Trois militaires sont morts après qu’un drone ukrainien a été abattu alors qu’il se dirigeait vers une base aérienne russe, a déclaré lundi le ministère russe de la Défense. Cette attaque souligne la vulnérabilité de la Russie, alors que l’Ukraine semble de plus en plus désireuse et capable d’atteindre des cibles situées dans les profondeurs du pays.

Une semaine après que le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été accueilli en héros à Washington, où il a demandé une aide en armement encore plus puissante, Kyiv a montré sa capacité à se défendre contre la Russie avec son propre arsenal d’armes à longue portée.

Il s’agit de la deuxième attaque ce mois-ci contre le site militaire d’Engels, qui se trouve à environ 300 mi (480 km) de la frontière ukrainienne et accueille les bombardiers stratégiques russes, un élément de la triade nucléaire du pays. Les drones de la première attaque ont été lancés depuis le territoire ukrainien, selon un haut fonctionnaire ukrainien s’exprimant sous le couvert de l’anonymat à ce moment-là.

Politique d’ambiguïté délibérée

Le gouvernement ukrainien suit publiquement une politique d’ambiguïté délibérée concernant les frappes sur le territoire russe. Celles-ci ont commencé dès le premier mois de la guerre avec un assaut d’hélicoptères ukrainiens près de Belgorod, non loin de la frontière ukrainienne. Mais l’Ukraine n’a pas caché qu’elle développait des drones à longue portée.

Bien que les responsables ukrainiens ne confirment pas publiquement les attaques militaires de l’Ukraine contre des cibles en Russie, qui n’ont eu que des cibles militaires, ils font ouvertement l’éloge des frappes réussies et discutent de la manière dont elles profitent à l’Ukraine sur le plan militaire. Le colonel Yuriy Ihnat, porte-parole de l’armée de l’air ukrainienne, a déclaré lundi à la télévision ukrainienne que la plus récente explosion sur la base aérienne d’Engels était « une conséquence de ce que la Russie fait » en Ukraine.

Si les Russes pensaient que personne chez eux ne serait affecté par la guerre, alors ils se sont profondément trompés.

Le colonel Yuriy Ihnat, porte-parole de l’armée de l’air ukrainienne

La première explosion sur la base aérienne ce mois-ci a forcé l’armée de l’air russe à déplacer les avions du site, a-t-il dit.

« Cette dispersion a eu lieu, et maintenant, ils essaient de maintenir leur aviation stratégique sur plusieurs aérodromes », a ajouté Yuriy Ihnat.

  • La base aérienne d’Engels à Saratov, en Russie, le 4 décembre. Les médias russes ont rapporté lundi que trois soldats ont été tués lorsqu’un drone ukrainien a été abattu lors de son approche de la base d’Engels.

    PHOTO MAXAR TECHNOLOGIES, THE NEW YORK TIMES

    La base aérienne d’Engels à Saratov, en Russie, le 4 décembre. Les médias russes ont rapporté lundi que trois soldats ont été tués lorsqu’un drone ukrainien a été abattu lors de son approche de la base d’Engels.

  • Des véhicules militaires traversent de profondes ornières boueuses dans le district de Lyman, en Ukraine, dimanche, le jour de Noël.

    PHOTO TYLER HICKS, THE NEW YORK TIMES

    Des véhicules militaires traversent de profondes ornières boueuses dans le district de Lyman, en Ukraine, dimanche, le jour de Noël.

  • Des familles assistent à la projection d’un film ukrainien dans le stationnement d’un centre commercial à Kyiv, samedi, la veille de Noël.

    PHOTO LAURA BOUSHNAK, THE NEW YORK TIMES

    Des familles assistent à la projection d’un film ukrainien dans le stationnement d’un centre commercial à Kyiv, samedi, la veille de Noël.

  • Un piéton examine des bâtiments endommagés par les combats à Bakhmut, une ville de la ligne de front qui continue à subir les attaques russes, dans la région du Donbass, samedi.

    PHOTO TYLER HICKS, THE NEW YORK TIMES

    Un piéton examine des bâtiments endommagés par les combats à Bakhmut, une ville de la ligne de front qui continue à subir les attaques russes, dans la région du Donbass, samedi.

  • Des Ukrainiens assistent à un service religieux le jour de Noël à la cathédrale Sainte-Sophie, l’une des plus anciennes églises de Kyiv.

    PHOTO LAURA BOUSHNAK, THE NEW YORK TIMES

    Des Ukrainiens assistent à un service religieux le jour de Noël à la cathédrale Sainte-Sophie, l’une des plus anciennes églises de Kyiv.

