(Paris) La Russie a affirmé lundi qu’elle pourrait lancer des assauts pour prendre le contrôle total des grandes villes d’Ukraine, au 19e jour de son invasion, marqué notamment par l’évacuation de milliers de civils de Marioupol.

L’armée russe, qui poursuit ses manœuvres d’encerclement de Kyiv, la capitale, n’exclut pas de « prendre le contrôle total des grandes villes qui sont déjà encerclées », a déclaré le Kremlin, contestant que le président Vladimir Poutine soit déçu par la lente progression de ses forces, comme l’affirment des responsables et experts occidentaux.

Les ordres du président russe étaient jusqu’à présent « de ne pas lancer un assaut rapide sur les grands centres urbains, y compris Kyiv » afin de minimiser les pertes civiles, a assuré son porte-parole, alors que selon le ministère britannique de la Défense « le pilonnage et les attaques aériennes russe indiscriminés provoquent des destructions de grande ampleur ».

Voici un point de la situation établi à partir d’éléments des journalistes de l’AFP sur place et de services d’urgence, ainsi que de déclarations officielles ukrainiennes et russes, de sources occidentales, d’analystes et d’organisations internationales.

Commentant les dernières cartes des axes de l’invasion russe, Philipps Payson O’Brien, professeur d’études stratégiques à l’Université de Saint Andrews a signalé « une catastrophe stratégique en perspective » pour Moscou.

« Une poussée sur Kyiv, une tentative de prendre Soumy […] la poursuite des bombardements de Kharkiv, le siège de Marioupol, une tentative sur Odessa, voire une autre contre Dniepro. Aucune chance qu’ils puissent faire tout cela », écrit-il sur Twitter.

Kyiv et le Nord

Deux personnes ont été tuées lundi dans des bombardements russes sur la capitale qui ont visé un immeuble résidentiel et l’usine aéronautique Antonov, a annoncé la mairie.

L’Ukraine a accusé lundi l’armée russe d’avoir à nouveau coupé l’alimentation électrique du site nucléaire de Tchernobyl, au nord de Kyiv, sous contrôle russe depuis les premiers jours de l’invasion.

L’Est

A Donetsk (Est), les séparatistes prorusses ont affirmé lundi qu’un missile ukrainien avait causé la mort d’au moins 17 personnes et fait une vingtaine de blessés dans le centre de cette grande ville industrielle.

Plus à l’ouest, dans une autre grande ville industrielle, Dnipro, où affluent les civils fuyant Kharkiv ou Zaporojie, les sirènes d’alerte ont retenti lundi matin pendant cinq heures, pour la première fois depuis le début de l’invasion.

Le Sud

Pour la première fois depuis le début du siège de Marioupol par les forces russes et séparatistes prorusses il y a près de deux semaines, quelque 160 voitures ont pu sortir lundi via un couloir humanitaire vers Zaporojie, a annoncé la municipalité de ce port stratégique sur la mer d’Azov, sans préciser combien de personnes étaient concernées.

La prise de cette ville stratégique permettrait d’établir une continuité territoriale totale entre les forces russes en provenance de la Crimée, annexée par Moscou, et les troupes séparatistes et russes du Donbass (Est).

Au moins onze personnes ont été tuées dimanche par des frappes russes sur Mykolaïv, considérée comme un verrou sur la route d’Odessa, le plus grand port ukrainien, à environ 130 km plus à l’ouest, selon les autorités.

L’Ouest et le Centre

L’Ouest du pays, longtemps épargné, est désormais touché. Des frappes aériennes russes ont touché dans la nuit de samedi à dimanche la base militaire de de Yavoriv, près de la frontière polonaise, faisant 35 morts et 134 blessés, selon les autorités ukrainiennes.

Bilan humain

« Environ 1300 » militaires ukrainiens ont été tués depuis le début de l’invasion russe le 24 février, a indiqué samedi le président ukrainien Volodymyr Zelensky.  

L’Ukraine affirme que l’armée russe, elle, a perdu « environ 12 000 hommes ».  Moscou a annoncé le 2 mars son seul et unique bilan (498 soldats tués). Le Pentagone a fourni pour sa part une estimation de 2000 à 4000 morts russes en 14 jours.

Au moins 636 civils, dont une cinquantaine d’enfants, ont été tués en Ukraine et plus de 1100 blessés, d’après le dernier décompte de l’ONU, qui souligne que ses bilans sont probablement très inférieurs à la réalité.

La municipalité de Marioupol affirme que près de 2200 habitants ont péri dans cette seule ville.

Réfugiés et déplacés

Plus de 2,8 millions de personnes ont fui l’Ukraine depuis le début de l’invasion, dont plus de la moitié ont été accueillies en Pologne, a indiqué lundi le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).