Une érablière communautaire à Saint-Lambert
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PHOTO BERNARD BRAULT, LA PRESSE
Une vingtaine de chaudières ont été suspendues à des érables du Vieux-Saint-Lambert dans le cadre d’un projet communautaire lancé par un papa du voisinage.
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C’est un peu malgré elle que la jeune Frédérique Cardinal (à droite sur la photo) s’est retrouvée au cœur de ce projet d’érablière communautaire qui a vu le jour autour de quelques rues du Vieux-Saint-Lambert. Comme la jeune fille multiplie les exposés oraux dans sa classe de cinquième année, son père lui a proposé de faire quelque chose sur l’acériculture. Plusieurs amis du coin ont embarqué dans le projet sans hésiter, comme les petits Édouard et Adèle Vyncke. Toutefois, à ce qu’on dit, ce sont les parents qui sont les plus excités !
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C’est la deuxième expérience acéricole pour Frédérique Cardinal, qui a aussi récolté de l’eau d’érable l’an dernier chez son grand-père, dans les Cantons-de-l’Est. « C’est très amusant, ça réunit la famille et on fait un peu comme si on avait notre propre entreprise ; j’ai d’ailleurs créé notre logo, explique la jeune fille de 10 ans. Pour mon projet en classe, je vais parler des étapes de la création du sirop, comment on a fait ça l’an dernier et comment on peut distinguer les différents érables. » On peut en effet faire du sirop non seulement avec la sève de l’érable à sucre, mais aussi avec celle de l’érable argenté, de l’érable rouge et de l’érable noir.
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À la faveur de nuits fraîches et de journées douces et ensoleillées, l’eau s’est mise à couler rondement dans la vingtaine de chaudières installées autour des rues Oak, River, Maple et Logan. Fort de son expérience de l’an dernier et grâce aux tutoriels web du spécialiste Stéphane Guay, d’Érable et Chalumeaux, le papa de Frédérique s’est équipé d’un évaporateur de 60 litres, si bien qu’il estime être en mesure de faire bouillir une bonne partie de l’eau récoltée. Il pense en recueillir quelques centaines de litres, mais fait aussi remarquer qu’il est impossible de conserver l’eau d’érable, sauf si on peut l’entreposer au froid.
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À notre arrivée, Laurence Cardinal, Chloé Lemieux et Marie Beaudoin s’empressent de nous montrer l’eau récoltée dans les chaudières accrochées près de leurs résidences respectives. « J’en ai déjà fait au chalet de notre papi l’an dernier, c’était très long, nous confie Laurence. Les érables coulent parfois pendant des semaines et ça prend des jours à faire chauffer. Mais j’aime mieux le sirop que l’on fait, je trouve qu’il est meilleur, il provient de la maison et on fait toujours des bons trucs chez nous parce que ma mère cuisine beaucoup ! »
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Quelques maisons plus loin, nous sommes accueillis par Emmanuel et sa sœur Émilie, déjà experts en la matière ! « J’en fais depuis que j’ai 3 ans avec mon père dans notre cour, c’est mon septième printemps, nous explique Emmanuel avec tout le sérieux du monde. Cette année, on a embarqué dans le projet communautaire du papa de Frédérique. Je trouve que c’est une bonne idée. » Quant à sa petite sœur, elle nous confirme elle aussi avoir un penchant pour le sirop hyperlocal : « Des fois, au magasin, le sirop est vraiment trop sucré alors que nous, on peut décider de le faire à notre goût, affirme-t-elle. En tout cas, chaque fois que je me réveille, j’ai hâte d’aller voir s’il y a de l’eau dans les seaux ! »
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Le projet d’érablière communautaire s’est rapidement développé autour du thème « un arbre, un enfant », si bien que quelques gentils voisins ont décidé de « prêter » leurs arbres aux jeunes qui n’ont pas la chance d’avoir d’érables sur leur propre terrain. Ray Banham en a lui-même prêté trois, en plus de donner sa bénédiction au projet – on dit de lui qu’il est la mémoire du voisinage. En retour de quoi il a aussi droit à son sirop !
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Les jeunes Marie et Paul Beaudoin peuvent quant à eux compter sur la générosité de leur voisin de cour arrière pour assurer leur propre récolte d’eau d’érable. Au grand plaisir de la petite Marie, gourmande assumée : « C’est le fun, j’aime ça faire du sirop d’érable parce que j’aime beaucoup le sucré, nous confie-t-elle sans gêne. C’est plus le fun de le faire nous-mêmes parce que ça goûte meilleur, je trouve. » Son frère, élève de deuxième secondaire, est lui aussi emballé par le projet : « Ça nous donne l’occasion de nous rassembler, mais aussi de me donner quelque chose à faire pendant la COVID, soutient-il avec justesse. Ça rend aussi fier de dire qu’on a aidé à produire du sirop. »
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La veille de notre visite, l’initiateur du projet avait fait bouillir de l’eau jusqu’au petit matin afin de recueillir son premier litre de sirop. Il est équipé, selon ses dires, d’un « super kit pour fermier urbain » : un évaporateur de 60 litres muni d’un thermomètre, un brûleur à propane qu’il isole avec des retailles de laine céramique pour conserver un maximum de chaleur. Aussi, il fait bouillir de petites quantités à la fois – en faire bouillir davantage ne fait que chauffer de la masse thermique pour rien.