(Lisbonne et Londres) Les parents de la Britannique Madeleine McCann, Kate et Gerry, ont salué vendredi l’annonce par la justice portugaise de la mise en examen d’un suspect allemand ajoutant qu’ils « n’ont pas perdu espoir » de retrouver leur enfant, disparu en 2007.

« Même si la possibilité est peut-être mince, nous n’avons pas abandonné l’espoir que Madeleine soit toujours en vie et que nous la retrouverons », ont-ils insisté dans une déclaration publiée sur le site internet dédié à leur enfant.

PHOTO JOE GIDDENS, AGENCE FRANCE-PRESSE

Kate et Gerry McCann, en 2017

Le ministère public portugais a annoncé jeudi soir l’inculpation à sa demande d’un suspect en Allemagne, sans préciser son identité ou la nature des soupçons qui pèsent sur lui, dans le cadre d’une enquête portant sur la disparition de Maddie et menée « en coopération avec les autorités anglaises et allemandes ».

Cette nouvelle « reflète les progrès de l’enquête, menée par les autorités portugaises, allemandes et britanniques », indiquent les parents de la disparue.

Ils soulignent que le suspect « n’a pas encore été inculpé d’un crime spécifique lié à la disparition de Madeleine ».

Madeleine McCann, aussitôt désignée par la presse britannique sous le surnom de « Maddie », avait disparu le 3 mai 2007, peu avant son quatrième anniversaire, à Praia da Luz, une station balnéaire de la région de l’Algarve, où elle se trouvait en vacances avec sa famille.

Sa disparition avait donné lieu à une exceptionnelle campagne internationale menée par ses parents pour essayer de la retrouver.

Piste allemande

Presque 15 ans après la disparition de Madeleine McCann, la justice portugaise a emboîté le pas aux enquêteurs allemands qui ont identifié en 2020 un pédophile multirécidiviste comme principal suspect du meurtre de la fillette britannique.

Les réactions recueillies vendredi par l’AFP auprès du parquet de Brunswick et de l’avocat d’un suspect allemand identifié comme étant « Christian B. » ne laissaient pourtant aucun doute sur le fait qu’il est également devenu le suspect N.1 du parquet portugais.

PHOTO FOURNIE PAR LA POLICE ITALIENNE VIA ARCHIVES AFP

Le suspect Christian B

« Il est évident qu’au Portugal aussi on a des soupçons à son égard », mais « je serais surpris qu’ils soient du jour au lendemain plus avancés dans leur enquête que nous ici », a déclaré Hans Christian Wolters, le porte-parole du parquet de Brunswick, chargé du volet allemand de cette retentissante affaire, dans un entretien avec l’AFP.

« Il ne faut pas surestimer cette mesure prise par les autorités portugaises », a, pour sa part, réagi le représentant de « Christian B. », Friedrich Sebastian Fülscher, avocat à Kiel, dans le nord de l’Allemagne.

Risque de prescription

« Au Portugal, même un meurtre est prescrit au bout de 15 ans. Dans le cas de Maddie, si elle est décédée en mai 2007, ce sera le cas dans quelques semaines. Je suppose que la prescription a été interrompue par cette mesure », a-t-il ajouté.

« Ce qui s’est passé est lié à la prescription. […] Au fond, il s’agit d’une astuce de procédure de la part du ministère public » pour garder le dossier ouvert, renchérit Gonçalo Amaral, un ancien inspecteur portugais chargé de l’affaire, limogé de la police après avoir accusé les parents de la fillette de l’avoir tuée par accident, puis d’avoir dissimulé son cadavre.

Viols et agressions sur enfants

Après 14 mois d’investigations controversées marquées notamment par la mise en examen, puis la mise hors de cause, des parents, Gerry et Kate McCann, la justice portugaise avait classé l’affaire en 2008, avant de rouvrir le dossier cinq ans plus tard en raison de l’apparition de « nouveaux éléments ».

Cependant, l’affaire n’a pas connu de réelle avancée jusqu’en juin 2020, quand le parquet de Brunswick a dit avoir la certitude que la fillette était morte, ajoutant que ses soupçons se portaient sur un homme, alors en détention à Kiel pour une autre affaire.

« Christian B. », qui purge actuellement une peine de prison pour le viol d’une Américaine de 72 ans en 2005 dans le sud du Portugal, vivait à l’époque de la disparition de Maddie à quelques kilomètres de l’hôtel de Praia da Luz où elle a disparu, ont établi les enquêteurs allemands.

Le parquet de Brunswick a également entamé des poursuites contre lui dans une autre affaire de viol, celui d’une Irlandaise, et pour des agressions d’enfants au Portugal.

« Mes collègues travaillent plutôt sur ces autres cas afin de pouvoir clore ce chantier dans un avenir proche. Quand ce sera terminé, nous nous occuperons exclusivement de Maddie », a précisé à l’AFP Hans Christian Wolters, le porte-parole du parquet de Brunswick.