(Genève) Quelque 44 000 réfugiés ukrainiens sont venus s’ajouter lundi aux plus de 4,5 millions qui ont déjà fui leur pays depuis l’invasion ordonnée par le président russe Vladimir Poutine le 24 février, selon les chiffres du HCR.

Le Haut Commissariat aux réfugiés recensait exactement 4 547 735 réfugiés ukrainiens lundi. Ce sont 44 781 de plus que lors du précédent pointage dimanche.

L’Europe n’a pas connu un tel flot de réfugiés depuis la Seconde Guerre mondiale.

Quelque 90 % de ceux qui ont fui l’Ukraine sont des femmes et des enfants, les autorités ukrainiennes n’autorisant pas le départ des hommes en âge de porter les armes.

« Nous sommes très inquiets pas seulement pour la sécurité de ces gens, mais aussi pour ce qui concerne l’évaluation de leurs besoins : argent liquide, santé, soins, nourriture, logement, et même les vêtements », a déclaré le patron de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) Antonio Vitorino sur CNN.

Quand on lui demande si les gens choisissent de rester ou s’ils sont piégés, M. Vitorino explique que les deux cas se présentent. « Nous avons des gens qui sont encore victimes de l’agression militaire russe qui les empêche de bouger et il y a ceux qui restent parce qu’ils espèrent - comme nous l’espérons tous - que cette guerre va se terminer le plus vite possible ».

Selon l’OIM, environ 210 000 non-Ukrainiens ont aussi fui le pays, rencontrant parfois des difficultés à rentrer dans leur pays d’origine.

L’ONU estime aussi à 7,1 millions le nombre de déplacés à l’intérieur du pays, selon les chiffres de l’OIM publiés le 5 avril.

Au total, ce sont donc plus de 11 millions de personnes, soit plus d’un quart de la population, qui ont dû quitter leur foyer soit en traversant la frontière pour gagner les pays limitrophes, soit en trouvant refuge ailleurs en Ukraine.

Avant ce conflit, l’Ukraine était peuplée de plus de 37 millions de personnes dans les territoires contrôlés par Kyiv - qui n’incluent donc pas la Crimée (sud) annexée en 2014 par la Russie, ni les zones de l’Est sous contrôle des séparatistes prorusses depuis la même année.

Pologne

La Pologne accueille de loin le plus grand nombre de réfugiés.

Depuis le 24 février, 2 622 117 d’entre eux sont entrés en Pologne au 10 avril, selon le HCR.  Les douaniers polonais ont comptabilisé 2 657 000 personnes.

Nombre d’entre eux se rendent ensuite dans d’autres pays européens.  

La police aux frontières polonaise estime par ailleurs que plus de 500 000 personnes sont reparties en Ukraine depuis le conflit. La Pologne comptait environ 1,5 million de travailleurs immigrés ukrainiens avant la guerre.

Roumanie

Selon l’agence de l’ONU pour les réfugiés, 692 501 personnes s’étaient rendues en Roumanie au 10 avril, qui sont arrivées pour une bonne partie via la Moldavie avant de poursuivre leur route vers d’autres pays.

Moldavie

Selon le HCR,  411 365 Ukrainiens sont entrés en Moldavie, petit pays de 2,6 millions d’habitants parmi les plus pauvres de l’Europe, mais aussi le plus proche du port ukrainien d’Odessa.

La Commission européenne encourage les réfugiés ukrainiens à poursuivre leur route pour s’installer dans un pays de l’Union européenne plus à même de supporter la charge financière.  

Hongrie

La Hongrie avait accueilli au 10 avril 424.367 Ukrainiens, selon le HCR.

Slovaquie

Au 10 avril, un total de 317 781 personnes étaient arrivées d’Ukraine depuis le début de la guerre, selon le HCR.

Russie-

Le nombre de réfugiés en Russie s’élèvait à 404 418 au 9 avril.

Le HCR note aussi que, entre le 21 et le 23 février, 113 000 personnes sont passées des territoires séparatistes prorusses de Donetsk et de Louhansk (Est de l’Ukraine) en Russie.

Biélorussie

Au 10 avril, la Biélorussie avait accueilli 20 739 personnes.

Méthode

Le HCR précise que pour les pays frontaliers de l’Ukraine qui font partie de l’espace Schengen (Hongrie, Pologne, Slovaquie), les chiffres présentés par le Haut Commissariat dénombrent ceux qui ont traversé la frontière et sont entrés dans le pays. Le HCR estime « qu’un grand nombre de personnes ont poursuivi leur chemin vers d’autres pays ».

De plus, l’organisation indique ne pas compter les gens originaires de pays limitrophes qui quittent l’Ukraine pour rentrer chez eux.