(Paris) En pleine crise politique en France, le président Emmanuel Macron est contraint de s’éloigner plusieurs jours de Paris pour participer successivement aux sommets de l’UE, du G7 et de l’OTAN où seront prises des décisions importantes.

Les actes et les paroles du chef de l’État français seront scrutés de près par les nombreux dirigeants qu’il va rencontrer d’ici à fin juin, marquant la fin de la présidence française du Conseil de l’UE. Apparaîtra-t-il affaibli sur la scène internationale par ses déboires électoraux et la perte de la majorité absolue à l’Assemblée nationale ?

Ce ne sera pas le cas, assure le palais présidentiel de l’Élysée. Le résultat des élections législatives « n’affecte en rien le mandat sur lequel le président a été réélu pour cinq ans », affirme-t-il, en soulignant que dans de nombreux pays, « les majorités relatives sont beaucoup plus la règle que l’exception ».

Un conseiller du président indique percevoir dans les capitales européennes « davantage de la curiosité sur le sens du résultat (des élections) qu’une inquiétude sur la capacité de la France à assumer un leadership en Europe ».

Mais Emmanuel Macron pourrait voir s’ébrécher son image d’« homme fort de l’UE » si la France devenait ingouvernable comme le craignent certains responsables. « Un affaiblissement est probable » parce que le président devra, « sans la majorité au Parlement, consacrer beaucoup de temps et d’énergie aux questions intérieures, au détriment de la politique étrangère », prévoit Paolo Mattera, professeur d’histoire contemporaine à l’Università Roma Tre à Rome.

À Bruxelles pour l’UE

Le premier rendez-vous, jeudi et vendredi à Bruxelles pour le traditionnel sommet d’été des 27, s’annonce plutôt consensuel puisqu’un accord unanime est attendu sur l’octroi du statut de candidat à l’UE à l’Ukraine, ainsi qu’à la Moldavie. Cela devrait marquer « un moment important, positif, peut-être même historique », a estimé le ministre français des Affaires européennes Clément Beaune.

Le président défendra son idée de création d’une « communauté politique européenne » pour accueillir des pays proches, mais non membres de l’UE, comme l’Ukraine, les pays des Balkans occidentaux, la Suisse ou le Royaume-Uni.

Les 27 feront également le point avec la présidente de la Banque centrale européenne Christine Lagarde, sur la situation économique tendue, avec une inflation forte et un risque de « fragmentation des économies européennes » à la lumière des écarts de taux (« spread ») qui ne cessent de se creuser.

En Allemagne pour le G7

Après un retour à Paris vendredi après-midi, Emmanuel Macron rejoindra dimanche le château d’Elmau, dans les Alpes bavaroises. Le chancelier allemand Olaf Scholz y accueillera les dirigeants du G7 pour discuter de sanctions contre la Russie, de la reconstruction de l’Ukraine, mais aussi de la sécurité alimentaire mondiale, menacée par le blocage des céréales ukrainiennes, ainsi que du double défi de la sécurité énergétique et de la transition vers des énergies vertes.

Le président français devrait faire des annonces dans le cadre d’une « Alliance globale pour la sécurité alimentaire » et apporter son soutien à une proposition allemande de « bouclier contre les risques climatiques », selon l’Élysée.

À Madrid pour l’OTAN

Le 28 juin, il se rendre à Madrid pour le sommet de l’OTAN, qui rassemble ses 30 États membres pour deux jours.

Les discussions tourneront de nouveau autour de la guerre en Ukraine, qui a redonné une forte visibilité à l’Alliance, alors que le président l’avait jugée en état de « mort cérébrale » en 2019, une formule qui avait fait grincer des dents.

En recevant mardi son secrétaire général Jens Stoltenberg, le président Macron a réaffirmé son « soutien à la Finlande et la Suède dans leur choix souverain de rejoindre l’Alliance », deux candidatures actuellement bloquées par la Turquie.

À Lisbonne pour les océans

Il achèvera son marathon diplomatique à Lisbonne, le 30 juin, pour la conférence de l’ONU sur la préservation des fonds marins, menacés par le changement climatique et l’activité humaine.

Il devrait annoncer la candidature de la France pour l’organisation de la prochaine conférence sur les Océans, en 2025.