(Paris) L’armée russe poursuivait lundi ses efforts pour s’emparer de la ville martyre de Marioupol, dans l’est du pays, au 33e jour de son offensive, alors que la situation semblait demeurer relativement figée ailleurs en Ukraine.

« Au cours des 24 dernières heures, il n’y a pas eu de changement significatif du dispositif russe » qui continue à souffrir de « carences logistiques », affirme le ministère britannique de la Défense dans son analyse quotidienne.

« La situation tactique générale évolue peu malgré plusieurs contre-attaques ukrainiennes », renchérit l’état-major français, tout en soulignant que « les forces russes poursuivent leur effort à Marioupol et dans la région du Donbass », érigée depuis vendredi en priorité par Moscou.

Voici un point de la situation établi à partir d’éléments des journalistes de l’AFP sur place ainsi que des déclarations officielles ukrainiennes et russes, de sources occidentales, d’analystes et d’organisations internationales.

L’Est

Dans le Donbass (est), l’armée ukrainienne affirme lundi avoir « repoussé cinq attaques » et détruit deux chars dans les régions de Donetsk et de Louhansk, où une personne est morte et une autre blessée dans des bombardements russes, selon les autorités locales.

Plus au sud, « les forces russes continuent à faire des progrès lents, mais sûrs à Marioupol », ville assiégée depuis fin février, constate lundi le centre d’analyses américain Institute for the Study of War (ISW), en prédisant une prise de contrôle de ce centre urbain « dans un futur relativement proche ».

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dénoncé dimanche soir un blocus total de Marioupol, où quelque 100 000 personnes sont toujours coincées.

« Toutes les entrées et sorties de la ville sont bloquées […] il est impossible de faire entrer à Marioupol des vivres et des médicaments », a-t-il affirmé, indiquant que les rues étaient jonchées de « cadavres » qu’il était impossible d’enterrer.

Le Sud

L’étau russe semblait se desserrer dans certaines villes, comme à Mykolaïv, ville-verrou sur la route d’Odessa, plus grand port d’Ukraine, même si « les combats sont toujours intenses pour le contrôle des abords de la ville » selon l’état-major français.

Le front a même sensiblement reculé, avec une contre-offensive ukrainienne sur Kherson, à quelque 80 km au sud-est, seule ville d’importance dont l’armée russe a revendiqué la prise totale depuis le début de son invasion le 24 février.

Kyiv et le Nord

Les combats se poursuivent autour de Kyiv, même si la Russie a annoncé vendredi qu’elle allait désormais « concentrer ses efforts » sur l’Est de l’Ukraine.

« L’ennemi russe essaie de passer les lignes de défense ukrainiennes depuis le nord-ouest et l’est pour prendre contrôle des routes principales et des zones d’habitations », a déclaré l’état-major ukrainien dans son dernier bulletin lundi matin.

Les forces ukrainiennes affirment cependant regagner du terrain autour de la capitale et notamment à Stoyanka, situé à moins d’un kilomètre de la limite ouest de Kyiv.

Au nord-est, l’armée ukrainienne poursuit par ailleurs des contre-attaques limitées dans la zone de Soumy et autour de Kharkiv, la deuxième ville du pays, notre l’ISW.

À une centaine de kilomètres au sud-est de Kharkiv, des combats acharnés ont encore eu lieu dimanche soir près d’Izioum, selon un conseiller de la présidence ukrainienne.

Réfugiés et déplacés

Un peu plus de 40 000 réfugiés ont fui l’Ukraine ces dernières 24 heures, portant le total de personnes qui essayent d’échapper aux combats à près de 3,9 millions, selon un décompte de l’ONU publié lundi.

Au total, plus de dix millions de personnes, soit plus d’un quart de la population, ont dû quitter leur foyer soit en traversant la frontière pour trouver refuge dans les pays limitrophes soit en trouvant refuge ailleurs en Ukraine.  

L’ONU estime à presque 6,5 millions le nombre de déplacés à l’intérieur du pays.