  • Oleksandr et Inna Borodko ont fêté Noël avec leur fils, Dmitriy, dans son appartement à Kyiv, en Ukraine, dimanche.

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    Oleksandr et Inna Borodko ont fêté Noël avec leur fils, Dmitriy, dans son appartement à Kyiv, en Ukraine, dimanche.

  • Un combattant du bataillon Karpatska Sich sur le territoire repris à l’occupation russe, dans le district de Lyman, en Ukraine, le jour de Noël.

    PHOTO TYLER HICKS, THE NEW YORK TIMES

    Un combattant du bataillon Karpatska Sich sur le territoire repris à l’occupation russe, dans le district de Lyman, en Ukraine, le jour de Noël.

  • Les familles de prisonniers de guerre ukrainiens lors d’une manifestation intitulée « Noël en captivité » à Kyiv, samedi

    PHOTO LAURA BOUSHNAK, THE NEW YORK TIMES

    Les familles de prisonniers de guerre ukrainiens lors d’une manifestation intitulée « Noël en captivité » à Kyiv, samedi

  • Des troupes ukrainiennes en route vers la ligne de front près de Lyman, dans la région de Donetsk, dans l’est de l’Ukraine, le jour de Noël.

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    Des troupes ukrainiennes en route vers la ligne de front près de Lyman, dans la région de Donetsk, dans l’est de l’Ukraine, le jour de Noël.

  • Un soldat ukrainien du bataillon Karpatska Sich dans une église détruite par les bombardements et pillée par les militaires russes pendant leur occupation de Lyman, dans la région de Donetsk, en Ukraine orientale, le jour de Noël.

    PHOTO TYLER HICKS, THE NEW YORK TIMES

    Un soldat ukrainien du bataillon Karpatska Sich dans une église détruite par les bombardements et pillée par les militaires russes pendant leur occupation de Lyman, dans la région de Donetsk, en Ukraine orientale, le jour de Noël.

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Le ministère russe de la Défense a déclaré dans un communiqué cité par l’agence de presse d’État TASS qu’un drone ukrainien avait été abattu tôt lundi « à basse altitude » et que trois militaires avaient été tués par son épave.

Les avions de la base n’ont pas été endommagés à la suite de l’attaque, a précisé le Ministère. Le récit de la Russie n’a pas pu être confirmé de manière indépendante.

« Fournitures défensives »

Le département d’État et le département américain de la Défense ont refusé de commenter les frappes de drones signalées lundi. Un fonctionnaire du département d’État a fait référence aux commentaires du porte-parole Ned Price après la première frappe sur Engels et un autre aérodrome dans la région russe de Riazan le 6 décembre, dans lesquels il a noté que les États-Unis n’avaient pas fourni à l’Ukraine des armes à utiliser à l’intérieur de la Russie.

« Nous avons été très clairs sur le fait qu’il s’agit de fournitures défensives, a-t-il déclaré à l’époque. Nous n’encourageons pas l’Ukraine à frapper au-delà de ses frontières. »

Peu après les attaques du 6 décembre contre les bases, la Russie a envoyé un barrage de missiles en direction des villes ukrainiennes.

L’aérodrome d’Engels, sur la Volga, dans le sud de la Russie, est une base pour certains des bombardiers russes à longue portée et à capacité nucléaire, notamment les Tupolev-160 et Tupolev-95. Les responsables ukrainiens affirment qu’il s’agit également d’une base d’étape pour la campagne incessante d’attaques de missiles de la Russie contre les infrastructures, qui a laissé des millions d’Ukrainiens sans lumière, sans chauffage ou sans eau – ou sans rien du tout – à l’arrivée de l’hiver.

L’attaque de lundi contre l’installation stratégique russe a soulevé de nouvelles questions parmi les militants pro-invasion et les commentateurs sur l’état de la défense militaire et aérienne de la Russie.

« La guerre, comme il se doit, nous a ouvert les yeux sur beaucoup de choses », a écrit Alexandre Khodakovsky, un commandant militaire prorusse d’une formation séparatiste en Ukraine, dans son canal sur Telegram.

« Nous comprenons maintenant que nous sommes vulnérables, a-t-il ajouté. Sinon, il serait possible de rester indéfiniment dans nos illusions jusqu’à ce que quelque chose de plus grave nous tombe sur la tête. »

Cet article a été initialement publié dans le New York Times.

Lisez l’article original (en anglais)