(Kyiv) Un timbre représentant un soldat ukrainien faisant un doigt d’honneur au Moskva, un vaisseau amiral russe coulé jeudi en Mer noire, s’est arraché vendredi à travers les bureaux de poste du pays, devenant un objet de collection et un symbole de « victoire ».

À la poste centrale de Kyiv, des centaines d’Ukrainiens de tous les âges ont fait la queue pendant plusieurs heures pour se procurer en premier le timbre rectangulaire qui devait être imprimé à un million d’exemplaires.

« Ce bateau était leur plus gros, il valait environ 750 millions de dollars, ils ont tout misé dessus et on le leur a détruit ! », exulte Ioury Kolessan, 22 ans, qui a attendu deux heures et demie pour acheter une planche de 30 timbres.

« C’est une nouvelle étape de la guerre, celle de la victoire », assure-t-il.

Au premier jour du conflit, dans un échange radio devenu viral, les gardes-frontières ukrainiens de la petite Île aux serpents avaient lancé « va te faire foutre » au navire russe lui demandant de se rendre.  

L’enregistrement de cet échange avait fait le tour du monde et servi de leitmotiv à la résistance ukrainienne, apparaissant même sur des pancartes au cours de manifestations de soutien à l’étranger et désormais sur des timbres.

La poste avait lancé début mars un concours pour illustrer l’épisode.

Après plus de 500 propositions, l’illustration du dessinateur de Lviv Boris Groh, montrant un soldat ukrainien de dos sur du sable jaune faire un doigt d’honneur au vaisseau russe sur fond bleu, a été sélectionnée.

« Quand nous avons conçu le timbre, nous ne connaissions pas l’issue de cet épisode, mais nous en sommes ravis », a commenté auprès de l’AFP Igor Smelyansky, directeur général de la poste ukrainienne.

L’état-major ukrainien s’en est mêlé, rectifiant l’uniforme pour « plus de réalisme ».

Le timbre était déjà en rupture de stock vendredi après-midi à Kyiv, ont constaté des journalistes de l’AFP.

« On fera mieux lundi, on voulait en imprimer plus, mais le bombardement de cette nuit à Kyiv a perturbé le fonctionnement de l’usine et nous n’avons pas pu imprimer la quantité prévue », s’est justifié le directeur général des services postaux.