(Ankara) Des centaines de personnes ont manifesté samedi dans plusieurs villes de Turquie, dont Istanbul et Ankara, contre la menace de dissolution d’une des plus importantes associations de défense des droits des femmes du pays pour « activités contre la loi et la morale ».

« Il n’est pas possible d’arrêter notre combat. Nous n’allons pas permettre la fermeture de notre association », a déclaré à l’AFP la secrétaire générale de la plateforme We Will Stop Feminicide, Fidan Ataselim.

Un procureur d’Istanbul a ouvert mercredi un procès pour la dissolution de l’association pour « activité  contre la loi et la morale ».  

Très active pour la défense des droits des femmes, l’association avait aussi organisé plusieurs manifestations pour le maintien de la Turquie dans la Convention d’Istanbul, un traité international établissant des règles pour lutter contre les violences sexistes, dont le pays s’est retiré en 2021.  

« Ne poursuis pas les femmes, mais les assassins ! », ont lancé des centaines de manifestants réunis à Istanbul.

Des représentants des partis de l’opposition ainsi que des membres de famille des femmes victimes de féminicides ont aussi participé à la manifestation à Istanbul, a constaté une journaliste de l’AFP sur place.  

« Ces femmes sont des combattantes. Elles ne nous ont pas laissés seuls et ont suivi notre procès. J’ai voulu être là pour les soutenir », a affirmé Nihat Palandoken, le père d’une jeune fille tuée en 2017 par son ex-ami.

À l’origine du procès, des plaintes déposées par des particuliers qui reprochent aux membres de l’association de « détruire la famille au prétexte de défense des droits des femmes », pour avoir publié des rapports sur les féminicides.

Ces plaintes, envoyées à la présidence turque par le biais d’un site internet destiné à collecter les requêtes et plaintes des citoyens, reprennent, selon l’assocation, « la terminologie des détracteurs de la Convention d’Istanbul ».

Le gouvernement turc avait justifié sa décision d’abandonner le traité en lui reprochant d’encourager l’homosexualité et de menacer la structure familiale traditionnelle.

Selon l’association, 280 femmes ont été tuées en 2021, et 217 autres sont mortes dans des circonstances suspectes, notamment celles présentées comme des suicides.

La date de la première audience du procès a été fixée au 1er juin.

« C’est un procès pas seulement contre nous mais contre l’ensemble du mouvement des femmes en Turquie. Nous allons continuer notre lutte », a affirmé Rukiye Leyla Suren, avocate de l’association.