(Londres) Le premier ministre britannique Boris Johnson est « consterné » par la condamnation à mort de deux Britanniques par des séparatistes prorusses dans l’est de l’Ukraine, a indiqué vendredi Downing Street, disant travailler avec Kyiv à leur libération.

Les Britanniques Aiden Aslin et Shaun Pinner et le Marocain Brahim Saadoun, faits prisonniers en Ukraine où ils combattaient pour Kyiv, ont été condamnés à mort jeudi pour mercenariat par la justice des autorités séparatistes de Donetsk.  

« Le premier ministre est consterné par la condamnation de ces hommes », a déclaré son porte-parole à la presse, insistant que Londres « soutient l’Ukraine dans ses efforts pour les libérer ».

« Clairement, ils servaient dans les forces armées ukrainiennes et sont des prisonniers de guerre », et non des mercenaires, a-t-il ajouté, rejetant l’accusation de mercenariat.

La cheffe de la diplomatie britannique Liz Truss – qui avait qualifié jeudi le verdict de « simulacre de jugement sans légitimité » – s’est entretenue vendredi matin avec son homologue ukrainien Dmytro Kouleba.

Elle a dit sur Twitter avoir discuté avec lui « des efforts pour sécuriser la libération des prisonniers de guerre retenus par les prorusses. Le jugement à leur encontre est une infraction flagrante à la convention de Genève ».  

Berlin a également jugé « choquante » vendredi la condamnation à mort de ces combattants étrangers, tandis que Paris s’est déclaré « extrêmement préoccupé ».

« Ces personnes doivent être traitées dans le respect du droit international humanitaire », a affirmé le ministère français des Affaires étrangères dans un communiqué, appelant « la Russie et ses supplétifs en Ukraine à respecter leurs obligations à cet égard ».

« Prix » d’un échange

La famille d’Aiden Aslin avait expliqué fin avril que ce dernier avait déménagé en 2018 en Ukraine, où il avait rencontré sa compagne et s’était installé à Mykolaïv (sud). Il avait décidé de rejoindre les Marines ukrainiens et a servi dans cette unité pendant près de quatre ans.

La famille de Shaun Pinner avait elle indiqué que celui-ci n’était « ni un volontaire ni un mercenaire, mais sert officiellement dans l’armée ukrainienne conformément à la législation ukrainienne ». Il s’était lui aussi installé en 2018 en Ukraine et a épousé une Ukrainienne.

Interrogé sur la BBC sur la manière possible de les libérer, l’ambassadeur d’Ukraine à Londres, Vadym Prystaïko, a précisé que « ce sera un échange » : « La question c’est quel sera le prix, parce que les Russes parlent d’un échange avec des députés ukrainiens » ayant travaillé au profit de la Russie.

Il a rappelé que ces combattants britanniques avaient « des contrats avec les forces armées (ukrainiennes), ils vivaient en Ukraine avant ».

« Ce sont des prisonniers de guerre et devraient être traités comme tels, de la même manière dont nous traitons les Russes en captivité », a-t-il plaidé.

Le député et ancien ministre conservateur Robert Jenrick, qui représente la circonscription de M. Aslin, a appelé le Foreign Office à convoquer l’ambassadeur russe au Royaume-Uni. Il a affirmé avoir reçu des garanties des autorités ukrainiennes que MM. Aslin et Pinner seraient libérés en priorité dans l’optique d’échange de prisonniers entre Kyiv et Moscou.

Vendredi, l’ONU a exprimé son « inquiétude » après les condamnations à mort des trois combattants étrangers.

« Selon le commandant en chef de l’Ukraine, tous ces hommes faisaient partie des forces armées ukrainiennes. Si c’est le cas, ils ne devraient pas être considérés comme des mercenaires », a indiqué une porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme, Ravina Shamdasani.

Quatre militaires volontaires étrangers, dont un Français, ont été tués en combattant l’invasion russe en Ukraine, a annoncé la Lidu, organisme officiel des combattants volontaires étrangers.  

La Russie a pour sa part affirmé cette semaine avoir tué « des centaines » de combattants étrangers en Ukraine depuis le début de son offensive le 24 février, parvenant selon elle à endiguer le flux de nouveaux arrivants.