Les élections législatives en France ont causé certaines surprises, dont celle-ci…

Une surprise ? Qui ça ?

Rachel Keke. Prononcez Kéké. Elle a été élue dimanche dernier dans la 7e circonscription du Val-de-Marne, pour le parti La France insoumise (gauche radicale). Surprise parce que cette Franco-Ivoirienne de 47 ans est la toute première femme de chambre à entrer à l’Assemblée nationale.

Femme de chambre ? Bel exploit !

Oui, d’autant qu’elle a battu Roxana Maracineanu, l’ancienne ministre des Sports dans le gouvernement macroniste ! Par une très faible marge, il faut bien le dire : seulement 177 voix les séparent (50,3 % contre 49,7 %) !

Mais d’où sort cette Rachel Keke ?

Cette mère de cinq enfants est arrivée en France en 2000 et a été naturalisée en 2015. Elle s’est fait connaître en 2019 pendant une grève de femmes de chambre d’un hôtel Ibis en région de Paris, qui a duré 22 mois. Ce conflit de travail, très médiatisé, s’est terminé en faveur des grévistes. Meilleurs salaires, meilleures conditions de travail et même de meilleurs uniformes (coton au lieu du synthétique) ! C’est ce qui a lancé sa carrière politique.

Comment voit-elle son rôle de députée ?

Comme le prolongement de ses ambitions syndicales. Elle se présente comme « la voix des sans-voix ». Elle veut défendre les droits des travailleurs invisibles. Les femmes de chambre, mais aussi les éducatrices, les aides-soignants, les préposés aux bénéficiaires, les agents de sécurité, etc. Elle répète souvent qu’il n’y a « pas de France sans les travailleurs essentiels ». Issue des classes populaires, elle prône une politique de proximité et promet qu’elle « rugira » si nécessaire.

Beau message

En effet. Mais Mme Keke n’a pas tardé à être rattrapée par la controverse. Certaines de ses anciennes publications Facebook, datant de 2018, ont refait surface cette semaine sur les réseaux sociaux. Elle y défendait notamment le régime de Bachar al-Assad et le Rassemblement national de Marine Le Pen, le comble pour une immigrante de gauche ! Elle assume, mais dit avoir évolué sur le plan des idées : « J’ai repartagé des posts qui ne reflètent absolument pas qui je suis et ce que je défends aujourd’hui dans mon combat politique. »

Tout un baptême du feu !

Oui, et ce n’est sans doute pas fini. Certains chroniqueurs politiques dénoncent déjà son manque d’éducation (elle a quitté l’école à la sixième année). « On ne peut pas être député et ignorant », a notamment lancé la polémiste de droite Élisabeth Lévy, en priant pour qu’elle ne porte pas son boubou africain à l’Assemblée. D’autres la voient en revanche comme la preuve vivante que tout le monde, peu importe les origines et le parcours professionnel, peut être élu député.

Elle n’est d’ailleurs pas la seule dans ce cas, si ?

Non, d’autres candidats atypiques feront aussi leur entrée au Parlement français. Un chauffeur-livreur qui aspire à lutter contre la pauvreté, une ouvrière agricole bio, une téléopératrice pro-LGBTQ+, une préposée aux bénéficiaires, une postière, un aide-soignant, un policier ancien boxeur professionnel, un chauffeur de taxi qui se bat contre l’« ubérisation » du secteur et – attention – un accordeur de piano non voyant vice-champion de France de culturisme ! On ne va pas s’ennuyer !

Sources : France 24, Le Parisien, l’Agence France-Presse, Sud Radio et Médiapart