Des missiles antitanks et antiaériens de l’Allemagne, de la Suède et des Pays-Bas. Du matériel défensif militaire de la Finlande et du Canada. Aucun pays n’a envoyé de soldats en Ukraine pour l’aider à contrer l’invasion russe, mais l’aide directe à l’armée ukrainienne est bel et bien là.

Il s’agit d’une contribution cruciale. Les armes antitanks ont permis à l’armée ukrainienne de détruire des centaines de véhicules russes. Le Royaume-Uni avait envoyé en janvier 2000 missiles antitanks NLAW extrêmement légers et faciles à utiliser.

Les missiles antiaériens Stinger promis par l’Allemagne aideront l’Ukraine à empêcher la Russie d’établir la maîtrise des cieux. La possibilité pour les hélicoptères, les avions et les drones ukrainiens de continuer à représenter une menace pour les blindés russes, quatre jours après le début de l’invasion, étonne les experts. Vendredi, l’Ukraine a abattu deux avions Iliouchine Il-76 de transport de troupes, ayant chacun à bord près d’une centaine de commandos russes.

Comme la Russie bloque l’accès aux ports ukrainiens en mer Noire, cette aide militaire transite par la frontière polonaise. La Russie pourrait-elle envisager de prendre le contrôle de la frontière pour bloquer le flot d’armes ?

« Il faudrait pour cela que les Russes prennent le contrôle de toute l’Ukraine, ce dont ils n’ont pas la capacité », estime Ben Connable, politologue du groupe de réflexion RAND qui a dirigé en 2020 une étude sur l’invasion russe de 2014 en Ukraine.

Les forces russes massées dans l’ouest de la Biélorussie en ce moment sont destinées à couper l’Ukraine en deux et à isoler Kiev.

Ben Connable, politologue du groupe de réflexion RAND

Si la Russie parvenait à bloquer la frontière entre l’Ukraine et la Pologne, l’OTAN interviendrait-elle ? « Non, dit M. Connable. L’OTAN n’a ni la capacité ni l’intention de défendre une portion de l’Ukraine ni le personnel [pour le faire]. »

Une déclaration de guerre de facto ?

Fournir des armes à l’un des belligérants dans un conflit n’équivaut-il pas à une déclaration de guerre contre l’autre belligérant ? « Pas officiellement, même si ça peut être perçu ainsi, répond M. Connable. Les États-Unis ont fourni des armes aux moudjahidines afghans qui combattaient les Soviétiques dans les années 1980. Avant, les Soviétiques fournissaient les Nord-Vietnamiens ; nous avons appuyé les forces anti-Assad en Syrie ; la Russie a appuyé les talibans en Afghanistan ; l’Iran a fourni des armes aux insurgés en Irak. Ce n’est pas la première fois. »

Les armes occidentales sont d’autant plus importantes que la Russie ne peut pas utiliser toutes les siennes, selon Sebastien Roblin, analyste militaire new-yorkais qui collabore à plusieurs publications spécialisées.

Ils veulent garder leurs missiles les plus précis au cas où ils en auraient besoin contre l’OTAN. Les États-Unis viennent de publier une estimation selon laquelle la Russie a envoyé 320 missiles en Ukraine depuis le début de l’invasion.

Sebastien Roblin, analyste militaire

En 2003, avant d’envahir l’Irak, les États-Unis y avaient envoyé des milliers de missiles.

PHOTO TIRÉE DU SITE DE SAAB

Un missile antitank NLAW

Le « missile antitank léger de nouvelle génération » NLAW ne pèse que 12,5 kilos, et son missile est équipé d’un logiciel de suivi de la cible. Le tireur n’a qu’à viser et à maintenir le viseur sur la cible pendant trois secondes après avoir appuyé sur la détente. Le NLAW n’a qu’un missile et n’est pas rechargeable sur le terrain, seulement en usine.