(Bruxelles) Un « consensus total » a émergé pour accorder à l’Ukraine le statut de candidat à l’UE lors de discussions mardi entre les ministres des Affaires européennes des 27 réunis à Luxembourg, a déclaré le ministre français Clément Beaune, deux jours avant un sommet décisif.

La Commission européenne a rendu un avis positif vendredi sur l’octroi à l’Ukraine et à la Moldavie du statut de candidat à l’Union européenne, lequel ouvrirait la voie à une adhésion à l’issue d’un long processus.  

La discussion mardi entre les ministres à Luxembourg « a permis de montrer un large consensus, je dirais même un consensus total […] notamment en ce qui concerne l’Ukraine, la possibilité de reconnaître le statut de candidat dans les meilleurs délais », a déclaré M. Beaune, dont le pays assure la présidence tournante du Conseil de l’UE.  

« C’est un débat qui appartiendra maintenant aux chefs d’État et de gouvernement » réunis en sommet jeudi et vendredi à Bruxelles, a-t-il ajouté.

« Nous avons travaillé pour que l’unité européenne puisse à nouveau se manifester, que nous vivions un moment important, positif peut-être même historique en cette fin de semaine », a poursuivi Clément Beaune.

« Un processus d’adhésion ne signifie pas une adhésion immédiate », a toutefois rappelé le ministre délégué à l’Europe.  

« Précisément parce que ce processus est exigeant et long, nous aurons à envisager non pas comme des alternatives, mais comme des compléments, des actions supplémentaires, c’est dans cet esprit que le président de la République avait évoqué ces dernières semaines une communauté politique européenne », a-t-il rappelé.

« Flamme européenne »

« Nous avons besoin d’entretenir la perspective, la flamme européenne quand bien même un processus d’adhésion serait initié », a-t-il ajouté.

Le président français Emmanuel Macron avait présenté le 9 mai devant le Parlement européen à Strasbourg cette idée de « communauté politique européenne » pour accueillir les pays désireux de rejoindre l’UE en attente d’une intégration, mais l’initiative avait été accueillie avec méfiance par l’Ukraine.

Le statut de candidat recommandé par la Commission pour l’Ukraine et la Moldavie est assorti de conditions sur la poursuite de réformes liées à la lutte anticorruption et à l’indépendance de la justice.

La Géorgie, qui aspire également à rejoindre l’UE, devra quant à elle encore mener des réformes avant d’obtenir le statut de candidat, selon l’avis de la Commission. Des dizaines de milliers de manifestants ont défilé lundi à Tbilissi pour réclamer une adhésion à l’UE.

Le ministre français a aussi souligné « un consensus très clair » des 27 sur « la nécessité de rappeler la perspective européenne des pays des Balkans occidentaux », dont « la stabilité est parfois affectée par le conflit ukrainien ».

Les dirigeants des 27 se réuniront jeudi matin avec ceux des Balkans occidentaux avant le Conseil européen. Quatre pays de cette région sont officiellement candidats-Macédoine du Nord (depuis 2005), Monténégro (depuis 2010), Serbie (depuis 2012), Albanie (depuis 2014)-et deux autres sont des candidats potentiels-Bosnie et Kosovo.

Les négociations d’adhésion ont déjà commencé avec Serbie et Monténégro, mais pas pour les autres. La France, en tant que pays présidant le Conseil de l’UE, s’efforce avec la Commission de lever le blocage de la Bulgarie au processus d’adhésion de la Macédoine du Nord.

Alors que ces décisions se prennent à l’unanimité, Sofia met son veto en raison de contentieux bilatéraux liés à la langue et l’histoire.

« La présidence française est très active pour essayer je l’espère dans les jours qui viennent (de lever) le blocage », a déclaré Clément Beaune. « Mais je veux être prudent à ce stade », a-t-il dit, soulignant « la situation politique difficile à Sofia aujourd’hui ».