(Lukashivka) Il ne reste qu’une seule croix de métal à l’intérieur de l’église de briques brisées et de pierre noircie. Les soldats russes ont utilisé ce lieu de culte pour entreposer des munitions, ont dit les résidants, et les forces ukrainiennes ont bombardé le bâtiment pour faire partir les Russes.

Il n’y aura pas de messe de Pâques chrétienne orthodoxe ici dimanche dans ce petit village du nord de l’Ukraine.

L’un des dômes dorés de l’église a été arraché. Sa croix dorée est adossée à un mur extérieur.

« C’est très dommage », a déclaré la résidante Valentina Ivanivna, âgée de 70 ans, debout avec son vélo, alors que des hommes démontaient, en ce jour du Vendredi saint orthodoxe, des véhicules militaires russes abandonnés à proximité.

Photo Petros Giannakouris, Associated Press

Valentina Ivanivna

L’église de Lukashivka, un village près de la ville de Tchernihiv, a survécu à la Seconde Guerre mondiale et les années les plus austères de l’Union soviétique, une époque où les autorités l’ont dépouillé de ses icônes religieuses, ont raconté les habitants.

Cette fois, les citoyens pensent qu’il faudra des années à l’église pour retrouver sa beauté d’antan.

Ses cloches sont tombées sur un sol instable jonché de douilles de munitions et de boîtes de conserves de viande russe. Un support pour les chandelles demeure intact, avec une théière cabossée et une passoire à pâtes.

Photo Petros Giannakouris, Associated Press

Un chandelier a tenu le coup face aux bombardements.

Dehors, la partie à ailettes d’une fusée est coincée dans la boue.

Les villageois ont promis de reconstruire, quoi qu’il en coûte. Ils ont déjà commencé à construire leurs propres maisons, même en attendant la reprise des services de base.

Il n’y a pas de gaz disponible pour cuire le pain de Pâques. Au coin de la rue, l’aumônier militaire, Volodymyr Vychtyvkine, et les volontaires distribuaient de la nourriture et des versets bibliques.

« Rappelez-vous, Jésus a été ressuscité, leur a dit l’aumônier. L’Ukraine fera de même. »

Il a aussi appelé les villageois à prier pour ceux qui sont sur la ligne de front dans des endroits comme Marioupol, une ville du sud que les Russes sont déterminés à prendre et ont continué à bombarder vendredi.

La résistance n’est jamais morte pendant l’occupation locale de Lukashivka, a déclaré Valentyna Golyak, âgée de 64 ans.

Photo Petros Giannakouris, Associated Press

« Vous resterez sur cette terre comme engrais », a-t-elle dit aux soldats russes, estimant que ces hommes ne croient pas en Dieu.

Mme Golyak soutient qu’elle a également dit aux soldats russes qu’elle avait vécu toute sa vie sans guerre et qu’elle s’attendait à mourir de la même façon.

« Au lieu de cela, les soldats ont endommagé ou détruit presque toutes les maisons du village. Et l’église, qui était si belle », a-t-elle raconté.

La célèbre célèbre cependant une nouvelle vie puisque sa fille a donné naissance dans un sous-sol de village pendant l’occupation russe. La petite fille, qui s’appelle Victoria, a eu 1 mois samedi.