Les 27 pays membres de l’Union européenne (UE) ont réussi à s’entendre tard lundi soir sur un projet d’embargo du pétrole russe devant se traduire par une réduction des deux tiers des importations d’ici la fin de l’année.

Ce que vous devez savoir

  • Les Européens vont tarir 90 % des importations de pétrole russe.
  • Le président des États-Unis, Joe Biden, refuse de livrer à l’Ukraine des missiles pouvant frapper la Russie.
  • Dans le Donbass, les forces russes tentent de conquérir Sievierodonetsk ; dans le Sud, les Ukrainiens menacent de reprendre Kherson.
  • Gazprom suspend sa livraison de gaz aux Pays-Bas.

Au terme de longues discussions à Bruxelles, les membres de l’UE en sont venus à un accord pour une réduction des importations en deux temps. D’ici la fin de l’année, ils cesseront d’acheter du pétrole russe acheminé par voie maritime, soit deux tiers de leurs importations.

Ils ont reporté un bannissement du pétrole acheminé par oléoduc. Cela permet à des pays enclavés et sans accès à la mer, surtout la Hongrie et la Slovaquie, de continuer à recevoir du pétrole russe essentiel à leur économie.

Par exemple, la Hongrie importe 65 % de son pétrole de la Russie, et son président, Viktor Orbán, menaçait de faire déraper un accord si on ne prenait pas en compte les besoins de son pays.

Comme l’Allemagne et la Pologne se sont engagées à ne plus acheter de pétrole russe transporté par oléoduc d’ici la fin de l’année, les Européens vont donc tarir de 90 % les livraisons de pétrole russe d’ici la fin de 2022.

Annuellement, l’UE importe du pétrole russe pour une valeur de 80 milliards d’euros (près de 109 milliards CAN) et du gaz pour une somme de 20 milliards d’euros (27 milliards CAN). Tout cet argent aide la Russie à continuer la guerre.

D’autres mesures contre la Russie ont été adoptées au cours de cette rencontre, dont l’exclusion de trois nouvelles banques russes du système de messagerie financière Swift.

Pas de missiles américains de longue portée

Par ailleurs, le président des États-Unis, Joe Biden, a déclaré lundi que les États-Unis n’allaient pas livrer à l’Ukraine des missiles à longue portée pouvant atteindre le territoire russe.

Depuis des semaines, l’Ukraine réclame de Washington la livraison d’un système d’armement appelé Multiple Launch Rocket System (MLRS) capable d’envoyer une flopée de missiles à des centaines de kilomètres. À ce jour, l’Ukraine ne possède pas une telle force de frappe.

« Nous n’allons pas envoyer en Ukraine des systèmes de missiles pouvant toucher des cibles en Russie », a déclaré M. Biden en arrivant à la Maison-Blanche après avoir passé le week-end au Delaware et visité la communauté d’Uvalde, au Texas.

Le président de l’Ukraine, Volodymyr Zelensky, réclame ces missiles depuis longtemps, notamment car il estime qu’il y va de l’issue du conflit.

Batailles féroces

Sur le terrain, les forces russes et ukrainiennes s’affrontent dans de féroces batailles au cœur de Sievierodonetsk (environ 15 000 habitants) en cette 96e journée de guerre. C’est ce qu’a indiqué le maire, Oleksandr Striuk. « Les troupes russes sont entrées dans la ville et les batailles de rue font rage », a-t-il dit à l’Associated Press.

Dans une analyse publiée le 28 mai, l’Institute for the Study of War indique que le président Vladimir Poutine expédie en masse hommes et munitions dans cette ville du Donbass croyant, à tort, que si elle tombe, la victoire russe dans la région sera totale.

Il faut plutôt regarder du côté des villes de Sloviansk et de Kramatorsk pour évoquer une éventuelle victoire stratégique russe, croit Dominique Arel, professeur et titulaire de la Chaire en études ukrainiennes de l’Université d’Ottawa.

« La bataille pour les conquérir pourrait prendre des mois, mais il se pourrait que les Ukrainiens soient mieux approvisionnés en armes [occidentales] que les Russes [dont la production est affectée par les sanctions] », dit-il.

Pour les experts du militaire, il est loin d’être garanti que le Donbass au complet tombe, et une contre-offensive ukrainienne pourrait survenir.

Dominique Arel, professeur et titulaire de la Chaire en études ukrainiennes de l’Université d’Ottawa

Dans le Sud, les forces ukrainiennes affirment reprendre du terrain dans les faubourgs de Kherson. « Kherson, tiens bon, nous sommes proches ! », a écrit l’état-major ukrainien sur Facebook – des informations non vérifiées par des sources indépendantes. Selon le quotidien The Kyiv Independent, les forces russes auraient subi des pertes importantes et évacué le village de Mykolaïvka.

Gazprom suspend la livraison aux Pays-Bas

Les Pays-Bas deviendront ce mardi la plus récente cible du gazier russe Gazprom, qui suspend sa livraison à ce pays à défaut de pouvoir être payé en roubles.

D’ici octobre, c’est 2 milliards de mètres cubes de gaz russe dont seront privés les Pays-Bas. La société réceptrice néerlandaise GasTerra, qui appartient partiellement à l’État, a indiqué avoir prévu cette décision et acheté des stocks ailleurs.

Depuis le 21 mai, Gazprom a suspendu les approvisionnements à la Finlande, à la Pologne et à la Bulgarie, des pays jugés « inamicaux » refusant de payer ce combustible en roubles.

Avec l’Agence France-Presse, l’Associated Press et CNN