(Londres) La cheffe du Parti républicain nord-irlandais Sinn Fein a accusé dimanche le gouvernement britannique de « violer le droit international » avec un projet de loi modifiant les dispositions post-Brexit dans la province, estimant que Boris Johnson essaye ainsi de restaurer son autorité.

Le gouvernement britannique va introduire au Parlement lundi un texte de loi modifiant certains éléments du protocole nord-irlandais, négocié dans le cadre du Brexit et au cœur de vives tensions dans la province britannique.

Pour l’Union européenne (UE), cela revient à revenir sur un traité international et justifierait des représailles commerciales.

Mary Lou McDonald, dont le parti Sinn Fein est arrivé pour la première fois en tête aux élections locales du 5 mai, a souligné qu’« une majorité importante » d’élus à l’assemblée d’Irlande du Nord « soutiennent le protocole ».  

Photo CLODAGH KILCOYNE, archives REUTERS

Mary Lou McDonald

Mais le parti unioniste d’Irlande du Nord, le DUP, refuse de participer à un nouveau gouvernement à Belfast si ce protocole n’est pas modifié. Le gouvernement britannique, qui soutient les unionistes, a annoncé mi-mai sa volonté de légiférer pour le modifier.  

« Le protocole fonctionne », a martelé Mary Lou McDonald sur SkyNews. En le modifiant unilatéralement, le gouvernement britannique s’apprête à « violer le droit international ».

Les propositions du gouvernement sont « conçues pour stimuler l’ego, les ambitions de leadership de Boris Johnson ou de l’un de ses successeurs potentiels », a-t-elle estimé, alors que Boris Johnson tente de restaurer son autorité après avoir récemment réchappé d’un vote de défiance de son propre Parti conservateur.

Le ministre britannique chargé de l’Irlande du Nord, Brandon Lewis, a assuré au contraire que le projet du gouvernement était « légal ».

« Le texte de loi que nous présenterons demain est conforme à la loi. Ce que nous allons faire est légal et c’est juste », a-t-il défendu sur la même chaîne de télévision.

Le texte a pour but de « réparer » les problèmes engendrés par la mise en œuvre du protocole afin de simplifier les échanges commerciaux entre la Grande-Bretagne et l’Irlande du Nord et d’apaiser les unionistes pour qu’ils acceptent de former un gouvernement.

Le protocole, conclu pour protéger le marché unique européen, a instauré une frontière douanière en mer d’Irlande pour maintenir l’Irlande du Nord dans l’orbite douanière de l’UE et éviter la création d’une frontière terrestre entre la province britannique et l’Irlande, membre de l’UE.

Le gouvernement britannique souhaite introduire un nouveau système afin que les marchandises circulant et restant au sein du Royaume-Uni passent par un « nouveau canal vert », les libérant de démarches administratives. Les marchandises destinées à l’UE resteront, elles, soumises à l’ensemble des vérifications et contrôles appliqués en vertu du droit de l’UE.