(Rouen) La synagogue de Rouen, dans le nord-ouest de la France, a été incendiée vendredi par un homme armé d’un couteau qui a été abattu par la police, le gouvernement dénonçant un « acte antisémite » et des violences « inacceptables » contre les Juifs.

Vendredi vers 6 h 45 (0 h 45 heure de l’Est), cet homme d’origine algérienne, armé d’un couteau et d’une barre de fer, a menacé les policiers après avoir mis le feu à la synagogue, provoquant d’importants dégâts dans le lieu de culte. Il a été abattu par un des policiers après des sommations « restées sans effet », selon le procureur de Rouen Frédéric Teillet.

« Alors que [les policiers, NDLR] tentent de convaincre l’individu de descendre du toit [de la synagogue], celui-ci jette en leur direction la barre de fer, qui s’avèrera être un burin de perforateur, puis saute du toit et se dirige en courant vers un policier en le menaçant du couteau qu’il porte, le bras toujours levé vers lui », a-t-il ajouté.

Une enquête a été ouverte notamment pour « incendie volontaire » visant un lieu de culte et une autre sur les circonstances du décès du suspect.

Il s’agit d’un « acte antisémite qui s’en prend à un lieu sacré pour la République », qui « nous touche tous profondément », a réagi le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, regrettant des violences « inacceptables, ignobles » contre les Juifs de France.

« La communauté est bouleversée. On est une petite communauté et malheureusement, ça peut nous arriver aussi », a déclaré le rabbin de Rouen Chmouel Lubecki, en référence aux actes antisémites qui sont en forte progression en France depuis l’attaque du Hamas du 7 octobre et les bombardements menés en représailles par Israël dans la bande de Gaza.  

Selon le premier ministre Gabriel Attal, 366 faits antisémites ont été enregistrés au premier trimestre 2024, en hausse de 300 % par rapport aux trois premiers mois de l’année 2023.

« Climat de terreur »

Après ce nouvel acte, près de 300 personnes se sont rassemblées vendredi en soirée à Paris, et autant à Rouen, pour dire leur refus de l’antisémitisme.

« Combien de personnes et notamment combien de juifs en France sont menacés, insultés, attaqués, violentés sans que peut-être nous, collectivement, ne réagissions à la mesure et à la hauteur de ces évènements ? », s’est interrogé le maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, lors du rassemblement qui s’est tenu dans sa ville.

A Paris, des panneaux proclamaient : « Synagogue brûlée, République en danger, n’ayons pas peur ». « J’aimerais qu’il y ait un élan populaire, que le peuple français se soulève contre ça », a déclaré à l’AFP Emilie, une manifestante de 44 ans.

 Selon M. Darmanin, le suspect n’était pas suivi par les services de renseignement ou de police pour radicalisation islamiste et avait été débouté fin janvier 2024 d’une demande de titre de séjour déposée en tant « qu’étranger malade ».

Il avait ensuite fait l’objet d’une obligation de quitter le territoire (OQTF), pas exécutable du fait d’un recours en justice, et figurait, selon le ministre, dans le fichier des personnes recherchées depuis « quelques semaines ».

 « Tenter de brûler une synagogue, c’est vouloir intimider tous les Juifs. Une nouvelle fois, on veut faire peser un climat de terreur sur les Juifs de notre pays. Combattre l’antisémitisme, c’est défendre la République », a affirmé sur X le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), Yonathan Arfi.

Le Conseil français du culte musulman, ex-instance de dialogue entre l’exécutif et les musulmans de France, a affirmé condamner sur X « avec la plus grande vigueur l’attaque abjecte dirigée contre la synagogue de Rouen et exprime son soutien total et sa pleine solidarité avec les fidèles et les responsables de la synagogue ».