux. D’autres dessinent ou jouent au baby-foot. Wilby Descartes, éducateur à l’Institut depuis 17 ans, les connaît tous par leur nom.

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L’éducateur Wilby Descartes avec un groupe de jeunes dans un gymnase de l’Institut Pacifique

Il y en a que je revois et qui se souviennent encore. Et pour certains, oui, je peux dire que ça a fait une différence, leur passage à l’Institut.

Wilby Descartes, éducateur à l’Institut Pacifique depuis 17 ans

Les éducateurs de l’Institut Pacifique se déplacent aussi dans les cours-écoles et les parcs des deux quartiers pour animer des jeux avec les enfants. Avec les nouvelles vagues migratoires, des ateliers sont donnés dans les classes d’accueil pour les jeunes nouvellement arrivés au Québec, détaille Mme Dumais.

Le projet phare de l’Institut est Vers le pacifique, un programme d’enseignement de la résolution de conflit et de médiation destiné aux écoles du Québec.

Avec des locaux faits ainsi sur mesure, l’Institut Pacifique ne souhaite pas déménager. Le rêve, c’est plutôt de partager les coûts comme les installations. En d’autres mots, comme le dit Mme Dumais : « Cohabiter avec des missions compatibles avec la nôtre. »

En savoir plus
  • 200
    Nombre d’enfants qui fréquentent les locaux de l’Institut Pacifique en 2023
    Source : Institut pacifique
    Plus de 1 million
    Nombre d’enfants et d’adolescents rejoints par les programmes de l’Institut Pacifique depuis sa fondation
    Source : Institut pacifique