(Paris) Emmanuel Macron a voulu reprendre l’initiative mardi en consultant les responsables des partis pour trouver des « solutions constructives » afin d’empêcher un blocage politique au Parlement, évoquant un « gouvernement d’union nationale », selon le chef du PCF Fabien Roussel.

M. Macron, « m’a demandé si nos étions prêts à travailler dans un gouvernement d’union nationale » et si une telle initiative « était la solution pour sortir le pays de la crise », a ajouté M. Roussel, dernier des responsables après avoir été reçu mardi soir par le chef de l’État à l’Élysée.

« Il envisage, ou la constitution d’un gouvernement d’union nationale, s’il y avait les partis pour y participer », ou « d’aller chercher les soutiens au cas par cas », selon les « sujets », a précisé l’ex-candidat communiste à la présidentielle, qui écarte l’idée d’y participer.

Auparavant, les alliés d’Emmanuel Macron avaient appelé de leurs vœux une « grande coalition » à l’instar de l’ex-premier ministre Édouard Philippe (Horizons), ou de s’approcher au plus près d’une « union nationale », comme François Bayrou (Modem).

François Bayrou, après avoir été reçu, a estimé, sans croire à un gouvernement d’union nationale, « qu’on peut, tout en étant différent, et même en étant divergents, être responsable ». « Il y a une co-responsabilité », a-t-il affirmé.

« Nous allons devoir constituer une grande coalition […] avec des gens qui spontanément n’ont pas envie de travailler ensemble, avec des gens qui se sont engagés sur des programmes différents, avec des gens qui se sont critiqués », a jugé de son côté le président d’Horizons, qui sera reçu mercredi par le chef de l’État, en visant en premier lieu son ancienne famille, LR.

Avec elle, « je vois qu’il est possible d’imaginer une discussion franche, directe, un compromis qui supposera que certains reviennent en arrière sur un certain nombre de positions », a-t-il insisté, tout en ajoutant que cela « pourrait aussi exister avec […] peut-être le groupe socialiste, les écologistes ».

Le chef LR Christian Jacob, à sa sortie de l’Élysée, avait répété que le parti de droite refusait d’entrer dans « toute logique de pacte » même s’il ne sera « jamais » dans « le blocage des institutions ». Une position contestée par certains élus LR, d’autres comme Catherine Vautrin disant « pourquoi pas » à l’idée de « grande coalition » proposée par Édouard Philippe.

Le chef du PS Olivier Faure a expliqué à Emmanuel Macron que les socialistes étaient « disposés » à « avancer » si le gouvernement prenait des mesures sur le pouvoir d’achat, notamment une hausse du SMIC.

Marine Le Pen a rappelé que le RN revendiquait « la présidence de la Commission des finances » et la vice-présidence de l’Assemblée, réaffirmant que le groupe d’extrême droite entendait être « dans l’opposition », mais « pas dans l’obstruction systématique ».

« Le fruit qui tombe de l’arbre »

Emmanuel Macron doit recevoir mercredi Julien Bayou (EELV) et les Insoumis Adrien Quatennens et Mathilde Panot, qui a été réélue à la tête du groupe LFI.

Le chef des Insoumis Jean-Luc Mélenchon a déjà dit qu’il ne serait pas question d’une union nationale. Il s’en est pris à la première ministre Élisabeth Borne, l’enjoignant à se soumettre à un vote de confiance des députés.

Photo Christophe Petit Tesson, Associated Press

Élisabeth Borne

« Cette femme n’a aucune légitimité », a affirmé mardi Jean-Luc Mélenchon, en l’appelant à se soumettre à un vote de confiance des députés. « Nous sommes en train de perdre notre temps avant qu’elle s’en aille », a-t-il ajouté, disant « attendre que le fruit tombe de l’arbre ».

Le ministre des Comptes publics, Gabriel Attal, a fustigé les « leçons de légitimité » de l’ex-député « à une femme qui est première ministre et qui a été élue par les Français », rappelant que la majorité présidentielle « a reçu le plus grand nombre de suffrages et le plus grand nombre de sièges à l’Assemblée nationale ».

Emmanuel Macron a envoyé un signe de soutien à sa première ministre, refusant sa démission, « afin que le gouvernement puisse demeurer à la tâche », selon l’Élysée. Elle recevra d’ailleurs « la semaine prochaine les présidents de groupes fraîchement élus à l’Assemblée nationale », a annoncé la porte-parole du gouvernement Olivia Grégoire, à l’issue d’une « réunion de travail » à Matignon avec l’ensemble des ministres.

En poste depuis à peine un mois, la cheffe du gouvernement « est au travail, elle prépare les prochains jours avec le gouvernement, l’ensemble des décrets que nous devons sortir », a souligné Mme Grégoire.

« La première ministre a plaidé pour rester afin d’avoir les outils pour faire face à la situation et aux urgences des Français », a expliqué son entourage. « Il y a beaucoup de décrets à prendre dans les jours à venir, dont la revalorisation du point d’indice, la deuxième phase de Parcoursup… On ne peut pas se permettre d’avoir un gouvernement qui ne gère pas cela ».

« Nous sommes là pour gouverner, nous avons été élus par le peuple français pour gouverner, nous gouvernons sous l’autorité d’Élisabeth Borne et du président de la République », a martelé à sa sortie de Matignon le ministre de l’Économie Bruno Le Maire.