(Kiev) Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a décrété lundi une journée de l’unité pour mercredi, cité par des médias comme date potentielle d’une attaque russe.

« On nous dit que le 16 février sera le jour de l’attaque. Nous allons en faire une journée de l’unité », a déclaré le chef de l’État dans une adresse à la nation, appelant les Ukrainiens à accrocher le drapeau national et à afficher ses couleurs bleues et jaunes ce jour-là.

M. Zelensky a aussi accusé la Russie de « mener la guerre » contre l’Ukraine « sur tous les fronts » et de « chercher à semer la panique parmi les Ukrainiens et les investisseurs ».  

« Notre État est plus fort que jamais » et « nous préparons des ripostes dignes à toutes les agressions possibles », a assuré le chef de l’État.  

Alors que la Russie ne cesse d’accuser Kiev de préparer une offensive contre les séparatistes prorusses qu’elle soutient dans l’est de l’Ukraine, M. Zelensky a également assuré que son pays « aspire à la paix et ne veut résoudre toutes les questions que par la voie diplomatique ».  

Une attaque russe « nous pend au nez »

Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a estimé lundi soir que « tous les éléments » étaient réunis pour une offensive militaire « forte » de la Russie en Ukraine.

« Y a-t-il tous les éléments pour que soit menée une offensive forte de la part des forces russes en Ukraine ? Oui c’est vrai, c’est possible là, c’est possible rapidement », a-t-il déclaré sur la chaîne France 5.

« C’est ce qui nous pend au nez », a-t-il ajouté de façon très directe, tout en soulignant ne pas avoir à cette heure d’indications d’une intervention imminente de la Russie.

« Est-ce que le président Poutine a pris ses décisions concernant une opération ou pas ? À mon avis, rien ne l’indique aujourd’hui. »

Encore une chance pour la diplomatie

« Il y a du chaud et du froid […] pour dire qu’il y a encore une solution diplomatique, oui c’est sûr », a-t-il ajouté, alors que le président Poutine s’apprête à recevoir mardi le chancelier allemand Olaf Scholz.

La Russie a jugé possible lundi un règlement diplomatique de la crise russo-occidentale autour de l’Ukraine et annoncé la fin de certaines manœuvres militaires, au moment où la crainte d’une invasion imminente atteignait son pic.

« Il y a une situation militaire insupportable avec un escalade qui s’accroît », a toutefois martelé Jean-Yves Le Drian. « L’urgence pour tous c’est d’enrayer l’escalade ».

Selon lui, « Vladimir Poutine veut empêcher l’Ukraine d’avoir sa souveraineté, son intégrité, veut à sa porte un “État croupion” ».

« Si d’aventure la souveraineté, quelque part de souveraineté ou l’intégrité de l’Ukraine étaient remises en cause par une intervention significative de la part de la Russie, alors il y aurait des conséquences massives, des sanctions massives », a-t-il réitéré, à l’unisson des alliés occidentaux.

Washington et Londres croient encore aux pourparlers

« Il reste une opportunité cruciale pour la diplomatie » dans la crise actuelle autour de l’Ukraine, estiment cependant le premier ministre britannique Boris Johnson et le président américain Joe Biden qui se sont entretenus lundi par téléphone.

« Le premier ministre et le président Biden se sont mutuellement informés de leurs récentes discussions avec leurs collègues dirigeants mondiaux. Ils ont convenu qu’il restait une opportunité cruciale pour la diplomatie et pour que la Russie renonce à ses menaces envers l’Ukraine », a indiqué un porte-parole de Boris Johnson à l’issue de cet appel.

Les dirigeants ont répété qu’une incursion en Ukraine « entraînerait une crise prolongée pour la Russie, avec des dommages considérables à la fois pour la Russie et le monde ».

Ils ont souligné la nécessité pour les occidentaux de « rester unis face aux menaces russes, notamment en imposant un ensemble important de sanctions en cas d’escalade de l’agression russe », ainsi que « la nécessité pour les pays européens de réduire leur dépendance au gaz russe, une mesure qui, plus que toute autre, toucherait au cœur des intérêts stratégiques de la Russie. »

Plus tôt dans la journée, Boris Johnson avait jugé une invasion russe de l’Ukraine possible « dans les 48 heures » et avait appelé le président russe Vladimir Poutine à s’éloigner du « précipice ».

Selon Downing Street, M. Johnson a décidé d’écourter un voyage dans le nord-ouest de l’Angleterre pour rentrer à Londres et compte présider mardi une réunion interministérielle de crise après avoir été breffé par les services de renseignement.