L’Ukraine peut remporter le conflit qui l’oppose à la Russie avec « le bon équipement », a déclaré lundi le chef du Pentagone, des propos dont doutent des experts qui y voient plutôt une stratégie de relations publiques des Américains.

Lundi, au 61e jour du conflit, le secrétaire à la Défense des États-Unis, Lloyd Austin, s’est voulu rassurant au lendemain d’une rencontre avec son collègue à la diplomatie, Antony Blinken, et le président de l’Ukraine, Volodymyr Zelensky.

« La première chose pour gagner, c’est de croire que l’on peut gagner. Et ils [les Ukrainiens] sont convaincus qu’ils peuvent gagner, a dit Lloyd Austin. Ils peuvent gagner s’ils ont le bon équipement, le bon soutien. »

Or, tout dépend de la portée de la victoire sous-entendue par ces propos, indique le professeur titulaire de science politique à l’UQAM et codirecteur du Réseau d’analyse stratégique (RAS) Justin Massie.

Je ne crois pas que l’Ukraine, peu importe la quantité d’armes que les États-Unis ou les autres membres de l’OTAN pourraient lui fournir […], soit capable de vaincre la Russie en totalité.

Justin Massie, professeur titulaire de science politique à l’UQAM

Un tel scénario impliquerait, selon lui, la reconquête de l’entièreté du pays par l’armée ukrainienne, y compris les territoires perdus en 2014, soit la Crimée et les « républiques dites séparatistes du Donbass ». Cela apparaît toutefois « difficile » à envisager pour Justin Massie.

Qui plus est, malgré l’annonce d’une nouvelle aide militaire directe et indirecte pour l’Ukraine de 700 millions de dollars faite par les Américains lundi, ceux-ci restent pour le moment en marge du conflit, ajoute le professeur assistant au Collège militaire royal de Saint-Jean, Yann Breault. L’expert décode plutôt dans ces propos du secrétaire à la Défense des États-Unis une escalade au sujet de l’Ukraine.

« On est dans une confrontation indirecte avec le pouvoir en place à Moscou. Le but de cette visite [de Blinken et d’Austin], l’intensification des livraisons d’armes, c’est d’exercer un maximum de pression », dit-il.

La Finlande et la Suède prêtes à se joindre à l’OTAN ?

PHOTO PAUL WENNERHOLM, ARCHIVES REUTERS

Magdalena Andersson, première ministre de Suède, et Sanna Marin, première ministre de Finlande

Deux pays scandinaves, la Finlande et la Suède, auraient décidé de déposer une candidature conjointe pour intégrer l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), a rapporté le journal britannique The Guardian lundi. L’information, qui n’a pas encore été confirmée officiellement, a été révélée par des médias locaux, comme le quotidien finlandais Iltalehti et le journal suédois Expressen. Les deux pays pourraient poser leur candidature ensemble dès la mi-mai. Les premières ministres respectives avaient affirmé plus tôt ce mois-ci qu’elles envisageaient de faire ce choix stratégique, malgré les menaces de la Russie. À plusieurs reprises, Moscou a averti qu’elle renforcerait ses moyens militaires, notamment nucléaires, en mer Baltique et près de la Scandinavie, en cas d’adhésion de ses voisins à l’alliance militaire. En ce moment, la Finlande et la Suède sont officiellement non alignées, bien que partenaires de l’OTAN depuis le milieu des années 1990.

Lisez l’article du Guardian (en anglais)

Un ex-chancelier sur la sellette

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Gerhard Schröder, ex-chancelier allemand

Des voix s’élèvent en Allemagne pour réclamer l’exclusion de l’ex-chancelier allemand Gerhard Schröder, qui a dirigé le pays de 1998 à 2005, du Parti social-démocrate (SPD). Depuis des mois, Gerhard Schröder est très critiqué en raison de ses liens d’amitié avec le président de la Russie, Vladimir Poutine, et de ses responsabilités dans plusieurs grands groupes russes. La polémique a pris une plus grande ampleur la fin de semaine dernière. Dans une entrevue accordée au New York Times, l’ex-chancelier a déclaré qu’il n’avait aucune intention pour le moment de renoncer à ses mandats dans les entreprises russes, contrairement à la plupart des anciens dirigeants européens présents dans les instances dirigeantes d’entreprises russes avant la guerre en Ukraine.

L’économie russe se stabilise, selon Poutine

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Vladimir Poutine, président de la Russie

Après avoir été durement frappée par une vague de sanctions au début du conflit en Ukraine, l’économie russe est en train « de se stabiliser », a affirmé lundi le président de la Russie, Vladimir Poutine. Selon ce qu’il a expliqué lors d’une réunion du gouvernement russe consacrée aux questions économiques, deux facteurs seraient en cause. La bonne santé du rouble, qui s’est « activement renforcé ces derniers temps » jusqu’à retrouver des niveaux d’avant la crise, et la demande des consommateurs, revenue à la normale après un pic en février et en mars. Des économistes estiment toutefois que le pire est à venir à mesure que l’incidence des sanctions sera de plus en plus visible.

Risque « réel » d’une 3guerre mondiale

PHOTO FOURNIE PAR LE SERVICE DE PRESSE DU MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DE LA RUSSIE

Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères

Tout en évoquant le danger « réel » d’une troisième guerre mondiale, Moscou a assuré lundi être prêt à poursuivre les négociations de paix avec Kyiv, accusant du même coup l’Ukraine de « faire semblant » de discuter. « La bonne volonté a ses limites et si elle n’est pas réciproque, cela ne contribue pas au processus de négociation », a déclaré le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, selon des agences de presse russes. « Mais nous continuons de mener des négociations avec l’équipe déléguée par [le président ukrainien], et ces contacts vont se poursuivre », a-t-il ajouté.

Pas « d’accord » pour l’évacuation de Marioupol

PHOTO ALEXANDER ERMOCHENKO, REUTERS

Fumée s’élevant de l’aciérie d’Azovstal dans le ciel au-dessus de Marioupol, lundi

Après une fin de semaine où les bombardements se sont poursuivis sur le vaste complexe métallurgique Azovstal à Marioupol, où sont retranchés des combattants ukrainiens avec, selon eux, près d’un millier de civils, Moscou a annoncé unilatéralement un cessez-le-feu lundi. La trêve, censée permettre le départ des civils, a toutefois été rapidement niée par Kyiv. « Aucun accord » n’a été conclu à propos d’un couloir humanitaire, a déclaré la vice-première ministre de l’Ukraine, Iryna Verechtchouk. « Le couloir annoncé n’offre aucune sécurité, donc il n’y a pas d’évacuation », a-t-elle ajouté.

Avec la collaboration de Lila Dussault, La Presse, et l’Agence France-Presse